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Planète (France) - Arrêté anti-pesticides: «L’Etat m’empêche de protéger ma population», dénonce le maire de Langouët



Planète (France) - Arrêté anti-pesticides: «L’Etat m’empêche de protéger ma population», dénonce le maire de Langouët


INTERVIEW: Le tribunal administratif de Rennes a ordonné ce mardi la suspension de l’arrêté municipal pris par le maire de Langouët

. Le tribunal administratif de Rennes a suspendu ce mardi l’arrêté anti-pesticides pris par le maire de Langouët.

. Interrogé par 20 Minutes, Daniel Cueff estime qu’il a agi pour la santé de ses concitoyens et dénonce l’inaction de l’Etat.

. Il indique par ailleurs qu’il va faire appel de cette décision «déraisonnable».

La décision du tribunal administratif de Rennes n’était attendue que pour la fin de semaine. C’est finalement ce mardi que la justice s’est prononcée sur l’arrêté pris le 18 mai par le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) pour interdire l’utilisation de pesticides à moins de 150 mètres des habitations de sa commune. Le juge des référés a donné raison à l’Etat en décidant la suspension de cet arrêté municipal. Interrogé par 20 Minutes, Daniel Cueff ne cache pas son amertume.


- Quelle est votre réaction à cette décision du tribunal?

Je suis un peu perplexe. On a d’un côté des annonces du président de la République et de la ministre de l’Ecologie qui disent que le maire de Langouët a raison, qu’il faut prendre des arrêtés pour protéger la population des pesticides de synthèse. Et dans le même temps, ce même gouvernement saisit le tribunal administratif pour supprimer un arrêté dont on nous dit que ce sera la loi demain. On me dit donc que j’ai à la fois raison et à la fois tort, c’est un peu complexe à comprendre. Mais le fait est que l’Etat m’empêche aujourd’hui de protéger ma population, c’est très grave.

- Allez-vous faire appel de cette décision?

Bien sûr. Quand on a raison, on ne peut pas ne pas faire appel. Car ce jugement est déraisonnable et ne répond en rien aux arguments que nous avons avancés.

- Vous avez dénoncé lors de l’audience le 22 août l’inaction de l’Etat. A quels niveaux?

Il y a un problème qui est très grave. Depuis 2009, la France aurait dû appliquer la réglementation européenne afin de trouver des solutions pour protéger sa population des pesticides de synthèse. Mais elle ne l’a pas fait. Cela fait donc dix ans que l’on attend que les choses se fassent. Résultat, au lieu d’avoir une diminution de 50 % des pesticides, on a eu sur cette période une augmentation de 17 à 20 % suivant les régions.

- Regrettez-vous aussi que les débats n’aient pas porté sur le fond dans cette affaire?

Effectivement. C’est le plus gros reproche que j’ai à faire à la préfète d’Ille-et-Vilaine. Elle aurait très bien pu attendre le jugement sur le fond qui est attendu dans plusieurs mois. Mais non, au contraire, elle a demandé au tribunal de suspendre tout de suite cet arrêté. Si elle l’avait laissé vivre cinq ou six mois, on aurait pu expérimenter des choses avec les agriculteurs. Car cette bande de 150 mètres qui est mentionnée dans l’arrêté est une bande de protection. Elle n’est bien sûr pas interdite à l’agriculture.

- En attendant, les agriculteurs de Langouët peuvent de nouveau utiliser des pesticides près des habitations…

Exactement. Ils peuvent même s’en donner à cœur joie et personne ne pourra les en empêcher car je n’ai plus désormais les moyens de constater les infractions. Sauf qu’un jour, peut-être, les gens emmèneront leurs bébés sans-bras ou leurs diagnostics de cancers auprès de la préfecture de région. On ne pourra alors pas reprocher au maire de Langouët de ne pas avoir essayé de protéger sa population.

- D’autres maires ont pris un arrêté similaire au vôtre. Cela doit vous réjouir?

Bien sûr. Imaginez que tous les maires de France prennent un tel arrêté. Que pourrait alors faire l’Etat? Cela l’inciterait à mettre en place et à appliquer sans traîner une législation qui protège enfin les habitants.


Photo: Daniel Cueff, maire de Langouët, a annoncé son intention de faire appel de la décision de justice. — Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Propos recueillis par Jérôme Gicquel


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