Les faits: La Colombie figure comme le pays le plus dangereux pour les défenseurs de l’environnement selon le rapport annuel de l’ONG Global Witness, publié mardi 12 septembre. Une soixantaine d’entre eux y ont été tués en 2022, sur les 177 activistes assassinés dans le monde cette année-là.
Au moins 177 défenseurs de l’environnement ont été assassinés en 2022 dans le monde, dont une soixantaine en Colombie, pays le plus dangereux pour ces militants, selon le rapport annuel de l’ONG Global Witness publié mardi 12 septembre.
Bien que ce chiffre global soit légèrement inférieur à celui de l’année précédente (200 morts), «la situation ne s’est pas améliorée de manière substantielle» dans le monde, et la moyenne d’un activiste tué tous les deux jours s’est maintenue, a commenté l’organisation britannique.
- Actions insuffisantes
En 2022, l’Amérique latine représentait 88 % de ces 177 victimes à l’échelle mondiale, dont 60 pour la seule Colombie, un chiffre qui a doublé par rapport à 2021. «Une fois de plus, les peuples indigènes, les communautés d’origine africaine, les petits paysans et les défenseurs de l’environnement ont été durement touchés dans ce pays d’Amérique du Sud», s’alarme Global Witness.
Depuis son arrivée au pouvoir en août 2022, le président de gauche Gustavo Petro s’est engagé à réduire les violences à l’encontre de ces activistes et autres leaders communautaires, mais ses actions ont été insuffisantes selon les ONG locales.
En proie à de multiples conflits armés depuis un demi-siècle, la Colombie a toujours été l’un des pays les plus meurtriers au monde pour les défenseurs de l’environnement. Elle connaît une recrudescence de la violence et un regain d’activisme des groupes armés presque toujours impliqués dans des activités illégales (narcotrafic, exploitation minière, trafic de bois…).
Ailleurs dans le monde, la défense de la nature a coûté la vie à 34 personnes au Brésil, 31 au Mexique, 14 au Honduras, et 11 aux Philippines.
- Enfants pris pour cible
«Il reste difficile de préciser les causes exactes de ces meurtres», reconnaît Global Witness, mais la plupart d’entre eux sont liés à l’agro-industrie, à l’exploitation minière et forestière, à l’accès à l’eau et au braconnage. Des enfants ont également été pris pour cible: «Trois au Brésil, un en Colombie et un au Mexique. Trois d’entre eux étaient des indigènes», selon le rapport.
Exemple emblématique du harcèlement dont sont victimes les défenseurs de l’environnement, la vice-présidente actuelle du pays, l’afro-colombienne Francia Marquez, lauréate du prix Goldman 2018 – souvent comparé à un Nobel de l’environnement – a reçu de multiples menaces et a été la cible de plusieurs attaques dans ses années de militantisme.
En 2019, avant son arrivée au pouvoir, elle a survécu à une attaque à la grenade et à des tirs pour avoir défendu l’accès à une eau propre pour des communautés noires victimes de l’exploitation minière illégale.
- Amazonie meurtrière
La forêt amazonienne (étendue sur huit pays), dévorée par l’exploitation forestière et les incendies criminels pour faire place à l’élevage de bétail, a également connu une année 2022 meurtrière pour les défenseurs de l’environnement.
«L’année dernière, 39 défenseurs y ont trouvé la mort. Parmi eux, 11 appartenaient à des communautés indigènes», selon Global Witness. «Année après année, ceux qui défendent ce biome (…) laissent leur vie pour protéger leurs maisons, leurs moyens de subsistance et la santé de notre planète», avertit l’ONG.
En 2022, l’assassinat du journaliste britannique Dom Phillips et de l’expert indigéniste brésilien Bruno Pereira en Amazonie brésilienne est devenu un symbole de la violence croissante dans cette région où opèrent les trafiquants de drogue, les mineurs illégaux et les braconniers.
Au Brésil, les écologistes ont dû faire face à une «hostilité implacable» de la part de l’ex-président Jair Bolsonaro (2019-2022). Et le Mexique, pays le plus meurtrier en 2021, «a enregistré une baisse notable», passant de 54 à 31, mais la situation y reste «alarmante», juge l’ONG.
« Au moins 1.910 défenseurs de la Terre et de l’environnement ont perdu la vie dans le monde entier depuis que Global Witness a commencé à documenter ces assassinats en 2012», rappelle ce nouveau rapport. Sur ce total, 70 % ont été enregistrés en Amérique latine.
Photo: La Colombie figure comme le pays le plus dangereux pour les défenseurs de l’environnement selon le rapport annuel de l’ONG Global Witness publié mardi 12 septembre. RAUL ARBOLEDA/AFP
La Croix (avec AFP)
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Posté Le : 18/09/2023
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : La Croix (avec AFP), le 13/09/2023
Source : https://www.la-croix.com/