La semaine dernière, deux éléphants ont été retrouvés morts dans la décharge située près du village de Pallakkadu au Sri Lanka. Un examen post-mortem a montré qu'ils avaient ingéré une grande quantité de plastique, ont révélé des vétérinaires.
Les déchets plastique ne font pas que contaminer les milieux naturels, ils sont aussi une vraie menace pour la faune sauvage. La mort de deux éléphants au Sri Lanka en livre encore un triste exemple. Selon Associated Press, les pachydermes ont été retrouvés la semaine dernière dans une décharge située près du village de Pallakkadu, à environ 200 km de la capitale Colombo.
Les examens menés sur leurs dépouilles ont montré qu'ils avaient ingéré de grandes quantité de plastique non-biodégradable. "Du polyéthylène, des emballages alimentaires, du plastique, d'autres [matières] non digestibles et de l'eau sont les seules choses que nous avons vues", a déploré Nihal Pushpakumara, vétérinaire pour la faune sauvage cité par l'AP.
"La nourriture normale que les éléphants mangent et digèrent n'étaient pas évidentes", a-t-il poursuivi. Les matières observées étaient similaires à celles rencontrées dans la décharge de Pallakkadu qui reçoit depuis 2008 les déchets provenant de neuf villages voisins sans qu'ils ne soient traités ou recyclés.
- Au moins vingt éléphants morts en huit ans
Ces deux individus ne sont pas les premiers à succomber. Au moins vingt pachydermes seraient décédés dans l'étendue d'ordures au cours des huit dernières années, selon les vétérinaires et les défenseurs de la nature locaux. Si les éléphants sont vénérés au Sri Lanka, leur population est menacée.
Leurs effectifs ont chuté d'environ 14.000 spécimens au XIXe siècle à 6.000, si l'on en croit le recensé réalisé dans le pays en 2011. La perte et la dégradation de leur habitat naturel figurent parmi les principales menaces. Et nombre d'éléphants s'aventurent près des villages en quête de nourriture. Certains sont tués par des braconniers, d'autres par des fermiers en colère.
Près de Pallakkadu, ils n'hésitent pas à explorer la décharge, consommant du plastique mais aussi des objets pointus qui endommagent leur système digestif, a expliqué Nihal Pushpakumara. "Les éléphants s'arrêtent alors de manger et deviennent trop faibles pour maintenir leur lourd gabarit debout", a-t-il ajouté.
"Quand cela se produit, ils ne peuvent plus consommer ni nourriture, ni eau, ce qui accélère leur mort", a-t-il encore poursuivi.
- Des mesures insuffisantes
Au Sri Lanka, 54 décharges sont dénombrées dans les environs de zones naturelles, avec environ 300 éléphants évoluant à proximité, d'après les autorités. En 2017, le gouvernement a annoncé que les déchets amoncelés dans ces immenses dépôts allaient être recyclés et que des clôtures électriques allaient être installées autour des sites pour empêcher les animaux d'en approcher.
Mais aucune de ces mesures n'a été pleinement mise en place. Près de Pallakkadu, il y avait bien des clôtures mais elles ont été frappées par la foudre et jamais réparées, laissant les éléphants accéder à l'étendue d'ordures. Les habitants ont indiqué que ces derniers s'étaient de plus en plus rapprochés au fil du temps, suscitant la peur dans les villages.
Les conflits entre les hommes et les éléphants se sont accrus ces dernières années, mettant en danger les uns comme les autres. Certains villageois utilisent des feux d'artifice pour faire fuir les pachydermes, d'autres ont érigé des clôtures électriques autour de leur maison ou leurs champs quand bien même ils ne savent souvent pas comment les installer.
- Le Sri Lanka en guerre contre le plastique
"Ceci peut mettre en danger leur propre vie ainsi que celle des éléphants", a appuyé Keerthi Ranasinghe, conseiller d'un village interrogé par l'AP. "Même si nous les décrivons comme une menace, les éléphants sauvages sont aussi une ressource", a-t-il affirmé, incitant les autorités à prendre des mesures pour protéger les habitants comme les animaux.
Ces dernières années, le Sri Lanka a pris plusieurs mesures pour lutter contre la prolifération des déchets. Depuis le 31 mars 2021, les produits en plastique à usage unique et de vie courte tels que les pailles ou les couverts jetables sont interdits. En 2020, le pays a aussi annoncé son intention d'interdire l'importation de produits plastique.
L’éléphant du Sri Lanka est une sous-espèce de l'éléphant d'Asie (Elephas maximus), ce dernier étant aujourd'hui classé "en danger" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les estimations varient mais suggèrent une population d'entre 30.000 et 50.000 individus.
Photo: © Jerry Redfern/LightRocket via Getty Images
EMELINE FÉRARD
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Posté Le : 18/01/2022
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : EMELINE FÉRARD - Publié le 17/01/2022
Source : https://www.geo.fr/