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Planète (Antarctique) - C'est reparti: Le plus gros iceberg du monde s'est remis en mouvement dans l'océan



Planète (Antarctique) - C'est reparti: Le plus gros iceberg du monde s'est remis en mouvement dans l'océan


Prisonnier d'un vortex marin depuis le printemps dernier, le plus grand iceberg du monde est de nouveau en mouvement, ont annoncé les scientifiques du British Antarctic Survey. Dénommé "A23a", le géant de glace de 3.800 km² laisserait dans son sillage des nutriments précieux pour la vie océanique.

Son parcours évoque le jeu "Un, deux, trois, soleil!". L'iceberg A23a s'est détaché de l'Antarctique en 1986, mais il s'est rapidement figé dans la mer de Weddell (océan Austral). Le meneur imaginaire de la partie, lui, n'était pas pressé: il aura en effet fallu une trentaine d'années avant que le géant de glace ne puisse se remettre en mouvement.

À partir de 2020, les glaciologues ont donc pu suivre son avancée. Sauf qu'au printemps 2024, patatras: A23a s'est mis à tourner sur place. L'iceberg se trouvait en effet pris dans une 'colonne de Taylor", un type de vortex marin, près des îles Orcades du Sud.

Néanmoins, après de longs mois d'attente, le voilà enfin sorti de cette colonne d'eau en rotation, a annoncé le British Antarctic Survey (BAS) le 13 décembre. Sa trajectoire le mène actuellement vers le nord, affirment les scientifiques britanniques.

- Le destin funeste de l'iceberg

Avec sa surface de 3.800 km², équivalente à près de la moitié de la Corse, A23a a détenu le titre de "plus grand iceberg actuel" à plusieurs reprises, parfois détrôné par des icebergs plus étendus mais à la durée d'existence plus brève, notamment A68 en 2017 et A76 en 2021, rappelle CNN.

L'iceberg massif devrait ainsi finir par quitter l'océan Austral pour entrer dans l'océan Atlantique. Là-bas, il rencontrera des eaux plus chaudes et se brisera alors en icebergs plus petits, avant de fondre et de disparaître totalement, anticipent les chercheurs.

"Il est passionnant de voir A23a se déplacer à nouveau après avoir été bloqué pendant un certain temps", se réjouit le Dr Andrew Meijers, co-responsable du projet OCEAN:ICE au BAS (communiqué). "Nous sommes curieux de voir s'il suivra la même route que les autres grands icebergs qui ont vêlé au large de l'Antarctique. Et surtout, quel sera l'impact sur l'écosystème local", ajoute-t-il.

Dans son sillage, le géant de glace devrait laisser un héritage précieux pour la vie marine. "Nous savons que ces icebergs géants peuvent fournir des nutriments aux eaux qu'ils traversent, créant ainsi des écosystèmes florissants dans des zones autrement moins productives", assure la biogéochimiste Laura Taylor, membre de l'équipage de l'expédition BIOPOLE (communiqué).

"Ce que nous ignorons, c'est la différence que des icebergs particuliers, leur taille et leur origine peut faire dans ce processus", précise-t-elle. Les échantillons d'eau prélevés par son équipe à proximité de A23a l'année passée devraient permettre d'apporter des réponses à cette interrogation.

- Hausse du niveau des mers

S'il est peu probable que la fonte d'A23a contribue à l'élévation du niveau des mers, cet iceberg s'étant en effet détaché dans le cadre du "cycle naturel de croissance de la plate-forme glaciaire", le changement climatique entraîne toutefois des bouleversements en Antarctique, note CNN, avec des "conséquences potentiellement dévastatrices" en termes de montée des eaux à l'échelle mondiale.

Le dernier rapport du British Antarctic Survey sur l'état de la glace de mer en Antarctique, publié en mai dernier, indique que des niveaux "historiquement bas" ont été mesurés en 2023, complète El Mundo. Plus précisément, l'étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters indiquait un écart négatif de deux millions de kilomètres carrés de glace par rapport à un hiver "normal".


NASTASIA MICHAELS
Journaliste rédactrice web Environnement GEO.fr

Voir ses publications / Sur site: https://www.geo.fr/environnement/c-est-reparti-le-plus-gros-iceberg-du-monde-s-est-remis-en-mouvement-dans-l-ocean-vortex-marin-a23a-223723

Avant de devenir journaliste scientifique et de publier ses articles dans la rubrique Environnement de GEO.fr ainsi que dans les pages du magazine GEO, Nastasia a côtoyé les chercheuses et les chercheurs dans le cadre de plusieurs stages réalisés au sein des laboratoires du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. Désireuse de transmettre ses connaissances, elle a complété son Master 2 en "Ecologie, Biodiversité, Evolution" à Sorbonne Université (ex Université Pierre et Marie Curie - Paris VI) par un Master 2 en "Journalisme et communication scientifiques" à l'Université de Paris (ex Paris Diderot). À travers ses nombreux voyages en Afrique, en Amérique centrale et en Asie, elle a développé un vif intérêt pour les relations entre les sociétés humaines et les écosystèmes, terrestres ou marins. Sa maîtrise de l'anglais (langue maternelle de son père) et de l'espagnol lui ouvrent l'accès à des sources d'information variées, principalement des publications scientifiques dans les domaines de la biodiversité, du climat ou de la botanique par exemple. La complexité du vivant la fascine chaque jour davantage.


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