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Planète (Cas de la Suisse/Europe) - La capacité de stockage des lacs de barrage se réduit dangereusement



Planète (Cas de la Suisse/Europe) - La capacité de stockage des lacs de barrage se réduit dangereusement


L’accumulation de sédiments dans les bassins de retenue menace l’infrastructure mondiale de stockage de l’eau, selon une étude. La Suisse se situe au 8e rang des pays européens les plus touchés

Les rivières remplissent les lacs de barrage. Mais elles amènent également différents matériaux qui remplissent peu à peu les bassins. Selon une étude de l’ONU, cet apport de sédiments risque de faire perdre aux barrages du monde entier près d’un quart de leur capacité de stockage d’ici à 2050.

L’ampleur des pertes est inquiétante, d’autant plus que le monde est déjà confronté à une série d’autres problèmes d’approvisionnement en eau, a fait savoir mercredi l’Université des Nations Unies.

La perte estimée par rapport à la capacité initiale s’élève à 1,65 billion de mètres cubes pour les quelque 50.000 installations prises en compte. Cela correspond à la consommation d’eau annuelle de l’Inde, de la Chine, de l’Indonésie, de la France et du Canada réunis.

- Un défi mondial

Les barrages limitent le transport naturel des sédiments par les rivières. Leur dépôt provoque l’assèchement progressif de nombreux lacs de retenue, ainsi qu’un risque accru d’inondation en amont et d’érosion en aval. Selon l’équipe de Duminda Perera, de l’Institut de l’eau, de l’environnement et de la santé de l’Université des Nations Unies, à Hamilton, au Canada, l’apport de sédiments dans les lacs de retenue est devenu l’un des défis les plus importants pour l’infrastructure mondiale de stockage de l’eau.

«La diminution de la capacité de stockage disponible d’ici 2050 dans tous les pays et régions remettra en question de nombreux aspects des économies nationales, notamment l’irrigation, la production d’électricité et l’approvisionnement en eau», a déclaré Duminda Perera, cité dans un communiqué.

«Les nouveaux barrages prévus ou en cours de construction ne compenseront pas les pertes de capacités de stockage dues à la sédimentation». Un problème d’eau mondial, avec des conséquences potentiellement considérables, menace.

. Lire aussi: Quand les barrages deviendront des réserves d'eau potable (A lire sur site)

- La Suisse fortement touchée

Selon l’étude publiée dans la revue spécialisée Sustainability, la Suisse se situe au 8e rang des pays européens les plus touchés, sur les 42 Etats considérés. Les barrages y ont déjà perdu environ 23% de leur capacité initiale. D’ici à 2050, cette perte pourrait atteindre près de 33%.

En Irlande, l’analyse montre une perte due aux sédiments proche déjà de 30%, qui pourrait grimper à 40% en 2050. Au Danemark, ce chiffre n’est en revanche que d’environ 10% et devrait atteindre 20% d’ici le milieu du siècle.

Selon les chercheurs, la Grande-Bretagne, le Panama, l’Irlande, le Japon et les Seychelles enregistreront les pertes les plus élevées au monde d’ici à 2050: entre 35 et 50% de leur capacité initiale de stockage d’eau. Les barrages de pays comme le Bhoutan, la Mongolie, l’Ethiopie, la Guinée ou le Niger ne seront guère touchés dans un premier temps, car ils sont encore relativement récents.

A partir d’estimations des taux d’alluvionnement, les chercheurs ont calculé la perte probable de capacité de stockage pour plus de 47.400 grands bassins de retenue dans 150 pays, pour les années 2022, 2030 et 2050. La capacité globale de stockage initiale d’environ 6.300 milliards de mètres cubes d’eau des ouvrages pris en compte devrait ainsi chuter à environ 4.670 milliards d’ici à 2050.

- Quelles mesures possibles?

Parmi les solutions possibles, les chercheurs de l’ONU mentionnent par exemple les «bypass». Ces canaux séparés permettent d’acheminer l’eau directement vers l’aval, surtout en cas de crues, qui entraînent souvent un apport très important de sédiments. En cas d’exploitation optimale, ces tunnels de dérivation pourraient réduire la sédimentation jusqu’à 90%, selon des études antérieures.

Une alternative serait de rehausser les barrages pour compenser la perte de stockage, expliquent les scientifiques. Cela augmenterait toutefois la surface du lac de retenue, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les habitats naturels. Il est également possible de procéder à des dragages ou à des purges de sédiments, des solutions coûteuses, qui pourraient avoir un impact négatif considérable sur les zones situées en aval.




Photo: Le barrage de Zervreila, dans le canton des Grisons, le 4 juillet 2011. — © ALESSANDRO DELLA BELLA / KEYSTONE

Pour accéder et lire l'article cité en annexe: https://www.letemps.ch/sciences/capacite-stockage-lacs-barrage-se-reduit-dangereusement

Le Temps avec l’ATS


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