Algérie - Parc et sites naturels, zone humides

Planète (Afrique) - Montagnes d’Algérie: Un patrimoine naturel à préserver



Planète (Afrique) - Montagnes d’Algérie: Un patrimoine naturel à préserver


Le 11 décembre marque la célébration de la Journée internationale de la montagne, une occasion dédiée à la reconnaissance de l’importance des montagnes pour la planète et ses habitants.

Ces régions, qui couvrent environ 27% de la surface terrestre, abritent près de 15% de la population mondiale, fournissent des ressources vitales, comme l’eau douce, la biodiversité et le bois, et jouent un rôle essentiel dans la régulation des climats locaux et mondiaux.

Cette année, le thème «Solutions de montagne pour un avenir durable» met en évidence l’innovation, l’adaptation et l’engagement des jeunes pour relever les nombreux défis auxquels sont confrontées ces régions.

En Algérie, les montagnes, qui s’étendent des massifs du Nord jusqu’aux reliefs majestueux du Hoggar au Sud, incarnent un patrimoine naturel et culturel exceptionnel. Elles jouent un rôle central dans la régulation des ressources en eau, le maintien de la biodiversité et la préservation des traditions locales.

Cependant, elles sont aujourd’hui menacées par une combinaison de facteurs environnementaux et anthropiques. Les effets du changement climatique, associés aux pressions humaines, avec un tourisme de masse incontrôlé menaçant à la fois des espèces protégées exacerbent leur fragilité et mettent en péril leur équilibre écologique.

Les montagnes du Djurdjura et des Aurès, par exemple, sont des foyers de biodiversité unique. Patrimoine mondial de l’Unesco, ces massifs abritent des espèces endémiques, comme le cèdre de l’Atlas ou le mouflon à manchettes, qui représentent non seulement des symboles de la richesse naturelle de l’Algérie, mais aussi des éléments clés pour les écosystèmes locaux.

- La déforestation, l’autre menace

Malheureusement, ces trésors naturels font face à des menaces grandissantes. Les incendies de forêt, souvent provoqués par des activités humaines imprudentes, détruisent chaque année des milliers d’hectares de couvert végétal. Ces feux, amplifiés par des périodes de sécheresse et des températures élevées, perturbent l’habitat de nombreuses espèces et aggravent la dégradation des sols.

Les campagnes de sensibilisation menées et initiées dans le but de réduire et de lutter contre ces deux fléaux n’ont pas donné les résultats escomptés. La déforestation, qu’elle soit causée par l’exploitation illégale du bois ou par l’expansion urbaine incontrôlée, à l’image de la station climatique de Tikjda pratiquement urbanisée avec l’extension des réalisations en béton, constitue une autre menace majeure pour les montagnes algériennes.

En réduisant les forêts, on expose les sols à l’érosion, on perturbe les cycles hydrologiques et on réduit la capacité des écosystèmes à stocker le carbone, aggravant ainsi les effets du changement climatique.

A cela s’ajoute le problème de l’urbanisation anarchique. Dans des régions comme dans le Djurdjura ou les Aurès, les «villages traditionnels», qui coexistaient harmonieusement avec leur environnement, sont envahis par des constructions modernes souvent illégales.

Ces infrastructures, mal planifiées, altèrent les paysages, perturbent les écosystèmes et mettent en péril les moyens de subsistance des populations rurales.

Le tourisme, qui pourrait être un levier pour le développement des régions montagneuses, devient parfois un facteur de destruction lorsqu’il n’est pas encadré de manière durable.





Photo: D. R.

Amar Fedjkhi




Parc national du Djurdjura/Patrimoine forestier en péril - Le camping interdit à Tikjda: Les campings sauvages et les aventures non encadrées sur les hauteurs de la station climatique de Tikjda, joyau naturel situé au cœur du Parc national du Djurdjura (PND), sont désormais strictement interdits. Cette décision, prise par le wali de Bouira, Lamouri Abdelkrim, et adressée aux directeurs du tourisme à l’échelle nationale, marque un tournant dans la gestion de cette zone sensible. Ni les agences de voyages ni les groupes organisés ne sont désormais autorisés à y organiser des séjours de camping. Ce site exceptionnel, classé réserve mondiale de biosphère par l’Unesco, est confronté à des défis de plus en plus préoccupants. Tikjda, particulièrement prisée en période hivernale, accueille chaque année des milliers de touristes, de clubs sportifs et de randonneurs venus des quatre coins du pays pour profiter de ses paysages et pratiquer le bivouac. Cependant, cette fréquentation massive s’accompagne de nombreux problèmes. Des randonneurs mal préparés s’égarent fréquemment dans des zones difficilement accessibles, mettant leur vie en danger et sollicitant les agents de la Protection civile pour des sauvetages souvent délicats. Ces derniers, déjà surchargés par des interventions liées aux accidents de la circulation, peinent à gérer cette charge supplémentaire. Au-delà des enjeux de sécurité, c’est la dégradation du patrimoine naturel du Parc national du Djurdjura qui préoccupe les autorités et autres défenseurs de l’écosystème du site. Longtemps victime d’un urbanisme anarchique et de constructions non réglementées, la station climatique de Tikjda est aujourd’hui gravement fragilisée. Des «bâtiments» en béton empiètent sur des espaces autrefois préservés, altérant irrémédiablement son écosystème unique. Cette situation appelle à des mesures urgentes pour freiner l’érosion de ce patrimoine naturel exceptionnel. Si l’interdiction des campings sauvages constitue une première étape, elle ne saurait suffire à elle seule. Pour relever les défis auxquels fait face Tikjda, les pouvoirs publics doivent adopter une gestion touristique durable et réfléchie. S’inspirer des pratiques mises en œuvre dans d’autres parcs nationaux et stations climatiques à travers le monde pourrait être une voie à suivre. La relance du projet des remontées mécaniques, combinée à des investissements ciblés dans des infrastructures respectueuses de l’environnement, pourrait transformer Tikjda en un modèle de tourisme responsable. (Amar Fedjkhi/El Watan du lundi 30 Déc 2024)
Karaali Abdelouahab - Forestier en retraite - Constantine, Algérie

30/12/2024 - 567184

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