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Planète - Comme pour le climat, l’ONU va-t-elle se doter d’un groupe d'experts pour la pollution chimique ?



Planète - Comme pour le climat, l’ONU va-t-elle se doter d’un groupe d'experts pour la pollution chimique ?


Plus de 1.900 scientifiques et onze pays réclament un panel d’experts indépendants sur la pollution chimique, comme il existe le GIEC pour le climat. Objectif? Documenter et limiter les émissions de polluants, de plastiques et de pesticides. La création de cet IPCP (pour International panel on Chemical Pollution) est un des enjeux de la prochaine assemblée des Nations unies pour l’environnement, fin février 2022.

La pollution chimique a dépassé les limites pour une planète vivable. Les 350.000 types de produits de synthèse fabriqués dans le monde – dont les plastiques ou les pesticides – menacent l’équilibre de tous les écosystèmes, a conclu une vaste étude internationale, coordonnée par le Stockholm Resilience Center, publiée le 19 janvier 2022.

Est-il possible de limiter cette pollution chimique? «Oui. Les niveaux de certains polluants peuvent baisser rapidement, si nous mettons fin aux émissions»​, nous assure la chimiste Miriam Diamond, co-autrice de l’étude, basée à l’Université de Toronto (Canada).

. Lire aussi: La pollution chimique a dépassé les limites pour une planète vivable (A lire sur site)

Avec ses collègues, la spécialiste des contaminants dans l’environnement réclame l’adoption d’une stratégie de lutte internationale, calquée sur celle du changement climatique. «Pour réduire la production et les émissions des produits chimiques, nous avons besoin d’instaurer des «plafonds fixes»​, comme il en existe dans l’Accord de Paris pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique», détaille la chercheuse.

Quels produits faut-il limiter? Dans quelles proportions et à quelle échéance? Les connaissances manquent, autant que les traités internationaux. C’est pourquoi la Suisse, rejointe par dix pays, plaide pour la création d’un panel indépendant d’experts scientifiques et techniques, comme il existe le GIEC pour documenter le climat, ou l’IPBES pour la biodiversité.

Cet outil à la prise de décisions pourrait voir le jour dès la fin février. «C’est la résolution que nous portons à l’assemblée des Nations unies pour l’environnement, du 28 février au 2 mars»​, confirme Michel Tschirren, le référent suisse. Des scientifiques, qui militent pour un tel organisme, lui ont déjà trouvé un nom, en anglais : l’IPCP, pour International Panel on Chemical Pollution.

. Les plastiques, issus de la pétrochimie, font partie des produits chimiques les plus persistants dans l’environnement, ici, une plage polluée dans la région d’Ishem, sur la côte adriatique de l’Albanie, en 2010. (Photo : archives / Reuters) (Voir photo sur site)

Selon lui, un tel panel indépendant sur la pollution chimique permettrait d’abord de compléter les connaissances. «Les informations dont nous disposons sur les milliers de produits chimiques ne sont pas suffisantes ou pas suffisamment accessibles»​. Très souvent, des institutions publiques, comme l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) chargée de la réglementation au sein de l’Union européenne (UE), disposent de moins de moyens que les industriels pour étudier les nouvelles substances mises sur le marché.

«Il existe de nombreux comités scientifiques indépendants, sur la santé, l’agriculture, l’environnement, mais il y a un manque de communication entre ces travaux. Nous manquons d’une analyse globale»​, assure Michel Tschirren. Ce manque de moyens s’avère encore plus criant pour les pays en voie de développement. C’est pourquoi de nombreux États africains dont le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et le Burkina Faso ont rejoint l’initiative suisse.

. Les pesticides entraînent la mort collatérale de milliers d’organismes vivants dans les sols. Ici, un agriculteur chinois de Zaozhuang, dans la province du Shandong. (Photo : archives / Reuters) (Voir photo sur site)

A-t-elle e des chances d’aboutir? Michel Tschirren se montrait confiant au téléphone, mardi: «Nous avons reçu beaucoup de soutiens, des demandes de précision, mais peu d’opposition»​. À ce jour, plus de 1.900 scientifiques de 85 pays ont signé pour réclamer cet IPCP dédié à la chimie. «Nous ne pouvons tout simplement pas continuer à produire de plus en plus de substances chimiques qui se retrouveront inévitablement dans l’environnement et dans nos vies, argumente la Canadienne Miriam Diamond. ​Certains polluants, comme les plastiques, sont persistants pendant des décennies, voire des centaines d’années.»

Des sols sont déjà à saturation. Des mers aussi, telle la Baltique, presque morte, contaminée à 96 % par des produits chimiques et des métaux lourds, déplorait l’Agence européenne de l’environnement dans un rapport de 2019.




Photo: Dans la région de Chubut, en Patagonie argentine, vue aérienne d'une lagune polluée au sulfite de sodium, un produit chimique utilisé comme agent de conservation dans les usines de pêche à la crevette. Une pollution dénoncée en juillet 2021. (Photo: Daniel Feldman/AFP)

Voir l'article dans son intégralité avec plus de données et d'illustrations: https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-01-27/comme-pour-le-climat-lonu-va-t-elle-se-doter-dun-groupe-dexperts-pour-la-pollution-chimique-24956f2a-5f8f-4656-a8c8-ded8181f1218

Par Christelle GUIBERT


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