CANICULE: Très minéralisées, toujours plus peuplées, les villes supportent mal les canicules qu’on annonce plus fréquentes à l’avenir. Des pistes émergent pour faire face : planter plus d’arbres, végétaliser les bâtiments, éclaircir les revêtements, dompter les vents...
. Le Giec (groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat) a prévenu dans ces différents rapports: les effets du réchauffement climatique n’allaient pas tarder à se faire sentir. Parmi ceux-ci, des canicules plus intenses et plus fréquentes.
. Les villes sont particulièrement exposées aux fortes chaleurs. Les températures qui y sont enregistrées peuvent être supérieures de plusieurs degrés à celles constatées dans des zones rurales et forestières voisines.
. Des architectes et urbanistes planchent sur ce problème et des villes s’y mettent déjà. Cela passe par des programmes de plantation d’arbres, l’application de revêtements réfléchissant la lumière, ou même l’imagination de tours vertes, véritables jardins suspendus…
Encore un jour à souffrir? Ce mardi pourrait faire tomber de nouveaux records de températures dans le centre du pays. 38°C sont notamment prévus dans l’après-midi à Paris. Et ensuite? Le rafraîchissement devrait s’étendre progressivement mercredi et jeudi à l’ensemble du territoire, annonce Météo France.
Bye bye la canicule? Pour cet été peut-être. Mais les scientifiques du Giec (groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont prévenu ces dernières années dans leurs différents rapports: les effets du réchauffement climatique n’allaient pas tarder à se faire sentir. Parmi ceux-ci, des canicules plus intenses et plus fréquentes.
Les villes en première ligne
Les villes sont en premières lignes. 54 % de la population mondiale vit d’ores et déjà en zone urbaine. La proportion devrait passer à 66 % en 2050, pointait l’ONU dans un rapport de 2014. L’intensité des activités humaines qui s’y jouent mais aussi la modification de la nature des sols qu’implique l’urbanisation impactent la capacité des villes à encaisser les chaleurs étouffantes. C’est le phénomène des îlots de chaleur urbains, des zones qui accumulent davantage de chaleurs et peinent à se rafraîchir. Les températures enregistrées peuvent être supérieures de plusieurs degrés à celles constatées dans des zones rurales et forestières voisines.
On pourrait se dire qu’il suffira à l’avenir de faire tourner massivement les climatiseurs. Mais la solution est très énergivore et amène vite à un cul-de-sac. Pas le choix alors, les villes vont devoir se réinventer. Des architectes et urbanistes planchent sur la question et des villes s’y mettent déjà. Petit tour d’horizon des solutions expérimentées.
Planter des forêts urbaines
Les arbres et autres espèces végétales sont une première parade. Ils offrent déjà l’avantage de fournir un habitat à la faune, de capter du carbone présent dans l’atmosphère ou de réduire l’exposition des villes aux inondations en cas d’orages. Et, contre les îlots de chaleurs, plus spécifiquement, leur bienfait est double, décrit Pascal Mittermaier, directeur général «villes» de l’ONG The Nature Conservancy, dans une tribune publiée dans Les Echos en novembre 2016.
«Les arbres et d’autres espèces végétales rafraîchissent l’air ambiant en mettant les surfaces à l’ombre et en libérant des vapeurs d’eau, expliquait-il. De plus, leur feuillage filtre l’air et réduit d’au moins du quart le niveau de particules dans un périmètre de 30 mètres.»
Plusieurs mégalopoles se sont ainsi lancées dans des projets «The million tree initiative», consistant à planter un million d’arbres sur leur zone urbaine. New York s’y est mise en 2007 et a achevé son programme fin octobre 2015. D’autres villes s’y attellent: Boston, Los Angeles, Denver, Londres, Shanghai. Les villes françaises ne sont pas en reste. La métropole de Lyon a planté 33.000 arbres dans le cadre de son «plan canopée» et vise 40.000 nouveaux arbres d’ici à 2030. De son côté, Paris s’est engagé dans le cadre de son premier plan climat, en 2007, à planter 20.000 arbres intramuros d’ici 2020.
L’ère des bâtiments jardins
La rue n’est pas le seul terrain de jeu pour verdir la ville. Les façades, balcons et toits des bâtiments peuvent aussi très bien accueillir leur lot d’espèces végétales et concourir ainsi au rafraîchissement des villes. Nul besoin de parler au futur: ce verdissement des bâtiments est déjà réalité, si ce n’est même «tendance» dans de nombreuses grandes villes. A commencer par Paris où les jardins sur les toits et murs végétalisés ont peu à peu essaimé ces dernières années. La capitale vise pour 2020 la végétalisation de 100 hectares de toits, façades et délaissés urbains, dont un tiers sera consacré à la production de fruits et légumes.
