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Planète - FORESTERA: ET SI L'HOMME REMETTAIT LES MAINS DANS LA TERRE ?



Planète - FORESTERA: ET SI L'HOMME REMETTAIT LES MAINS DANS LA TERRE ?




S'il veut sauver la biodiversité, l'être humain devra d'abord reprendre contact avec son environnement.. D'où l'importance des forêts comestibles.

Défendre la biodiversité est un enjeu primordial, pour ne pas dire vital. Mais si l’on veut maintenir un équilibre naturel et durable entre toutes les espèces, animales comme végétales, l’homme doit absolument reprendre sa place et tenir son rôle dans l’écosystème. Tel est, en somme, le message essentiel délivré aujourd’hui par Forestera en cette journée mondiale de la biodiversité.


Forestera oeuvre pour la reforestation au Pérou en misant sur l’agroforesterie et l’exploitation des cacaoyers. Sa philosophie: le reboisement n’est pas une contrainte écologique, mais une magnifique opportunité sociale, économique et environnementale.

Augustin Fromageot (photo ci-dessous/voir l'article à la source) est agroécologue. Il porte le projet sur le terrain depuis maintenant un an et demi et nous explique en quoi et dans quelle mesure nous avons tous un rôle à jouer dans la préservation et le retour de la biodiversité.

- On dit que les forêts sont indispensables à la survie de la biodiversité et, donc, de l’espèce humaine. Mais connaît-on la quantité exacte de forêts nécessaire à cette survie?

Les humains ont en effet besoin de forêts pour survivre, c’est vrai. Mais ce besoin est davantage lié à notre façon de consommer qu’au nombre d’humains qu’il y a sur Terre. On pourrait être 10.000 humains sur terre, si ces 10.000 humains consommaient à outrance et brûlaient tout le pétrole, on aurait des problèmes. À l’inverse, on pourrait être 9 milliards (ce sera le cas en 2050) avec une gestion raisonnée de nos forêts actuelles, nous pourrions vivre bien mieux qu’aujourd’hui.

Il faut aussi savoir que les forêts régulent le climat mondial. Quand nous faisons par exemple des percées dans les forêts boréales ou en Amazonie, cela modifie le parcours des grandes masses d’air et ça change le climat de tous les continents ce qui, n’est pas sans conséquences pour nous, les humains.

- Si moi je plante un arbre dans mon jardin, cela aura-t-il un impact sur la biodiversité?

Oui. Déjà, si tu plantes un arbre, il y aura très vite un impact sur le sol. Pourquoi? Parce que le sol va se retrouver avec de l’ombre, il bénéficiera d’un climat beaucoup moins rude, moins exposé au soleil, à la pluie et au froid. En fait, ce changement va créer un micro-climat au pied de cet arbre.

Ensuite, en tombant au sol, les feuilles vont se décomposer, ce qui attirera les insectes et tout un cortège de champignons qui, eux-mêmes, vont commencer à tisser des liens avec des plantes. Ces plantes vont ainsi se développer plus facilement, ce qui va créer des habitats pour les oiseaux et de la nourriture pour les herbivores.

Donc oui, en plantant un arbre, tu favorises déjà le retour de la vie et de la biodiversité.

- C’est vrai pour n’importe quel type d’arbre?

Non. De manière générale, il n’est pas opportun de planter des essences exotiques. Certaines régions du Pérou sont par exemple en train de planter partout des eucalyptus d’Australie et c’est un problème parce que ces arbres sont invasifs et parce que, en plus, ils ont un impact très négatif sur les sols. Ils les assèchent, dans des zones où on ne trouve déjà pas beaucoup d’eau..

Et, puisqu’on parle de biodiversité et d’interactions entre les espèces, il ne faut pas oublier qu’un arbre, s’il est mal choisi, peut aussi avoir des conséquences directes pour l’espèce humaine. Je pense par exemple au pin Pacifique. Il a été beaucoup planté en ville pour des raisons esthétiques. Le problème, c’est qu’il abrite beaucoup de termites qui s’attaquent aux maisons…

- Alors, comment choisir?

Le mieux est de choisir des essences qui ne sont pas complètement inconnues dans la région.

- Depuis quelques temps, la ville de Paris distribue des permis de végétaliser à ses habitants. Ce genre d’initiatives est-il aussi important que le reboisement des forêts?

