Algérie

Planète - Canicule: «Nous vivons les conséquences d'un risque majeur»



Planète - Canicule: «Nous vivons les conséquences d'un risque majeur»


Pour le professeur Abdelkrim Chelghoum, directeur de recherche à l'USTHB, qui était l'invité hier de la radio nationale Chaîne 3, à travers ces grandes chaleurs «nous vivons les conséquences d'un phénomène classé risque majeur par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) dans son dernier rapport». «La conclusion de ce (5e) rapport du GIEC est sans équivoque pour dire la responsabilité de l'homme dans ce qui se passe actuellement par rapport au réchauffement de la terre», ajoute l'intervenant.

La terre vit un risque majeur induit par le réchauffement climatique et la raréfaction de l'eau, ajoute Chelghoum qui souligne que «l'Algérie est frontalement concernée par plusieurs sous-risques: la désertification, la sécheresse, la canicule, l'ensablement, les vents de sable, etc.» rappelant qu'«on est le pays le plus menacé par ces risques climatiques».

«Il y a toutes les Conférences des parties (COP) qui ont été organisées, les parties concernées ce sont les grands pays industrialisés. Les pays pauvres ne sont pas concernés. Si je prends l'Afrique tout entière, elle est responsable pour 4% dans les émissions des gaz à effet de serre. Donc les gros pollueurs ce sont les Etats-Unis, la Chine, l'Europe, le Brésil et les grands pays industrialisés qui sont responsables à 90% de tout ce qui se passe actuellement. Ils n'arrivent pas à se mettre d'accord parce qu'il y a un problème d'argent», note l'intervenant.

M. Chelghoum rappelle qu'à la COP de Paris de 2015 «il a été question de mettre en place un fonds pour l'environnement d'environ 100 milliards de dollars pour, justement, venir en aide à tous les pays africains».

Pour lui, ces réunions aboutissent à des «recommandations sur du papier».

«Ils n'ont pas mis en place un comité intergouvernemental de suivi sur le terrain des décisions prises. C'est le problème qui est posé pour la gestion des risques majeurs pour la planète, c'est que ça coûte de l'argent. Les pays industrialisés parlent mais ne veulent pas mettre la main à la poche, alors qu'ils sont les principaux responsables».

A ce propos, il explique que «le représentant des Etats-Unis pour les changements climatiques, John Kerry, était en Chine récemment, parce que ces deux pays sont les plus grands pollueurs, pour arriver à une solution pas bilatérale mais multilatérale».

L'intervenant plaide pour une «COP des pays victimes, comme l'Afrique» des changements climatiques dus aux conséquences des émissions à effet de serre des grands pays industrialisés.

«Je ne vois pas pourquoi il n'y a pas une COP désertification. Sur les 238 millions d'hectares de l'Algérie, nous avons 200 millions d'hectares de désert. Je pense qu'il faut une politique agressive, une politique frontale des pays d'Afrique qui doivent être écoutés», ajoute l'intervenant.

Sur les conséquences des changements climatiques sur les «zones côtières», Abdelkrim Chelghoum énumère plusieurs, dont «la montée des eaux salées, les inondations catastrophiques, endommagement des infrastructures, qu'il s'agisse des zones côtières de l'Algérie, du Nigeria ou de la Californie».

Sur les démarches à prendre pour l'Algérie, l'intervenant suggère de revoir l'utilisation de «certains matériaux de construction, surtout dans le sud du pays».

«Il faut des matériaux non polluants, isolants, locaux c'est-à dire en terre parce qu'elle permet d'isoler. Malheureusement, dans le sud du pays, on retrouve la brique et le parpaing. Il faut aussi imposer les filtres à particules pour les véhicules. Il faut aussi multiplier le nombre de forêts dans le pays», dit-il encore.




Photo illustrative ajoutée par Akar Qacentina: Le professeur Abdelkrim Chelghoum, directeur de recherche à l'USTHB

par R. N.


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