MONTAGNE DE M… • Un projet baptisé «Tri-haut pour l’Everest» ambitionne de construire un centre de gestion des déchets à 4.000 m d’altitude
Ils sont devenus l’un des symboles du surtourisme dont est victime l’Everest. Depuis des années et l’appétit de plus en plus grand d’alpinistes voulant grimper sur le toit du monde, les déchets s’amoncellent sur les pentes de la plus célèbre montagne de la chaîne himalayenne. Des tonnes de poubelles, d’excréments et de restes de tentes pourrissent les flancs de ce paradis. Si les camps successifs menant au sommet sont régulièrement «nettoyés», d’importantes quantités de déchets continuent de souiller l’Everest. En France, une poignée d’étudiants rêve de trouver une solution vertueuse pour traiter ces poubelles. Leur idée? Bâtir un centre de gestion des déchets équipé de machines pour le tri et la revalorisation à Pangboche, 4.000 mètres d’altitude, plus haut village habité à l’année. Un endroit «stratégique», à mi-chemin entre les lodges et les camps de base d’altitude.
Les estimations évoquent le chiffre de 10 tonnes de déchets abandonnés sur les pentes du géant blanc. En proie à une attractivité record, l’Everest ne sait plus quoi faire des détritus abandonnés par des alpinistes visiblement pas tous respectueux de l’environnement dans lequel ils évoluent. Récemment, le défi du youtubeur français Inoxtag de grimper au sommet de l’Everest a réveillé les critiques autour de cette course à la hauteur qui impacte la montagne reine. Selon les étudiants travaillant sur ce projet, les campagnes de nettoyage consistent «en général à descendre une part des déchets un peu plus bas», expliquent-ils sur leur site.
Baptisé «Tri-haut pour l’Everest», leur projet a été lancé en 2020 et est repris chaque année de nouveaux étudiants. Cette année, l’équipe étudiante est composée de cinq élèves ingénieurs de l’INP-Ense et architectes de l’ENSAG à Grenoble. Ils espèrent entrer cet été dans sa phase opérationnelle malgré les obstacles techniques et bureaucratiques. Réalisé en concertation avec les organismes locaux, notamment le Sagarmatha Pollution Control Comittee (SPCC), il prévoit la transformation sur place d’une partie des plastiques en petits objets ou figurines de yacks et le transport du reste vers Katmandou pour y être revalorisé.
- Un nouveau délai administratif
Mais que ce soit le choix final du site, l’alimentation des machines dans une zone peu électrifiée et dépourvue d’accès routier ou la bureaucratie népalaise, rien n’est simple, admet l’équipe arrivée en janvier au Népal et qui vient juste d’être informée d’un nouveau délai. Dans l’attente d’une autorisation liée au statut de parc national de la zone, la construction du centre de tri ne pourra commencer qu’en juillet, quand les étudiants seront déjà rentrés en France, explique Clémence Sangouard, jointe par téléphone de Pangboche. «On est un peu déçus de ne pas pouvoir mettre la main à la pâte au niveau de la construction», reconnaît l’étudiante-ingénieure. «On ne s’attendait pas à faire autant d’administratif, on a découvert les démarches au fur et à mesure. Mais on a posé des fondations assez solides, ce qui fait que le projet ne peut être que durable», relativise-t-elle. L’équipe française ambitionne toujours une mise en service à l’été 2025..
. Cette image prise en 2023 montre un sherpa népalais ramassant des déchets laissés par les alpinistes grimpant l'Everest et notamment de très nombreuses bouteilles de gaz abandonnées dans la montagne. - Namgyal Sherpa/AFP (Voir photo sur site ci-dessous)
Au moins 400 alpinistes devraient tenter l’ascension de l’Everest ce seul printemps, a indiqué le mois dernier l’Association des opérateurs d’expédition au Népal. La saison est déjà bien lancée et sur le sentier menant au camp de base, «c’est l’autoroute», confirme Clémence Sangouard. Conscientes du problème, les autorités népalaises ont récemment annoncé que les alpinistes devraient désormais se munir de sacs biodégradables pour rapporter leurs excréments, jusqu’ici laissés sur place.
Photo: Les déchets s'accumulent sur le chemin menant au sommet de l'Everest, comme ici autour du camp 4. Des étudiants français tentent d'installer un centre de tri à Pangboche, village situé à 4.000 m d'altitude. - AFP / AFP
C. A. avec AFP
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Posté Le : 02/05/2024
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : C. A. avec AFP - Publié le 27/04/2024
Source : 20minutes.fr