Indéniablement, replanter dans les villes, c’est une bonne chose. Ça favorise le retour d’espèces, notamment les insectes et les oiseaux, et favorise le retour d’une biodiversité. Planter des fleurs, par exemple, permet de mettre des ruches.

Mais, ce qui est très important, en terme de biodiversité, c’est que chacun puisse faire l’expérience de la nature, savoir ce que c’est qu’un sol, remettre les mains dans la terre, etc… Autoriser des gens à planter des plantes, c’est déjà leur rappeler que ce geste est possible. Ça les incite à refaire l’expérience de la nature, ce qui très bien et même fondamental pour une construction humaine et équilibrée.

- Forestera a fait le choix de l’agroforesterie. En quoi ce choix encourage-t-il cette construction humaine et équilibrée?

Les hommes font de l’agroforesterie et des forêts comestibles depuis très longtemps. On l’a oublié dans notre monde occidental et moderne mais, là, on le redécouvre. Cette méthode permet de réintégrer l’homme dans son environnement et, s’agissant de biodiversité, ce point est extrêmement important pour Forestera.

- C’est-à-dire ?

On se trouve avec des communautés locales qui ont oublié l’importance des arbres et des forêts dans la vie quotidienne. Notre but est de remettre l’arbre au coeur du modèle social et de faire en sorte que ces communautés se retrouvent autour de forêts gérées de façon durable et redécouvrent l’importance des arbres. Ça c’est de la biodiversité, il s’agit d’une véritable interaction.

- Dans vos exploitations de cacaoyers, sur des terres dégradées par la déforestation, avez-vous déjà noté un retour de la biodiversité?

Le premier phénomène qu’on observe, c’est le retour des papillons. J’ai aperçu un grand nombre d’espèces typiquement forestières, notamment le morpho, papillon emblématique de l’Amazonie. Pour le coup, c’est un véritable signe que quelque chose est en train de changer. Après ça, il y a des oiseaux. J’ai vu des toucans qui sont des oiseaux vraiment inféodés à des environnements forestiers. Les voir dans nos plantations, c’est donc quelque chose de vraiment positif. On voit aussi des serpents forestiers, notamment des serpents corail, des paresseux ou des colibris…

Alors, bien sûr, on n’en est pas au niveau de l’avant déforestation mais, en seulement quatre ans, on observe déjà le retour d’une biodiversité.

- Toujours en terme de biodiversité, quel est l’objectif final de vos plantations de cacaoyers en agroforesterie?

Le but n’est pas de revenir à une biodiversité telle qu’elle existait avant l’homme. Ça, c’est fini. L’objectif est d’obtenir un agrosystème, autrement dit, un écosystème naturel, durable et équilibré permettant de tirer des ressources économiques tout en garantissant l’épanouissement de la faune et de la flore.

- Et si Forestera décidait de mettre les voiles?

Depuis le début, nous travaillons avec les communautés locales pour qu’elles se réapproprient leurs terres. Nous les impliquons, les sensibilisons et les formons. La durabilité, c’est ça. Le but est que l’agroforesterie subsiste même après un éventuel départ de Forestera. C’est aussi pour cette raison que nous faisons en sorte que cette activité les fasse vivre davantage que la culture sur brûlis.

- Reboiser, c’est bien, mais l’idéal serait quand même de mettre un terme à la déforestation. Croyez-vous que cela soit possible? Des idées pour y arriver?

Je pense qu’on assiste à un vrai changement de mentalité, notamment en France. Mais il faut avant toute chose que la société, dans son ensemble, accepte l’idée que la forêt est vitale pour notre humanité. Ça passe notamment par la volonté politique et la lutte contre la corruption, notamment en Amérique du sud ou cette corruption et la spoliation des terres sont responsables d’une grande partie de la déforestation.

L’agoforesterie, ainsi que la permaculture ou les autres modèles qui sont en train d’émerger, sont l’avenir.

Forestera est aujourd’hui en recherche de nouveaux financements. Objectifs? Acheter 80 nouveaux hectares de terre soumise à l’élevage intensif ou à la déforestation, y faire pousser des cacaoyers sur le principe de l’agroforesterie, créer 50 emplois supplémentaires, instaurer une couverture sociale pour tous les ouvriers, investir dans la formation et protéger les cours d’eau environnants… Si vous êtes en quête d’un investissement durable, utile et viable, ça se passe par ici sur la plateforme Wiseed.

Photo: Un cacaoyer

Publi-rédactionnel avec Forestera



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