Algérie

Planète (France/Europe) - 26 jours sans manger: Olga, 21 ans, ira «jusqu’au bout» contre l’A69 (autoroute Toulouse - Castres )



Planète (France/Europe) - 26 jours sans manger: Olga, 21 ans, ira «jusqu’au bout» contre l’A69 (autoroute Toulouse - Castres )


À 21 ans, Olga mène une grève de la faim depuis le 7 septembre. Elle se bat pour la suspension des travaux de l’autoroute A69 et la tenue d’un moratoire. Fatiguée et affaiblie, elle reste déterminée à poursuivre sa lutte.


Toulouse (Haute-Garonne), reportage

Un peu avant 11 heures lundi 2 octobre, Olga [*] patiente dans un petit café toulousain à proximité de la gare Matabiau. Un petit sac sur l’épaule, elle s’apprête à rejoindre Paris pour rencontrer Carole Delga, présidente de la région Occitanie, et tenter de la convaincre une nouvelle fois de suspendre le chantier de l’autoroute A69.

Depuis vingt-six jours, Olga ne s’alimente plus pour protester contre le début des travaux et «la destruction du vivant» sur le tracé de la future autoroute qui doit relier Toulouse à Castres. À seulement 21 ans, elle ne pèse plus que 40 kilos. Son visage est creusé et, après quasiment trois semaines de grève de la faim, elle se dit très fatiguée physiquement et psychologiquement. «J’ai l’impression d’être un légume», confie-t-elle.

. Lire aussi: En grève de la faim contre l’A69, ils témoignent (A lire sur site)

La militante, qui a grandi en Aveyron et a mené une partie de sa scolarité dans le Tarn, se bat contre cette autoroute depuis plus d’un an. «Je me suis engagée avec Extinction Rebellion dans cette lutte, explique-t-elle en tenant une gourde habillée de stickers écologistes. On a signé des pétitions, participé à des marches, mené des actions de désobéissance civile, mais rien de tout cela n’a permis de stopper le début des travaux.»

Le 7 septembre, elle a tenté une ultime action. «Je suis montée sur une abatteuse en marche pour l’empêcher de couper un arbre. C’était une action mal calculée et j’ai été placée en garde à vue, poursuit la jeune militante, qui fait aussi un CAP boulangerie. J’ai écopé d’un contrôle judiciaire, m’interdisant de me rendre sur le tracé de l’autoroute. J’étais bloquée, je ne pouvais plus lutter sur le terrain et c’est ce qui m’a poussée à me lancer dans cette grève de la faim.»

Six jours après Thomas Brail, Olga est donc la deuxième militante à avoir entamé une grève de la faim contre l’A69. Vite rejointe par six autres de ses camarades, la militante certifie n’avoir «pas de limite».

- Une grève de la faim «jusqu’au bout»

Malgré son état physique et psychologique, Olga choisit ses mots avec précaution, en prenant le temps de réfléchir. «J’ai discuté avec José Bové hier au téléphone, raconte-t-elle, il m’a dit qu’à un certain moment, quand on est en grève de la faim, on perd un peu la tête. J’espère que je ne dis pas n’importe quoi!»

Olga est pourtant très lucide. Affectée par l’«écoanxiété» comme de nombreux jeunes de sa génération, elle maintient «ne pas avoir d’avenir, surtout avec des projets comme cette autoroute qui saccage le territoire». Elle l’affirme: «Je ne devrais pas être en train de faire une grève de la faim, je devrais suivre mes rêves, avoir une ferme, cultiver un champ, mais je n’arrive pas à me projeter avec l’avenir que l’on nous propose.»

À 21 ans, Olga entame sa quatrième semaine de grève de la faim et se dit prête à la poursuivre «jusqu’au bout» pour obtenir la suspension des travaux de l’autoroute A69.


Notes

[*] Le prénom a été modifié à sa demande.





Photo: Olga entame sa quatrième semaine de grève de la faim. Ici, lors de son 15e jour de grève. - © Alain Pitton / Reporterre

Pour accéder à l'article en annexe: https://reporterre.net/Contre-l-autoroute-A69-il-ne-me-restait-que-la-greve-de-la-faim

Par Justin Carrette



Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois d’octobre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs: nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.


Soutenir Reporterre


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)