Si on pousse la logique jusqu’au bout, la ville de 2050 pourrait voir éclore de grandes tours à énergie positive et parsemées de verts à tous les étages. C’est du moins ce qu’imagine l’architecte belge Vincent Callebaut dont l’étude «Paris Smart City 2050», rendu public en 2015, n’est pas passée inaperçu. Il proposait notamment de faire de la tour Montparnasse «un Central Park vertical de 58 étages»,, expliquait-il à 20 Minutes. Une sorte de parc public étagé auquel les Parisiens accéderaient par une promenade en colimaçon.
Les idées de Vincent Callebaut gagnent du terrain. L’architecte finalise actuellement la tour écologique Tao Zhu Yin Yuan à Taipei (Taïwan). La forme hélicoïdale de cette tour, décalant chaque étage de 4,5 degrés par rapport au suivant, permettra de créer un jardin en cascade descendant les vingt étages de l’édifice. Il sera constitué de 23.000 arbres. De quoi absorber, chaque année, 130 tonnes de C02. De quoi aussi offrir des espaces préservés de la chaleur aux habitants. La Tao Zhu Yin Yuan est actuellement en fin de chantier et sera livrée fin 2018, indique Vincent Callebaut dans une interview au Monde le 26 juillet dernier.
Repenser le revêtement des sols, façades et toits
Pour adapter les villes à des épisodes caniculaires plus intenses et plus fréquents, un autre axe de travail est de se pencher sur les revêtements. La couleur précisément. L’idée est tout simple: on vous déconseille de porter du noir quand il fait chaud. Pour les sols, façades et toits la règle est la même: les couleurs foncées, comme le noir du bitume, absorbent la chaleur et l’emprisonnent, empêchant les températures de tomber la nuit. A l’inverse, les couleurs claires reflètent la lumière et emmagasinent moins de chaleurs.
Ce pouvoir de réflexion d’une surface exposée à la lumière s’appelle l’albédo. Et jouer sur cette notion permet d’obtenir des résultats probants. Los Angeles a ainsi changer le revêtement de la Jordan Avenue, l’une des zones les plus chaudes de la ville, en optant pour un matériau blanc et réfléchissant à la place de l’asphalte classique de couleur noire. La température au sol y a baissé alors en moyenne de 10° C lors d’un après-midi ensoleillé, selon l’agence de protection de l’environnement.
A New York, c’est aux toits terrasses, généralement noirs du fait de leur revêtement bitumineux, que l’on s’attaque. Depuis 2012, via le programme CoolRoofsNYC, la ville fait appel à des volontaires pour repeindre en blanc les toitures-terrasses qui s’y prêtent. En juin 2015, la mairie de Séoul en Corée du Sud a lancé un programme similaire, indique Francetvinfo. Et l’idée germe aussi en France. En 2015, 7.000m² de la toiture d’un supermarché de Quimper (Finistère) ont ainsi été recouverts d’une peinture blanche spécialement conçue pour être réfléchissante. A la clé ? Une température de la toiture réduite de plus de 20°C et une économie annuelle d’électricité de 20.000 euros, relatait en septembre 2016 Le Moniteur.
Maîtriser les couloirs de vents
Là encore, il s’agit de tirer le meilleur parti de la nature et, plus particulièrement ici, des couloirs naturels d’air pour évacuer la chaleur. Or, «le tracé des rues et l’orientation des bâtiments affectent ces conditions de ventilation», pointe l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) dans son guide de recommandation pour lutter contre l’effet d’îlot de chaleur urbain. L’agence préconise alors d’intégrer ce paramètre dans l’aménagement de nos villes. Ce que fait déjà Stuttgart, en Allemagne, où il faut consulter un météorologiste membre de l’équipe municipale avant de faire construire un bâtiment, indique Francetvinfo. Il donne alors son avis sur l’implantation du bâtiment et son influence sur la ventilation de l’agglomération.
Photo: Une journée de forte chaleur à Tokyo (illustration). — Koji Sasahara/AP/SIPA
Voir l'article dans son intégralité avec plus de données: https://www.20minutes.fr/planete/2318167-20180806-canicule-comment-reinventer-ville-faire-face-chaleurs-etouffantes
F.P.
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Posté Le : 11/08/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : F.P. Publié le 06/08/18
Source : 20minutes.fr