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Planète - Climat: "Les gens ont réévalué l'urgence qu'il y a à agir", selon Al Gore



Planète - Climat:




Nashville (Etats-Unis) Envoyée spéciale

L'ancien vice-président démocrate des Etats-Unis, Al Gore, publie le 12 septembre en France, un nouveau livre intitulé Le Futur. Six logiciels pour changer le monde (Editions de La Martinière). L'essai traite des grands défis de la planète dont le changement climatique, thème qui lui a valu d'être co-lauréat du prix Nobel de la paix en 2007, avec le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Le créateur du documentaire Une vérité qui dérange est aujourd'hui, à 65 ans, un homme d'affaires. Il dirige la société d'investissements Generation Investment Management, tout en continuant à encourager la prise de conscience du changement climatique. Al Gore a reçu Le Monde dans ses bureaux de Nashville (Tennessee).

- Six ans après le prix Nobel de la paix, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) va présenter son nouveau rapport fin septembre. Quel est votre diagnostic?

La crise s'est aggravée. Plus nous retardons une réponse globale, plus il sera difficile de la résoudre. C'est un point commun avec la crise syrienne, pourrait-on dire: il y a des problèmes qui ne deviennent pas plus faciles à résoudre parce que l'on retarde les solutions...

Nous continuons à déverser chaque jour dans l'atmosphère 90 millions de tonnes d'émissions polluantes, comme si c'était un égout à ciel ouvert. L'accumulation de cette pollution représente maintenant autant d'énergie calorifique supplémentaire que l'explosion, chaque jour, de 400.000 bombes d'Hiroshima. L'essentiel de cette chaleur part dans les océans, mais une bonne partie gagne l'atmosphère, et une autre dessèche les sols. On en mesure les conséquences: des sécheresses plus intenses et des orages qui déversent des pluies beaucoup plus fortes. Les prévisions pour la France, l'Italie, l'Espagne, tout le sud de l'Europe sont particulièrement catastrophiques.

Cette ville où nous sommes – Nashville – a connu il y a trois ans une inondation comme il n'y en a qu'une par millénaire. Des dizaines de mes voisins ont perdu leur maison, leur entreprise. Ils n'avaient pas d'assurance. De mémoire humaine, ces régions n'avaient jamais été inondées.

- Et pourtant, avec la crise, la question du climat a perdu en intensité.

C'est vrai. Depuis 2007, tous ceux qui voulaient faire une priorité de la lutte contre le réchauffement climatique ont été confrontés à un quadruple phénomène. La grande récession de l'automne 2008, qui a créé une nouvelle réalité politique pour la plupart des gouvernements dans le monde ; la décision de la Chine de subventionner massivement la construction de panneaux solaires et d'éoliennes. Cette politique a eu des effets bénéfiques mais elle a ruiné les perspectives commerciales des entreprises en Europe et en Amérique du nord. Troisième élément: la découverte de vastes réserves de gaz de schiste exploitables grâce aux progrès technologiques réalisés dans les forages horizontaux et la fracturation hydraulique. Ces nouveaux gisements ont abaissé le prix de l'électricité à des niveaux qui ont contribué à la faillite de beaucoup d'entreprises solaires et éoliennes. Et il y a eu enfin l'échec du Sommet sur le climat à Copenhague en 2009.

- Voyez-vous des perspectives de changement?

Oui. Ces deux dernières années, il y a eu un renversement de situation. Les événements météorologiques extrêmes liés à la crise climatique sont devenus trop massifs et trop fréquents pour être ignorés. L'ouragan Sandy qui a frappé New York et la côte est, les incendies dans l'Ouest américain, les inondations au Pakistan et en Australie, etc. La liste est trop longue mais leur impact cumulé a forcé les gens à réévaluer l'urgence qu'il y a à agir. Les gens écoutent quand leurs parents et grands-parents leur disent que ça n'a jamais été comme ça...

Il se trouve aussi que les investissements réalisés dans le solaire et le vent ont abouti à des réductions progressives des coûts pour l'électricité générée par l'énergie photovoltaïque ou éolienne. Au point qu'une majorité des habitants de la planète ont maintenant la possibilité d'acheter de l'électricité issue du solaire et du vent à des prix inférieurs au coût de l'électricité générée par d'autres sources. Selon un rapport publié la semaine dernière par la firme Bernstein, 4,2 milliards de personnes vivent dans des régions où le prix des énergies renouvelables a chuté au-dessous du prix moyen du réseau électrique.

* Photo: Al Gore publie le 12 septembre en France un nouveau livre intitulé "Le Futur. Six logiciels pour changer le monde". | REUTERS/JIM YOUNG

Lire la suite de l'entretien dans l'édition abonnés : Al Gore : "L'atmosphère est un égout à ciel ouvert"

Corinne Lesnes
Correspondante du Monde aux Etats-Unis



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