Algérie - Maladies et parasites agricoles

Planète (Etats-Unis/Amérique du Nord) - Dans ces vignobles californiens, des chercheurs testent des chouettes pour éliminer les rongeurs



Planète (Etats-Unis/Amérique du Nord) - Dans ces vignobles californiens, des chercheurs testent des chouettes pour éliminer les rongeurs


Dans des vignobles californiens, des scientifiques ont installé des centaines de nichoirs pour attirer des chouettes effraies. Objectif: évaluer l'efficacité des rapaces à contrôler les populations de rongeurs et remplacer ainsi les méthodes classiques telles que les rongicides.

Des chouettes plutôt que des pesticides pour protéger les vignobles. Dans la région de Napa Valley en Californie, des scientifiques mènent depuis quelques années une expérience inédite. Ils ont dispersé des centaines de nichoirs à travers les parcelles de vigne dans le but d'attirer des chouettes effraies (Tyto alba), une espèce répandue aux Etats-Unis.

L'objectif n'est pas seulement de faire venir ces visiteurs ailés au sein des vignobles, il est surtout de tester leur capacité à lutter contre un mal qui peut avoir des conséquences désastreuses sur les cultures: la prolifération des rongeurs. Ces derniers peuvent en effet s'attaquer aux plants ou à leurs racines, entravant leur croissance.

L'idée n'est pas nouvelle. Cela fait de nombreuses années que des viticulteurs californiens tentent de se tourner vers les rapaces pour contrôler les invasions de petits mammifères. Mais "cette idée n'avait encore jamais été rigoureusement examinée", explique dans un rapport paru en 2018 l'équipe dirigée par Matt Johnson, professeur de la Humboldt State University en Californie.

"J'ai appris qu'il y avait des centaines, peut-être des milliers, [de nichoirs] dans les vignobles en Californie mais peu de recherches ont été menées pour voir si cela fonctionnait - si les chouettes les utilisaient, comment et pourquoi", a-t-il précisé dans un communiqué. C'est pour répondre à toutes ces questions que le projet "Barn Owl Research" a vu le jour en 2015.

- Jusqu'à 3.400 proies par an

La cohorte la plus récente du projet inclut 280 nichoirs installés à travers 65 vignobles détenus ou gérés par quinze groupes différents. Le travail des scientifiques et volontaires consiste, à la fin de chaque mois, à jeter un œil dans chaque nichoir grâce à des caméras et noter s'il est habité. Quand il y en a, les chouettes adultes sont pesées, mesurées, photographiées et baguées.

Les résultats obtenus jusqu'ici ont confirmé que les rapaces sont des prédateurs voraces. Durant les quatre mois où elles nichent, les chouettes semblent passer un tiers de leur temps à chasser dans les vignes. Une seule famille peut ainsi engloutir jusqu'à 1.000 rongeurs, un petit consommant en moyenne 200 proies durant les dix semaines précédant son départ du nid.

Une autre étude a elle estimé que la moyenne pouvait monter jusqu'à 3.400 proies chaque année. A un tel rythme, un viticulteur ayant installé 20 nichoirs pourrait s'attendre à ce que les oiseaux le débarrassent d'environ 70.000 rongeurs dans son vignoble et les environs. Les prédateurs montrent toutefois une certaine préférence.

Les données préliminaires de l'équipe du Pr. Johnson ont suggéré que la présence des chouettes semblait bien réduire la population de rongeurs appelés gaufres de Botta (Thomomys bottae) mais pas celle de souris. Quant aux résultats s'intéressant à leur impact sur les campagnols Microtus californicus, ils se sont pour le moment révélés peu concluants.

Outre documenter l'appétit des rapaces, le projet a permis de constater que les nicheurs montraient une certaine préférence pour les boîtes installées près d'étendues naturelles telles que des prairies ou des savanes à chênes. Ce qui ne les empêchaient pas pour autant de chasser préférentiellement dans les terres cultivées.

- Un impact sur l'utilisation de rongicides?

Les chouettes pourraient-elles aider à réduire le recours aux rongicides? Les observations ont montré que de nombreux cultivateurs ont renoncé à ces produits. Une enquête datée de 2019 a révélé que 80% des viticulteurs californiens utilisaient des nichoirs, 50% avaient recours à des pièges à rongeurs et 21% à des rongicides.

Ceux ayant installé des nichoirs ont indiqué une utilisation moindre des pesticides comparé à ceux qui n'en avaient pas. Néanmoins, difficile de déterminer avec certitude que les chouettes ont causé une réduction du recours à ces substances. "Ça n'est pas prouvé. Mais ce résultat est encourageant", a confié Matt Johnson au magazine Bay Nature.

A travers le projet, l'équipe planche aussi sur l'impact pour les chouettes elles-mêmes d'une telle initiative. "Je m'intéresse aux deux faces de la médaille. Comment les fermes peuvent-elles être bénéfiques pour la faune sauvage? Et à l'inverse, comme certains de ces oiseaux ou cette faune sauvage peuvent-ils être bénéfiques aux fermiers", a-t-il décrypté pour All About Birds.

Malgré ces résultats encourageants, il est peu probable que ces nichoirs pour chouettes deviennent la solution miracle pour éliminer les rongeurs des vignobles de la Napa Valley, concède l'équipe du projet. Mais ils pourraient contribuer aux efforts pour réduire les traitements chimiques au sein de la viticulture.

D'ailleurs, il n'y a pas qu'en Californie que des cultivateurs ont décidé de se tourner vers les rapaces. En Malaisie, au Kenya ou encore en Israël, des nichoirs à chouettes sont également apparus dans diverses plantations pour tenter de lutter contre les petits mammifères qui les ravagent.



Photo: Une chouette effraie ou Tyto alba. © Zahoor Salmi/Getty Images

Voir l'article avec plus de données (vidéo, illustrations): https://www.geo.fr/environnement/dans-ces-vignobles-californiens-des-chercheurs-testent-des-chouettes-pour-eliminer-les-rongeurs-206917

Emeline Férard


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