Plus de 400 personnes sont mortes au Bangladesh dans l'effondrement la semaine dernière d'un immeuble de l'industrie textile, un secteur dénoncé par le pape pour le "travail d'esclave" imposé aux ouvriers.
Avec un bilan porté mercredi à 411 morts et 140 personnes portées disparues, la catastrophe pourrait avoir fait plus de 550 victimes, selon les autorités.
Le pire accident de l'histoire industrielle dans ce pays défavorisé d'Asie du sud, qui a jeté une lumière crue sur les "ateliers de misère" utilisés par les marques occidentales d'habillement, a fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de manifestants en ce jour de fête du Travail.
Plusieurs milliers de travailleurs brandissant des banderoles et des drapeaux rouges scandaient "Pendez les tueurs, pendez les propriétaires d'ateliers" lors de défilés organisés dans la capitale, Dacca, et qui se sont déroulés sans incidents. Des manifestations après le drame de mercredi dernier avaient été marquées par des violences.
Au Vatican, le pape François a condamné le "travail d'esclave" des victimes de l'accident, ajoutant sa voix à celle d'organisations de défense des ouvriers qui dénoncent depuis des années leurs conditions de travail. En novembre, un incendie dans une usine textile avait déjà fait 111 morts près de Dacca.
"Le titre qui m'a vraiment frappé le jour de la tragédie du Bangladesh était +Vivre avec 38 euros par mois+. C'est ce qu'étaient payés tous ces gens qui sont morts. C'est ce qu'on appelle du travail d'esclave", a déclaré le pape, cité par Radio Vatican.
En fait, les salaires sont encore plus bas au Bangladesh: le minimum salarial mensuel habituellement versé aux ouvriers n'excède pas 38 dollars, soit 29 euros, pour six jours de travail par semaine et dix heures par jour.
"Le bilan est désormais de 411 morts", a déclaré à l'AFP un lieutenant de l'armée, Mir Rabbi, précisant que 2.437 personnes avaient été secourues.
Selon l'armée, 140 personnes étaient toujours portées disparues.
Quelques minutes avant que soient portés en terre 33 corps non identifiés dans une tombe sans inscription lors d'une cérémonie mercredi à laquelle assistaient 2.000 personnes, une femme a reconnu sa soeur en soulevant le linceul d'un cadavre. La victime sera enterrée dans le caveau familial.
Selon Kamrul Anam, l'un des dirigeants de la Ligue bangladaise du textile et de l'habillement, les ouvriers ne décolèrent pas après le "meurtre" de leurs collègues, tués dans l'effondrement du Rana Plaza, un immeuble de huit étages à Savar, dans la périphérie de Dacca.
"Nous voulons la punition la plus sévère possible pour les responsables de cette tragédie", a-t-il dit à l'AFP.
La police à Dacca chiffrait à environ 20.000 le nombre de manifestants participant au principal défilé. D'autres rassemblements étaient organisés dans les grandes villes.
Le gouvernement du Bangladesh devait répondre aux critiques sur plusieurs fronts, mis en demeure d'améliorer la sécurité des travailleurs du textile et soupçonné par les familles des victimes d'avoir refusé l'aide de secouristes étrangers.
Il a annoncé un plan d'inspection des usines mais récusé les accusations de négligence dans les opérations de sauvetage et de récupération des corps ensevelis sous des tonnes de béton et d'acier.
Sept personnes ont été arrêtées et poursuivies pour homicides involontaires. Parmi elles, le propriétaire du Rana Plaza et des ingénieurs qui avaient donné le feu vert aux ouvriers pour revenir travailler en dépit de fissures constatées, ont comparu devant la justice avec des gilets pare-balles.
L'immeuble abritait cinq ateliers de confection notamment liés aux marques espagnole Mango et britannique Primark.
Primark s'est engagé à "verser des indemnités aux victimes de cette catastrophe qui travaillaient pour son fournisseur" et notamment aux enfants ayant perdu leurs parents.
Le groupe canadien de distribution alimentaire Loblaw a également annoncé son intention d'apporter une aide "significative" aux familles de victimes employées par son fournisseur et de "favoriser la mise en place de changements afin d'éviter qu'un tel incident ne puisse se reproduire".
La plupart des 4.500 usines du textile étaient fermées depuis une semaine, un coup d'arrêt brutal pour l'économie du pays, alimentée en grande partie par les 20 milliards de dollars annuels générés par cette industrie.
Le Premier ministre, en s'adressant au parlement mardi soir, a exhorté les ouvriers à reprendre le travail et critiqué les attaques dont ont été la cible plusieurs usines.
"Je voudrais dire aux ouvriers de garder la tête froide, de maintenir les usines opérationnelles, sinon vous allez perdre votre travail", a lancé Mme Sheikh Hasina.
L'UE, destinataire de 60% de la confection bangladaise, a exhorté mardi Dacca à "agir immédiatement" pour faire respecter les normes internationales de sécurité et de santé dans les usines du pays.
Le directeur général adjoint de l'Organisation internationale du travail (OIT), Gilbert Houngo, était attendu à Dacca mercredi pour parler avec les autorités de l'amélioration des conditions de sécurité.
AFP
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/05/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo et texte: AFP
Source : El Watan.com du mercredi 1er mai 2013