Planète - Climat: il ne neige plus sur l’Himalaya, les pays limitrophes s’inquiètent

Pas un flocon de l’hiver sur le sud de la grande chaîne de montagnes d’Asie. L’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan redoutent un été sans eau. Des scientifiques alertent sur les conséquences du dérèglement climatique dans cette région où dix fleuves alimentent près de deux milliards d’habitants.

Au nord du Pakistan, dans le Gilgit Baltistan, les riverains ont sonné l’alarme: il n’a pas neigé depuis le début de l’hiver, en octobre-novembre. Cette région est le point de convergence des trois plus hautes chaînes de montagnes du monde: l’Hindu Kush, le Karakoram et l’Himalaya, le tout formant le grand Himalaya, avec les massifs du Pamir (Afghanistan/Tadjikistan).

- «D’habitude, on a 1 m à 1,50 m de neige»

Il n’y a pas "un seul touriste sur les pentes de Malam Jabba" , une célèbre station pakistanaise de ski, décrit Toseeq Gulshan, un habitant auprès de l’hebdomadaire The Friday Times, le 24 janvier. Chez les voisins, même constat, que ce soit en Afghanistan à l’est ou en Inde à l’ouest. "À l’heure actuelle, nous aurions dû avoir au moins 1 m à 1,50 m de neige, mais pour l’instant, nous n’avons rien" , commente, inquiet, Vikram Katoch, fondateur d’une ONG de sauvegarde de la vallée de Lahaul-Spiti, dans l’État de l’Himachal Pradesh.

Le Département météorologique indien a confirmé "d’importants déficits de chutes de neige hivernales" dans toutes les régions du nord de l’Inde, le 10 janvier, et ne voyait rien arriver pour février.

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Dans ces pays riverains de l’Himalaya, c’est la même inquiétude: si rien ne tombe d’ici la fin de l’hiver, les glaciers ne reconstitueront pas, l’eau résultant de la fonte de la neige n’alimentera pas les fleuves et l’été sera sec.

- L’eau douce du Troisième Pôle

"On appelle cette région le troisième Pôle, car ses champs de glace contiennent la plus grande réserve d’eau douce en dehors des régions polaires, "rappelle Joydeep Gupta, l’un des rédacteurs de la plateforme d’informations scientifiques"" The Third Pole. "Elle est la source des dix principaux systèmes fluviaux qui fournissent l’irrigation, l’électricité et l’eau potable à plus de 1,9 milliard de personnes en Asie, soit plus de 24 % de la population mondiale."

À Peer Ki Gali, près de la station de Gulmarg, en Inde, en décembre 2023, avec une couche de neige plus conforme à la météo moyenne de cette région himalayenne.

. À Peer Ki Gali, près de la station de Gulmarg, en Inde, en décembre 2023, avec une couche de neige plus conforme à la météo moyenne de cette région himalayenne. ' NURPHOTO VIA AFP (Photo à voir sur site ci-dessous)

Selon les chercheurs interrogés par The Third Pole, le réchauffement climatique et ses dérèglements malmènent particulièrement la région. Outre des températures plus élevées, l’un des phénomènes à l’origine de la baisse des précipitations neigeuses est le déclin des perturbations occidentales (ou WD pour western disturbance). Ces tempêtes extratropicales transportent l’humidité de la mer Méditerranée et de la mer Caspienne, via le courant-jet subtropical d’ouest, et apportent pluie et neige au Pakistan et au nord de l’Inde.

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Une vaste étude publiée en juillet 2023 a montré que ces tempêtes avaient tendance à baisser, en fréquence et en intensité. "Les observations montrent que les forts vents d’ouest qui poussent ces perturbations se sont aussi déplacés vers le nord au cours des derniers hivers" , indique le scientifique Madhavan Rajeevan, expert auprès de l’Organisation météorologique mondiale.






Photo: Dans la station de ski de Gulmarg, dans l’État du Jammu et Cachemire, en Inde, sans aucune neige le 10 janvier 2024. La vallée du Cachemire connaît un changement de temps sans précédent cet hiver. ' NURPHOTO VIA AFP

Ouest-France Christelle GUIBERT