L’urgence est grande pour les plus fragiles: les personnes âgées et les enfants. L’ONG Save the Children a estimé jeudi que plus de 118.000 enfants étaient touchés par la catastrophe.
L’aide arrivait lentement hier dans les villages dévastés du sud-est de l’Afghanistan, mais des milliers de rescapés restaient dépourvus d’abris, de vivres et d’eau, trois jours après le séisme le plus meurtrier qu’ait connu le pays en plus de deux décennies.
Le tremblement de terre, d’une magnitude de 5,9, qui a frappé mercredi cette région pauvre et isolée à la frontière avec le Pakistan, a fait plus de 1.000 morts, 3.000 blessés et des milliers de sans-abri.
Les fragiles maisons aux murs en briques de terre n’ont pas résisté et les survivants se retrouvent complètement démunis. Ils ont besoin d’abris, pour se protéger de la pluie et du froid, inhabituels en cette saison, mais aussi de nourriture, eau et produits de premier secours.
«Il n’y a pas de couvertures, pas de tentes, pas d’abris (...). Tout notre système de distribution d’eau est détruit. Il n’y a absolument rien à manger», a expliqué à l’AFP Zaitullah Ghurziwal, un habitant de la province de Paktika, la plus affectée.
Plusieurs secousses sismiques ont été ressenties depuis mercredi. Cinq personnes ont été tuées hier matin par l’une d’elles à Gayan, selon Maqbool Luqmanzai, le directeur de la santé de ce district, très touché.
Les opérations de secours sont compliquées par l’isolement de la région et la météo. Les pluies ont provoqué des glissements de terrain qui ralentissent l’acheminement de l’aide, et ont endommagé les lignes téléphoniques et électriques. Mais des journalistes de l’AFP ont vu sept camions du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU, chargés de tentes et de biscuits, arriver hier matin dans le village de Wuchkai, à Gayan, après plus d’une journée de route depuis Kaboul.
D’autres, transportant des denrées alimentaires de base, comme de l’huile ou du riz, suivaient, selon un membre de l’organisation. L’ONG Médecins sans frontières (MSF) était aussi présente, avec deux camions chargés de tentes et de médicaments.
- Un défi pour les talibans
Ce séisme représente un défi majeur pour les talibans, qui ont pris le pouvoir à la mi-août 2021 après 20 années d’insurrection et se sont aliénés la communauté internationale avec leur conception ultra-rigoriste de l’islam.
L’aide internationale, qui portait le pays à bout de bras depuis deux décennies, a été coupée après leur accession au pouvoir et ne revient qu’au compte-gouttes. Le pays est, depuis, enlisé dans une profonde crise financière et humanitaire. Le gouvernement a dit faire au mieux de ses capacités pour venir en aide aux victimes et a appelé à l’aide la communauté internationale.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a assuré que l’ONU était «pleinement mobilisée» pour aider l’Afghanistan. Selon ses services, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) a distribué des tentes, couvertures et bâches plastiques; le PAM a délivré de la nourriture pour environ 14.000 personnes à Paktika et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fourni 10 tonnes de matériel médical suffisant à permettre 5.400 opérations chirurgicales.
L’Union européenne a estimé que 270.000 personnes vivant dans les zones touchées par le séisme auraient besoin d’assistance et a dégagé une aide d’urgence initiale d’un million d’euros.
Le Pakistan, l’Iran et le Qatar ont aussi fait parvenir de l’aide aux sinistrés. Et les États-Unis, qui se sont retirés d’Afghanistan fin août après 20 années de guerre, ont indiqué travailler avec leurs partenaires humanitaires à l’envoi d’équipes médicales. Certains pays sont réticents à doter directement en aide les talibans, de peur qu’elle ne soit détournée.
- Distribution «transparente» de l’aide
«La distribution de l’aide sera transparente», a toutefois assuré à l’AFP le porte-parole adjoint du gouvernement, Bilal Karimi. «Plusieurs pays nous ont soutenus et ont été à nos côtés.»
Des villages entiers ont été détruits. Les autorités estiment qu’au total près de 10.000 maisons, dans lesquelles s’entassent parfois une vingtaine de personnes, ont été endommagées. A Wuchkai, dans un cimetière qui surplombe le village, 11 tombes sommaires ont récemment été creusées.
Toutes renferment les corps des membres d’une même famille tués dans le séisme, dont des enfants. Dans le village de Zaitullah, les gens, qui errent le visage las et résignés, ont tout perdu.
«Nous n’avions même pas une pelle pour creuser (les tombes), aucun équipement, alors nous avons utilisé un tracteur», a-t-il raconté.
L’urgence est grande pour les plus fragiles: les personnes âgées et les enfants.
L’ONG Save the Children a estimé jeudi que plus de 118.000 enfants étaient touchés par la catastrophe.
«Beaucoup d’enfants n’ont très probablement maintenant plus accès à l’eau potable, la nourriture et un endroit sûr où dormir», a-t-elle déclaré.
L’Afghanistan est fréquemment frappé par des séismes, en particulier dans la chaîne montagneuse de l’Hindu Kush, qui se trouve à la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne.
Le séisme le plus meurtrier de son histoire récente (5.000 morts) avait eu lieu en mai 1998 dans les provinces de Takhar et Badakhshan (nord-est).
AFP
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Posté Le : 26/06/2022
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : AFP
Source : https://elwatan-dz.com