Le pôle Nord est convoité par les Etats et industriels pour ses ressources minérales. C'est également un territoire menacé par l'exploitation de ces mêmes ressources.
Avec sa passerelle de navigation peinte en blanc, bleu et rouge et les inscriptions en cyrillique sur sa coque, la nationalité du Sibir laisse peu de place au mystère. Le 13 janvier dernier, cet énorme brise-glace nucléaire russe - le navire civil le plus puissant au monde, selon les experts - quittait le chantier naval de Saint-Pétersbourg où il était en construction depuis cinq ans pour mettre cap au nord. Après une dizaine de jours à longer les côtes scandinaves, il vient de rejoindre son port d'attache à Mourmansk, d'où il s'élancera dans les eaux glaciales de l'Arctique. Dans la presse locale et internationale, le lancement du Sibir n'a pas fait autant de bruit que celui de son frère jumeau - l'Arktika - en 2020. Pour le Kremlin, le moment n'en est pas moins crucial. Ces deux brise-glace sont les premiers d'une série de sept. Ils doivent asseoir un peu plus les ambitions commerciales russes sur la route maritime du Nord, en dégageant le passage de 6.000 kilomètres le long des côtes sibériennes. Et permettre ainsi aux cargos de transporter des marchandises hiver comme été vers l'Asie.
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Vladimir Poutine ne s'en est jamais caché : avec cet axe connectant Rotterdam à Shanghai par le détroit de Béring, le président russe veut rebattre les cartes du commerce maritime mondial. Et détourner autant que possible le trafic transitant par le canal de Panama et celui de Suez. La maître du Kremlin ne compte pas à la dépense pour réaliser cet objectif. Depuis vingt ans maintenant, et malgré un contexte budgétaire contraint, Moscou multiplie les investissements pour revitaliser bon nombre d'ex-ports soviétiques de sa côte sibérienne. L'extraction minière et d'hydrocarbures russes bat son plein au-dessus du cercle arctique. "Pour la Russie, exploiter l'Arctique n'est pas un choix, c'est une obligation. Le système Poutine repose sur la rente pétro-gazière, celle des métaux et du bois. Or l'Arctique russe représente 80% du gaz produit dans le pays, 20% du pétrole, 60% du cuivre, 90% du nickel et 100% des terres rares. Sans elle, l'équation ne tient plus", explique Mikaa Mered, secrétaire général de la chaire Outre-Mer de Sciences Po.
- Des terres convoitées
Sauf que la Russie n'est pas seule à convoiter ces terres glacées. Norvège, Suède, Islande, Danemark, Finlande, Etats-Unis, Canada, ces pays dont une partie du territoire se situe au-dessus du 66e parallèle nord exploitent quasiment tous les richesses du sous-sol de l'Arctique. Pétrole, charbon et gaz évidemment - pas moins de 600 champs pétroliers et gaziers dont 220 en production sont dénombrés dans la
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Photo: Mise à l'eau du brise-glace nucléaire Sibir à Saint-Pétersbourg en Russie, le 22 septembre 2017 afp.com/Olga MALTSEVA
Par Lucas Mediavilla
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Posté Le : 31/01/2022
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Lucas Mediavilla - Publié le 24/01/2022
Source : https://www.lexpress.fr/