Des chercheurs ont mené une étude sur les plaques de déchets plastiques du Pacifique Nord, également appelé continent de plastique. Leurs résultats montrent que les conséquences de cette pollution pourraient être encore plus sérieuses qu'on ne pense.
Le septième continent, ça vous dit quelque chose ? Translucide, sous la surface de l'eau, ce vortex géant de déchets se déplace dans le Pacifique nord mais aussi dans l'Atlantique nord. En 2009, des chercheurs ont parcouru plus de 2.700 km de cette étendue d'ordures, prélevant plus de 100 fois les eaux de l'océan. Et, à chaque fois, les concentrations de minuscules particules de plastique dans l'eau crevaient le plafond.
"Cela ne ressemble pas à une décharge d'ordures. On dirait un magnifique océan. Mais quand vous plongez un filet dans l'eau, vous pouvez apercevoir tous ces petits morceaux de plastique", explique Miriam Goldstein, scientifique en chef sur le bateau de l'Institution d'Océanographie Scripps.
De la toxine au poisson
Depuis, l'attention du public envers ce "septième continent" s'est démultipliée. Notamment sur l'effet de ces débris sur la biodiversité marine. Selon le Smithsonian Mag, la plupart des albatros morts retrouvés sur les îles Midway, avaient l'estomac rempli de plastique, cause probable de leur décès. Mais le problème va en réalité bien au-delà des animaux étouffés par des bouts de plastique.
"Nous avons regardé dans l'eau et essayé de compter combien de morceaux visibles de plastique étaient présents. En réalité, il y en avait tellement, qu'il était impossible de les compter", précise Chelsea Rochman, doctorante à l'Université de San Diego et membre de l'expédition.
Selon elle, les bouts de plastique, et leurs toxines, sont assez petits pour être ingérés par des micro-organismes.
"Le problème est complètement différent de la façon dont il est présenté, et potentiellement plus dangereux", s'alarme-t-elle.
En effet, jusqu'ici, peu d'attention a été porté sur les conséquences chimiques, plus vicieuses, du plastique, sur la nourriture. Après l'expédition, Chelsea Rochman a mené une étude sur la façon dont le plastique peut absorber des toxines dangereuses présentes dans l'océan, comme les PCB (polychlorobiphényl). Aussi, même le polyéthylène, le plastique le plus utilisé, qui ne contient aucune substance toxique à l'origine, peut devenir chimiquement dangereux.
Un impact physique sur les poissons
Que deviennent ces particules de plastique une fois qu'elles sont ingérées par de petits poissons? Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Scientific Reports, l'équipe de Chelsea Rochman a démontré que les toxines incriminées provoquent un affaiblissement du foie. Or, au fur et au mesure qu'on remonte la chaîne alimentaire, du poisson à son prédateur, les niveaux de polluants sont de plus en plus concentrés.
Pendant trois mois, les chercheurs ont immergé de petites pastilles de polyéthylène dans la Baie de San Diego. En les récupérant, ils se sont aperçus qu'elles avaient absorbé les polluants relâchés par les activités industrielles et militaires proches. Ils ont ensuite disposé ces morceaux de plastiques dans des aquariums de petits médakas. Pour comparer, ils ont également exposé cette espèce à du plastique non pollué ou à aucun plastique.
En deux mois, les poissons ont ainsi ingéré beaucoup de plastique et l'impact sur leur santé s'en est ressenti.
"Les concentrations de produits chimiques toxiques étaient bien plus élevées chez les médakas de l'aquarium pollué. Le plastique est donc un vecteur qui permet aux produits chimiques de passer de la mer au poisson et à notre nourriture", indique Chelsea Rochman.
Quelles conséquences ?
Bien évidemment, ces produits polluants affectent en premier lieu, la santé des poissons. Lorsque les scientifiques ont examiné les foies de ces petites créatures, responsable du filtrage des toxines, ils ont découvert la présence de nombreuses indications de stress physiologique. Chez 74% d'entre eux, le glycogène, un glucide indispensable, avait fortement baissé. 11% présentaient une mort étendue des cellules individuelles du foie. Un des spécimens avait même développé une tumeur dans le foie.
Mais si les poissons sont affectés, c'est aussi toute la chaîne alimentaire qui est concernée, y compris les humains.
"Ces petits poissons mangent le plastique et sont exposés directement à ces produits chimiques. Si cinq d'entre eux sont ensuite mangés par un plus gros poisson, ce dernier est exposé à 5 fois la dose de polluants. Et si le prochain poisson mange cinq de ces prédateurs intermédiaires, c'est 25 fois la dose qu'il ingère", s'inquiète la scientifique.
Ce phénomène appelé "biomagnification", est bien connu des chercheurs. Ce processus permet au taux de certaines substances d'augmenter tout au long du réseau de la chaîne alimentaire. C'est pourquoi, l'Agence de Protection de l'Environnement Américaine recommande de limiter la consommation de grands poissons prédateurs comme le thon.
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Posté Le : 25/11/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo et texte: Publié par Morgane Henry, le 22 novembre 2013
Source : maxisciences.com