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Planète - Béa Johnson, chantre du «Zéro déchet»



Planète -  Béa Johnson, chantre du «Zéro déchet»




Un bocal de 183 grammes: voilà dans quoi tiennent les déchets produits en une année par la Franco-américaine Béa Johnson et sa famille qui, en adoptant un comportement tendant vers le «zéro déchet», milite pour une «vie basée sur l'être et non l'avoir».

Cette «prêtresse de la vie sans déchets», selon le New York Times, multiplie les conférences dans le monde, lors desquelles elle détaille la manière dont les Johnson ont éliminé la poubelle de leur quotidien, et distille les bons conseils déjà prodigués sur son blog depuis 2010 et dans son best-seller «Zéro déchet».

Son bocal est de tous ses déplacements.

«C'est mon meilleur argumentaire, il parle de lui-même !», s'exclame auprès de l'AFP cette blonde longiligne, mère de deux garçons, de passage à Lille, dans le nord de la France, où elle entame une tournée.

Ce contenant d'un demi-litre matérialise son mantra: «refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter». Dans son bocal, ne restent alors plus que ses «déchets ultimes»: on y trouve pêle-mêle des bouts de sparadrap, des étiquettes de fruits ou encore des résidus de plastiques d'objets divers.

Adepte absolue des magasins en vrac, Béa Johnson fait ses courses équipée de sacs en toile et de bocaux en verre, pour acheter viande, lait et autres légumes frais sans emballage.

Dans la journée, sa gourde lui permet de se désaltérer sans avoir à acheter de bouteille en plastique, ses mouchoirs en tissu ont remplacé les kleenex et sa coupe menstruelle est réutilisable.

«L'expression zéro déchet peut rebuter, mais c'est la meilleure expression pour décrire cet objectif accessible à tous. Chacun peut trouver du vrac près de chez soi», avance celle qui vit depuis plus de 10 ans dans son cottage minimaliste de Mill Valley, en banlieue cossue de San Francisco, mais dont l'accent chantant trahit des racines avignonnaises.

- «Posséder le strict minimum» -

Autre argument? Le portefeuille: son foyer réalise 40% d'économies depuis que toute la famille a adopté ce mode de vie.

Mais celui-ci ne se résume pas à la nourriture: toute sa garde-robe tient dans une seule valise.

«Notre quotidien ne consiste pas seulement à jeter le moins possible. C'est toute une philosophie de vie que nous adoptons en possédant le strict minimum».

Une posture bien inhabituelle, en particulier dans un pays comme les Etats-Unis où tout pousse à la consommation.

«Au début de notre démarche en 2008, nous étions critiqués par les Américains. Ils nous imaginaient poilus, décoiffés et vivant reclus à la campagne. Puis les a priori ont disparu grâce à un reportage en 2011 dans un magazine où de nombreuses photos ont donné un visage à la mise en pratique du zéro déchet », se félicite cette ancienne artiste-peintre.

Consciente de la difficulté que peut impliquer un tel changement de paradigme, elle n'entend donner de leçons à personne mais espère «juste pouvoir inspirer des citoyens qui adapteront leurs habitudes selon leurs propres besoins et limites».

Bien qu'elle récuse le terme «politique», elle inscrit son combat dans une vision «décroissante» où l'on «vivrait mieux avec moins»: «tout le monde peut faire changer les choses, même le simple citoyen».

De fait, Béa Johnson croit dur comme fer au pouvoir du consommateur pour responsabiliser les industriels en les incitant à favoriser les bonnes pratiques, moins polluantes et plus vertueuses concernant les déchets.

«Dernièrement, mon moteur de machine à laver s'est cassé. Je l'ai renvoyé au fabricant accompagné d'une lettre leur demandant de le réparer ou de le recycler».

Une manière, selon elle, de combattre l'obsolescence programmée imposée par les industriels.

Utopiste? Peut-être. Avant-gardiste, sûrement.


Photo: La Franco-Américaine Béa Johnson montre les déchets produits par son foyer en une année, soit 183 g contenus dans un bocal, le 21 novembre 2015 à Lille - PHILIPPE HUGUEN AFP

© 2015 AFP







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