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Planète - France: Amiante: Aubry mise en examen pour homicides involontaires



Planète - France: Amiante: Aubry mise en examen pour homicides involontaires




Martine Aubry a été mise en examen mardi pour homicides et blessures involontaires dans une des enquêtes sur le drame de l'amiante, pour des faits remontant à plus de 25 ans, mais estimé que la justice faisait "fausse route" en s'attaquant à elle.

L'ancienne patronne du PS, qui est poursuivie en qualité d'ex-haut fonctionnaire du ministère du Travail, a réaffirmé à l'issue des sept heures d'auditions dans le bureau de la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, qu'elle demanderait dès mercredi l'annulation de cette mise en examen.

"Rien ne justifiait que je sois mise en examen", a déclaré aux journalistes à l'extérieur du pôle santé publique du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris la maire de Lille, qui a redit qu'elle souhaitait être entendue comme témoin dans cette affaire.

Mme Bertella-Geffroy enquête notamment sur l'action des pouvoirs publics à partir des années 1970 jusqu'à l'interdiction de l'amiante.

En 2005, un rapport sénatorial avait accablé l'Etat pour sa "gestion défaillante" de l'amiante, jugée responsable par les autorités sanitaires de 10 à 20% des cancers du poumon et qui pourrait provoquer 100.000 décès d'ici à 2025.

Le caractère cancérigène de l'amiante est connu depuis les années 50 mais le premier décret réglementant son usage en France ne date que de 1977 et son interdiction de 1997.

"Tout doit être fait pour que la justice comprenne ce qui s'est passé dans ce drame de l'amiante qui a fait des victimes au niveau mondial", a déclaré Mme Aubry.

"La justice fait fausse route en s'attaquant à ceux qui ont protégé les salariés et non à ceux qui les ont exposés", a-t-elle cependant estimé.

"Tout cela ne peut que se terminer par une annulation" de la mise en examen, a-t-elle dit.

Martine Aubry est sortie après 22H00 du pôle santé publique du TGI, où elle était arrivée vers 14H30 pour y être entendue en qualité d'ancienne directrice des relations du travail (DRT) du ministère du Travail entre 1984 et 1987.

"L'après-midi a été extrêmement longue et les explications que nous avons données ont été extrêmement détaillées", a indiqué l'avocat de Mme Aubry, Me Yves Baudelot.

Pour lui, l'idée de la juge était de mettre en examen sa cliente "quels que soient les éléments de fait qui étaient apportés."

La juge Bertella-Geffroy a d'ores et déjà entendu des dizaines de fonctionnaires, mais aussi des scientifiques et des industriels, et prononcé plusieurs mises en examen.

Elle s'intéresse en particulier à l'influence prêtée dans les années 1980 et 1990 au Comité permanent amiante (CPA), qui était selon l'association de victimes (Andeva) le lobby des industriels, lequel aurait efficacement défendu "l'usage contrôlé" de l'amiante pour retarder au maximum son interdiction.

Interrogée par les policiers en janvier 2010, Mme Aubry avait plaidé la bonne foi, expliquant que jusqu'en 1994 -année où serait selon elle intervenue la nécessité d'interdire l'amiante- elle était convaincue que les décrets de 1977 et 1987 permettaient de protéger efficacement la santé des salariés.

"Aucune alerte n'est venue de la CNAM, du ministère de la Santé, d'autres acteurs ou des chercheurs pour nous dire que ce n'était pas le cas", avait-elle dit.

Lundi soir, Michel Parigot, vice-président de l'Andeva, partie civile dans l'enquête, a abondé dans son sens en affirmant à l'AFP que le dossier d'instruction ne permettait pas actuellement de prouver une responsabilité pénale individuelle de Mme Aubry.



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