Madagascar est sans conteste l’un des pays les plus menacés par les effets du changement climatique. Cyclones dévastateurs de plus en plus fréquents à l’est et au nord, sécheresse intense récurrente dans le sud, inondations meurtrières dans le centre, ou encore montée des eaux sur les côtes, comme vous allez l'entendre, à Saint-Augustin, dans le Grand Sud malgache. Face à cela, des figures de proue de la jeunesse militante et combattive en matière environnementale s'organisent pour limiter les effets de ces catastrophes climatiques.
Chaque jour, dès 3h du matin, Vaoavy et Manantsoa prennent le large à bord de leur pirogue à voile. En 12 ans de métier, ces deux pêcheurs ont observé des changements indéniables sur leurs côtes. «Avant, il y avait beaucoup de poissons. On capturait environ 50 à 60 kg par jour. Ça remplissait quasiment tout le bateau. Aujourd’hui, on n’est plus qu’à 2 ou 4 kg», explique le premier. «Ces dernières années, la météo a changé. La mer est souvent très agitée, ce qui nous empêche de jeter nos filets», continue son collègue. «La mer a aussi monté: elle recouvre des parties de côte qui ne l’étaient pas avant», précise Vaoavy. «Les gens ont d’ailleurs dû déplacer leur maison», affirme Manantsoa.
«Tout le monde est acteur du changement climatique, mais aussi acteur de la résilience»
Pour ces pêcheurs, les impacts sont réels. Anja Radoharinirina, activiste environnementale et coordinatrice nationale de l'Alliance nationale Aika, encourage cependant la population malgache, à ne pas se considérer uniquement comme victime, mais à agir, coûte que coûte, même à son petit niveau. «Quand on parle du changement climatique, on pense que ça se joue à l'échelle qui nous dépasse. À l'échelle internationale, où l’on parle de politique, de stratégie, de financement et de décisions et de négociations. On se dit aussi que nous ne sommes pas les plus gros pollueurs de la planète. C’est vrai. Mais en fait, ça doit se jouer à notre échelle, là où on est, puisque tout le monde est acteur du changement climatique, mais aussi acteur de la résilience.»
Éduquer les enfants, les sensibiliser, pour Anja, c’est la clé de voute pour des effets positifs en chaîne. «Je suis convaincue que c'est en transmettant l'amour pour la nature, en transmettant cette flamme pour la protection de l'environnement à nos enfants, à nos voisins, que nous contribuons à changer les choses. Un enfant ne peut pas respecter l'environnement s’il n'aime pas la nature, s’il ne sait pas nommer les arbres ou les animaux de la forêt, s’il ne sait pas à quoi ressemble un Maki ou un Sifaka. Donc moi, je dis, un des petits gestes que tu peux faire, c’est éduquer ton enfant à aimer l’environnement, à aimer le fait de vivre dans un lieu qui soit salubre, propre, pour qu'ensuite, il aille réclamer et œuvre pour vivre dans les mêmes conditions, quand il sera adulte.»
La jeune femme encourage évidemment la population à adopter les écogestes s’ils ne sont pas déjà entrés dans les habitudes: fermer les robinets, planter des arbres autour de son habitation, reverdir son quartier, sa région, pour permettre de raviver les sols, capter les pluies. Mais elle encourage surtout d’abandonner son défaitisme.
Photo: Pêcheurs traditionnels Vezo, dans le sud-ouest de Madagascar. © Laetitia Bezain/RFI
Par RFI avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
Posté Le : 30/12/2024
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par RFI avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
Source : https://www.rfi.fr/fr/environnement