Planète (Europe) - Espagne: l’incendie à Tenerife qui a brûlé près de 5.000 hectares reste «incontrôlable»

Les pompiers continuent de lutter contre les flammes sur l’île des Canaries, et s’attendent à de nouvelles complications dans la journée de samedi en raison de la chaleur et du vent.

Après trois jours de propagation incontrôlable des flammes, le feu qui a dévasté près de 5.000 hectares sur l’île de Tenerife, dans l’archipel espagnol des Canaries, au large de la côte ouest de l’Afrique, demeure une menace. Les opérations de lutte contre l’incendie «ont bien progressé même si le feu reste incontrôlable», a déclaré, vendredi 18 août en soirée, le président du gouvernement régional des Canaries, Fernando Clavijo, lors d’un point presse. Ce feu de forêt, qui s’est déclenché mardi soir, a brûlé environ 5.000 hectares sur un périmètre de cinquante kilomètres, a ajouté M. Clavijo.

A la mi-journée, vendredi, les autorités avaient constaté «une évolution favorable» sur le front principal de l’incendie qui s’était «comporté durant la nuit de manière plus normale», permettant de rendre le travail des pompiers moins difficile, avait observé Montserrat Roman, cheffe du département de la protection civile de l’archipel. «Les deux nuits précédentes, nous avions observé des vents, des températures et un comportement même de l’incendie assez inhabituels», avait déclaré, de son côté, M. Clavijo.

Plus de 225 pompiers étaient mobilisés durant la nuit de vendredi à samedi pour lutter contre l’incendie, qui a déjà affecté dix municipalités, a dit Mme Roman. Samedi, dix-neuf unités aériennes seront déployées pour poursuivre les opérations qui risquent de se compliquer en raison des températures élevées et de «fortes rafales de vent», a-t-elle annoncé.

Bien que le taux d’humidité ait augmenté dans la nuit de jeudi à vendredi et que les vents se soient calmés, permettant de faciliter les opérations, les météorologues ont en effet averti que le mercure allait de nouveau flamber durant le week-end à Tenerife.

- Confinement allégé

L’amélioration de la situation vendredi a cependant permis d’alléger le confinement des environs de La Esperanza, localité située à proximité du flanc nord de l’incendie, où se concentrent les efforts des pompiers. Environ 4.500 personnes ont été évacuées depuis le déclenchement du sinistre et près de 1.700 restaient confinées vendredi, contre 4.000 quelques heures plus tôt, selon un bilan actualisé à la mi-journée par Mme Roman.

Des lits de camp ont été installés par la Croix-Rouge dans un gymnase de la commune de La Orotava pour accueillir les déplacés, a constaté une photographe de l’Agence France-Presse. A l’extérieur, des animaux ont aussi été recueillis par des associations. Le Parc national du Teide, très prisé des touristes, est fermé depuis jeudi soir.

Le nuage de fumée, visible sur les images satellites, a dépassé le sommet du Teide, volcan qui surplombe l’île et culmine à 3.715 mètres d’altitude, alors que les principaux foyers de l’incendie se situent sur des collines boisées à une vingtaine de kilomètres en contrebas, à proximité de plusieurs villages.

- Incendie «le plus compliqué» depuis quarante ans

L’île a vécu des incendies plus importants en termes de surface brûlée, notamment en 2007, mais les conditions météorologiques et la topographie de celui-ci ont fait dire jeudi à Fernando Clavijo que l’archipel faisait face à son incendie «le plus compliqué» depuis quarante ans. Il a créé «ses propres conditions météorologiques», selon les autorités et survient entre deux vagues de chaleur sur l’île, qui compte de nombreuses zones asséchées, ce qui augmente les risques de feu de forêt.

Selon les scientifiques, les phénomènes météorologiques extrêmes se sont intensifiés en raison du réchauffement de la planète. Les canicules risquent ainsi d’être plus fréquentes et plus fortes, et leur impact plus étendu.

En 2022, 300.000 hectares avaient été détruits par plus de 500 incendies en Espagne, un record sur le Vieux Continent, selon le système européen d’information sur les feux de forêt. Plus de 75.000 hectares ont déjà brûlé en 2023 dans ce pays, particulièrement concerné par réchauffement climatique.






Photo: Un hélicoptère largue de l’eau sur les flammes, à Tenerife, dans les îles Canaries, en Espagne, le 18 août 2023. ARTURO RODRIGUEZ / AP

Le Monde avec AFP