Le Texas est ravagé par des feux de broussaille qui ont tué deux personnes et brûlé 400.000 hectares depuis une semaine. Un brasier permis par le dérèglement climatique et l’augmentation des températures.
Texas (États-Unis d’Amérique), correspondance
C’est l’incendie le plus important jamais enregistré au Texas. Depuis le lundi 26 février, des feux ravagent la région de Panhandle dans le nord de l’État, faisant pour l’instant deux morts. Des dizaines d’incendies ont démarré, mais le plus important est le «Smokehouse Creek fire» qui s’étale sur plus de 400.000 hectares, ce qui en fait un des plus importants de l’histoire des États-Unis.
L’incendie n’est toujours pas circonscrit et seulement 15 % en était maîtrisé ce lundi 4 mars. La région comprend surtout des élevages bovins, mais des zones d’habitation ont dû être été évacuées. Une usine d’armes nucléaires a fermé temporairement la semaine dernière. Entre 400 et 500 infrastructures ont été détruites, selon le gouverneur de l’État, Greg Abbott.
. Démarré il y a une semaine, le Smokehouse Creek Fire n’est toujours pas maîtrisé. Domaine public / Texas A&M forest service (Voir photo sur site ci-dessous)
La cause de l’incendie n’a pas été déterminée jusqu’ici, mais plusieurs facteurs lui ont permis de prendre une telle ampleur. Un cocktail de températures élevées pour la saison, des vents forts et des végétaux asséchées pour l’alimenter. Au moment où s’est déclenché l’incendie, «les températures étaient d’environ 80 degrés Fahrenheit [26,6 °C], comparés à une moyenne de 60 à 61 [16 °C] pour la saison. Et combiné à un air très sec, on a eu des pourcentages d’humidité de 15 à 20 % alors que la moyenne pour cette période de l’année est entre 25 et 35 %», explique Peter Vanden Bosch, météorologiste au National Weather Service à Amarillo, au Texas.
«Le changement climatique a le rôle le plus important pour assécher la végétation»
Les incendies ne sont pas inhabituels dans cette région. Mais le dérèglement climatique accentue leur intensité. «Les températures augmentent d’environ trois dixièmes de degrés Celsius chaque décennie au Texas depuis cinquante ans, détaille John Nielsen-Gammon, climatologue à l’université Texas State. Des températures plus élevées signifient des taux d’évaporation plus importants. Les champs s’assèchent plus vite. C’est une condition nécessaire pour les incendies.»
Les herbes et champs secs permettent au feu de se répandre et de devenir incontrôlable. En augmentant en moyenne les températures, «le changement climatique a le rôle le plus important pour assécher la végétation», explique John Abatzoglou, professeur de climatologie à l’université California à Merced. La région concernée au Texas dispose désormais d’en moyenne trente-et-un jours de plus, par rapport aux années 70, où sont réunies les conditions pour de tels incendies, selon Kaitlyn Trudeau, chercheuse senior associée en sciences climatiques au Climate Central, un organisme regroupant différents scientifiques et communicants sur le climat.
- Des nuits sans répit pour les pompiers
Le Climate Central a développé un outil, le Climate Shift Index, pour estimer les conséquences du changement climatique sur les températures quotidiennes. Selon ses modèles, le jour de l’incendie, il y avait trois fois plus de chance d’avoir des températures élevées, par rapport à une situation sans dérèglement climatique.
Les opérations pour éteindre l’incendie sont également concernées. «Il y a plusieurs dizaines d’années, avec l’arrivée de la nuit, les températures baissaient et l’humidité augmentait. Ça donnait du répit aux pompiers et aux secouristes. Mais le changement climatique a pour conséquence une augmentation des températures la nuit. Donc les pompiers se battent vingt-quatre heures sur vingt-quatre», continue Kaitlyn Trudeau.
À cela, s’ajoute l’impossibilité de faire du «brûlage dirigé». Ces opérations de préventions permettent de défricher la végétation de manière contrôlée pour prévenir d’autres incendies non souhaités. «Il faut pour cela l’inverse de la météo qu’on a actuellement», regrette Kaitlyn Trudeau.
Photo: Au Texas, ces vaches essaient de paître sur la petite portion d'herbe qui n'a pas été brûlée par les incendies. - © SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Par Edward Maille
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Posté Le : 06/03/2024
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Edward Maille - 5 mars 2024
Source : https://reporterre.net/