Le 18 octobre dernier, des scientifiques ont organisé une cérémonie pour marquer la disparition du glacier Clark situé dans la chaîne des Cascades dans l'Oregon. Une étude de terrain menée au mois d'août a montré que le glacier n'en était plus un.
Les cérémonies d'adieu aux glaciers se multiplient à travers le monde. En août 2019, l'Islande inaugurait une plaque à la mémoire de l'Okjökull, premier glacier de l'île disparu sous l'effet du réchauffement climatique. Un mois plus tard, la Suisse faisait de même en marquant la disparition du glacier du Pizol.
Un peu plus d'un an après, c'est au tour de l'Oregon aux Etats-Unis de dire adieu à l'une de ces masses de glace. Le 18 octobre dernier, des scientifiques se sont réunis au Capitole de l'Oregon pour tenir une cérémonie en mémoire du glacier Clark situé dans la chaîne des Cascades au centre de l'Etat.
Des fragments collectés sur le glacier ont été enveloppés dans un linceul noir puis déposés dans un coffre sur le parvis du capitole. Le même jour, un groupe de grimpeurs privé de randonnée par les conditions météorologiques, respectait un moment de silence sur l'un des chemins menant aux quelques parcelles restant du glacier Clark.
"Nous devions réaliser une cérémonie de deuil public parce qu'une partie de notre Terre a disparu. C'est notre faute et elle ne reviendra pas à moins que nous ne changions fondamentalement nos idées sur la nature et la façon dont nous vivons avec elle", a expliqué à Earther Anders Carlson, scientifique qui présidait l'événement.
- Un suivi insuffisant
L'Oregon compte une quarantaine de glaciers répertoriés et comme d'autres à travers le monde, ils ne se portent pas au mieux. Anders Carlson est bien placé pour le savoir. En mai dernier, ce chercheur a créé l'Oregon Glaciers Institute pour surveiller la santé des glaciers de l'Etat. Une étude qui n'avait pas été réalisée depuis 70 ans selon lui.
"Nous n'avons aucune observation concrète sur ces glaciers ou leur santé. Certains sont probablement déjà morts mais nous ne le savons pas", expliquait Anders Carlson en octobre 2019 dans un article publié par Oregon Live. Avec ses collègues, il a ainsi passé l'été à grimper dans les hauteurs et évaluer la situation des masses de glace.
Ses prédictions se sont malheureusement avérées vraies. Lorsqu'ils ont rendu visite au glacier Clark au mois d'août ils n'ont pu que se rendre à l'évidence : il n'en était plus un. Les glaciers ne sont pas que de simples masses de glace accumulées en altitude. Loin d'être figées, ces formations sont définies par le mouvement qui les animent.
"Pour que ce soit défini comme un glacier, la glace doit se déformer et s'écouler sous son propre poids", a expliqué à OPB, Aaron Hartz, co-fondateur de l'Oregon Glaciers Institute (OGI). "Lorsque cela cesse, cela ne ressemble plus qu'à une masse de glace morte". Un glacier peut ainsi conserver un peu de neige, de glace mais ne plus en être un pour autant.
D'après Anders Carlson, observer un glacier mort c'est comme observer un cerf mort. "Un cerf vivant bouge. Il respire, il mange, il crotte", a-t-il précisé. "Un cerf mort est une carcasse se décomposant sur le sol". En clair, l'animal peut conserver de la fourrure, des os, peut-être même ses bois, il est pourtant bien décédé.
- Des glaciers qui continuent de perdre du terrain
Si l'on en croit le site de l'OGI, cette triste découverte n'est pas la seule réalisée. En août, ils ont rendu visite au glacier Thayer qui s'est lui aussi révélé disparu. "Il figurait pourtant sur les cartes officielles des Etats-Unis depuis avant la Seconde Guerre mondiale et avait été listé en 2016 par le Service des forêts américain", indique une publication.
La disparition des glaciers à travers le monde est étroitement liée au changement climatique. Selon un rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), ces formations ont perdu près de 280 milliards de tonnes de glace chaque année dans la décennie qui a précédé 2015. Et les projections sont tout aussi préoccupantes.
Une étude publiée par l'Union internationale pour la santé (UICN) a conclu que près de la moitié des sites du patrimoine mondial pourraient perdre leurs glaciers d'ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme actuel. Une disparition d'autant plus critique que ces masses constituent des sources d'eau douce essentielles.
"Le glacier Clark soutenait notre mode de vie ici en Oregon", a déploré Anders Carlson pour Earther. "Il alimentait les rivières qui irriguaient les cultures, abreuvaient le bétail et rafraîchissaient les forêts pour réduire les feux. Nous avons profité de ce glacier et maintenant il a disparu", a-t-il conclu.
Photo: Vue sur le mont Hood, un stratovolcan de l'Oregon qui compte plusieurs glaciers dont le glacier Elliot. © Egmont Strigl/Getty Images
Par Emeline Férard
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Posté Le : 23/10/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Emeline Férard - Publié le 22/10/2020
Source : https://www.geo.fr/