Sept espèces de tortues marines vivent dans les océans du monde, à l’exception de l’océan Arctique. Elles sont toutes considérées comme vulnérables ou menacées. La Liste rouge de l’UICN les classe dans les statuts de conservation vulnérable (EN), en danger critique (CR) et en danger critique d’extinction (CR). Des efforts de conservation sont déployés par des gouvernements, des organismes et des ONG pour améliorer leur statut. Détails.
Partout, elles sont victimes des mêmes menaces. A leur tête, la pêche pour l’alimentation humaine mais aussi par les prises accidentelles dans les engins de pêches, chaluts et hameçons.
Les transports maritimes et les sports nautiques viennent en seconde position par les collisions qui, à plus de 4 km/h, provoque des blessures et par la suite la mort. Vient ensuite la pollution des océans avec les sachets en plastique et les boules de mazout qu’ingèrent et asphyxient les tortues qui les prennent pour des méduses, leur nourriture favorite.
Les tortues ont des prédateurs, mais ils ne représentent qu’une insignifiante fraction des causes de leur disparition. Les tortues sont ovipares. Les œufs, environ une centaine, sont déposés dans des nids à terre sur des plages sableuses par les femelles qui reviennent ainsi sur leur lieu de leur naissance ou aller vers de nouveaux si nécessaire. C’est dans cette phase terrestre de leur vie que les tortues sont les plus vulnérables.
Le développement côtier, en grande partie avec des activités touristiques, ont des effets dévastateurs sur les zones de nidification. C’est la principale cause de la baisse drastique des effectifs de tortues marines à laquelle aujourd’hui on additionne le changement climatique et sa hausse de température qui influence l’incubation des œufs.
En Méditerranée, mer fermée de 2,5 km, un peu plus le territoire algérien, dont les rives de 21 pays et longues de 48.000 km ont été livrées au tourisme de masse, est aussi une voie maritime très dense. La situation des 3 espèces de tortues méditerranéennes, la T. Caouane, la T. Verte et la T. Luth, toutes 3 classées vulnérables, est préoccupante, car les effectifs sont en déclin constant depuis plusieurs années. Deux seulement se reproduisent fréquentent ou fréquentaient les plages de la Mare Nostrum.
L’Union internationale pour la conservation de la Nature (UICN) vient à cet égard de lancer un appel en direction des décideurs et des gestionnaires pour une plus grande attention pour les sites de reproduction des tortues de la mer Méditerranée. On estime qu’il y aurait 8.000 œufs pondus chaque année dans le seul bassin oriental de la Méditerranée (Grèce) par la tortue caouanne, la plus petite des espèces qui atteint toutefois 1 m de long et 200 kg. Les zones de ponte de la tortue verte sont encore plus à l’est, Chypre, Turquie, Egypte où on estime qu’elle pond 2.200 œufs chaque année.
La population actuelle de tortues qui nidifient en Méditerranée a colonisé cette mer il y a environ 10.000 à 12.000 ans, après le retrait de la dernière période glaciaire). La colonisation provenait des populations de l’Atlantique et jusqu’à l’ère actuelle, un grand nombre de tortues caouannes nées en Floride, entrent en Méditerranée au stade juvénile. Elles sont génétiquement différentes de celles nées en Méditerranée.
- Les côtes algériennes désertées
Des auteurs ont signalé depuis fort longtemps la présence des tortues marines sur les côtes algériennes. Des nids de caouanne ont été signalés à plusieurs reprises sur la côte ente Annaba et El Kala en 1980, à Ghazaouet en 1982, dans l’Oranais en 1988.
Encore de nos jours, il y a des captures et des échouages, mais plus d’observations de nidification depuis au moins 40 ans, à quelques exceptions près. Pour la tortue luth, le signalement le long des côtes algériennes est très ancien. Il remonte à 1789 par une observation de l’Abbé Poiret, naturaliste français en voyage dans l’est du pays, qui note que la tortue luth était très commune le long «des côtes de Barbarie».
La nidification d’une tortue est étonnante, c’est un des grands spectacles de la nature. Dans notre région, entre juillet et août, la femelle, qui ne sort de l’eau que la nuit s’assurant au préalable qu’il n’y pas de signe de danger ou d’une présence quelconque, traverse la plage pour aller au plus haut, là où le sable est le plus sec, en laissant des traces impressionnantes.
Avec ses pattes arrières, elle creuse un trou d’un mètre de profondeur et y dépose une centaine d’œufs qu’on prendrait pour des balles de tennis de table. On peut à ce moment-là s’approcher de l’animal, prendre des photos, des mensurations et installer éventuellement une balise. Un spectacle nocturne rigoureusement encadré que des pays ont mis à profit pour financer leurs actions de conservation.
De nombreuses conventions internationales, auxquelles l’Algérie a adhéré, protègent les tortues marines et leurs habitats terrestres et marins. La plus contraignante pour les pays méditerranéens est La convention de Barcelone (1975). Depuis 1995, le FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a érigé un code de conduite pour une pêche responsable qui oblige les États à mener des actions pour obtenir une pêche durable.
En dehors des organisations internationales, de nombreux gouvernements et associations non gouvernementales mènent des actions en faveur des tortues marines. Ils interviennent en mettant sous protection les habitats et les lieux de ponte existants mais font en sorte d’en favoriser de nouveaux. En Tunisie, on a observé de nouveaux lieux de ponte.
Les acteurs sur place agissent pour réduire les menaces, notamment celles provoquées par les activités touristique et la navigation. Des fermes d’élevage de tortues marines ont également fait leur apparition dans l’océan Indien, le Pacifique.
La législation algérienne protège les tortues marines par le décret exécutif n° 12-235 du 24 mai 2012 qui fixe la liste des espèces animales non domestiques protégées où sont portées les trois tortues les plus fréquentes en Méditerranée: la tortue verte (Cheloniamydas), la tortue luth (Dermochelyscoriacea) et la tortue caouanne (Carettacaretta).
Depuis 2018, à Dubaï, la COP 16 de la Convention de Ramsar relative aux zones humides a adopté la Résolution XIII.24 «Renforcement de la conservation des habitats côtiers des tortues marines et désignation au titre de Ramsar des sites à enjeux majeurs».
Deux sites Ramsar algériens entrent dans cette catégorie, le lac Mellah à El Kala et le lac de Beni Bélaïd à Jijel. On devrait peut-être se dépêcher de commencer par là.
Slim Sadki
environnement@elwatan-dz.com
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Posté Le : 24/04/2022
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Slim Sadki
Source : https://elwatan-dz.com publié le jeudi 21 avril 2022