Algérie

Planète - Climat: faut-il donner des noms aux canicules, à l'instar des ouragans ?



Planète - Climat: faut-il donner des noms aux canicules, à l'instar des ouragans ?


A Séville, en Espagne, une récente vague de chaleur a été nommée Zoé. Une manière, comme pour les ouragans, de nommer les événements climatiques les plus dangereux.

"Soyons heureux de cette météo". Le 14 juillet dernier, une séquence diffusée sur la chaîne britannique ultra-conservatrice GB News illustrait la difficile prise de conscience de la gravité des vagues de chaleur. Alors que le Met Office - l'équivalent de Météo France - s'inquiétait pour la vie des Britanniques, en prévision de chaleurs extrêmes pour le pays, les journalistes du plateau ont renvoyé l'événement à une simple période de "beau temps". Le qualificatif a immédiatement déclenché l'indignation des scientifiques du climat, alors que de telles températures tuent et paralysent certaines activités économiques.

Pour qu'ils soient considérés comme des catastrophes naturelles à part entière, dans les médias, mais surtout dans les esprits, faut-il donner un nom aux épisodes de chaleur extrême, à l'instar des ouragans? En Espagne, la vague de chaleur qui a frappé la municipalité de Séville du 24 au 27 juillet, entraînant des températures supérieures à 43°C, répond désormais au nom de "Zoé". Le résultat d'une nouvelle nomenclature adoptée en juillet. Celle-ci accorde un nom aux canicules les plus dangereuses pour la santé.

Le maire de Séville espère qu'à l'instar des "ouragans Katrina", "Irma" et "Dorian", la vague de chaleur "Zoé" entrera plus facilement dans les mémoires ainsi nommée. De quoi, peut-être, pousser un peu plus les populations et les pouvoirs publics à se prémunir contre ces phénomènes. Chaque année, la chaleur fait plus de 300.000 morts dans le monde, selon un rapport de The Lancet publié en 2020. "Nous sommes la première ville au monde à planifier et à prendre des mesures lorsque ce type d'événement météorologique se produit", s'est félicité le maire de Séville au moment d'adopter la mesure, qu'il considère comme pionnière, alors que ces événements se multiplient à cause du réchauffement climatique.

L'idée a fait des émules, en France. Lors de la vague de chaleur de juillet, certains chercheurs comme Serge Zaka, agroclimatologue, ou Maxime Combes, économiste, spécialiste des politiques climatiques, se sont prononcés pour, sur les réseaux sociaux, avec une certaine ironie: "Après TotalEnergies1 en juin, et parce que les raisons ne manquent pas, poursuivons l'effort et appelons cette terrible canicule qui vient TotalEnergies2", se moquait ce dernier, sur Twitter, le 13 juillet 2022. Un débat loin d'être anodin...à l'heure où les vagues se multiplient. Une nouvelle s'avance déjà, en France, pour cette semaine, avec des températures qui atteindront localement 40°C dans le midi toulousain mercredi.

- L'ONU dit non

Si adopter des noms d'entreprises polluantes n'est pas vraiment dans les cartons, une partie de la communauté scientifique réfléchit sérieusement à opter pour des prénoms, plutôt que d'utiliser l'année en cours. "C'est en effet une question que se posent certains de mes collègues, qui estiment que donner des noms pourrait aider le grand public à se saisir des enjeux autour des températures extrêmes", confie à l'Express Fabio D'Andréa, chercheur au CNRS et au Laboratoire de météorologie dynamique de l'École normale supérieure (ENS).

A tel point que le 12 juillet dernier, L'ONU s'est prononcée sur le sujet. "Pour le moment, nous n'avons pas de système de noms, et ce n'est pas envisagé dans un futur proche", a déclaré Clare Nullis, porte-parole de la branche météorologique de l'institution, l'Organisation météorologique mondiale (OMM), lors d'une conférence de presse. "Les ouragans sont des grands systèmes, qui affectent plusieurs pays. Les vagues de chaleur sont plus localisées", a-t-elle justifié.





Photo: Qu'allons nous retenir de "la canicule de juillet 2022" ? Pour marquer les esprits et aider à la prise en compte de la gravité des vagues de chaleur, certains scientifiques militent pour les nommer. Loic VENANCE / AFP

Antoine Beau


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