A l'est du Kenya, une girafe sauvage à la robe blanche vient d'être équipée d'un GPS. Avec ce dispositif, les autorités espèrent protéger le spécimen rare des braconniers qui ont tué deux de ses congénères en mars dernier.
La seule girafe blanche connue au monde est désormais sous haute surveillance. Au Kenya, une opération vient d'être menée pour équiper le spécimen d'un GPS. Installé sur l'une de ses cornes, le dispositif est programmé pour envoyer la localisation du mâle toutes les heures et permettre ainsi aux gardes-forestiers de le suivre à la trace.
Grâce à cette initiative, les responsables de la Ishaqbini Hirola Community Conservancy - où la girafe se trouve - espèrent la protéger du triste sort qui a frappé ses congénères. Car le spécimen n'a pas toujours été seul. Trois girafes réticulées blanches étaient dénombrées dans cette région située à l'est du pays, près de la frontière avec la Somalie.
Il s'agissait d'une femelle observée depuis 2017 et de ses petits, deux mâles, le dernier né en août 2019. Les trois individus montraient la même particularité - une robe blanche arborant des taches très claires - due à une anomalie génétique appelée leucisme ou leucistisme.
Comme l'albinisme, ce trouble affecte la pigmentation de la peau, des poils, etc. mais à la différence du premier, il n'aboutit pas à des individus dépourvus de toute coloration. C'est cette même anomalie qui est responsable de la couleur des tigres blancs et de certains spécimens observés en pleine nature telle que l'orque repérée en août dernier.
- Tués par des braconniers
Malheureusement, le mâle est le dernier survivant du groupe de la réserve de Garissa. En mars dernier, la Ishaqbini Hirola Community Conservancy a annoncé que la femelle et son dernier petit de sept mois avaient été tués par des braconniers et que leurs corps avaient été retrouvés à l'état de squelette.
"Cette tuerie est un coup dur pour les mesures importantes prises par la communauté pour préserver des espèces rares, et un appel à la vigilance pour un soutien continu aux efforts de protection", avait commenté Mohammed Ahmednoor, le directeur de l'association qui réunit plusieurs communautés de la région.
C'est pour protéger la dernière girafe blanche du braconnage que l'association a décidé de renforcer sa surveillance, avec l'aide du Kenya Wildlife Service et d'autres partenaires dont le Northern Rangelands Trust et l'ONG Save Giraffes Now. L'installation du GPS a eu lieu le 8 novembre dernier.
"Nous sommes reconnaissants de l'aide immense fournie par le KWS, Save Giraffes Now and le Northern Rangelands Trust en faveur des efforts de la communauté pour préserver les espèces menacées", a expliqué dans un communiqué, Ahmed Noor, responsable de la Ishaqbini Hirola Community Conservancy.
"La zone de pâturage de la girafe a bénéficié de bonnes pluies ces derniers temps et la végétation abondante est de bon augure pour le futur du mâle blanc" qui est encore un sub-adulte, a-t-il poursuivi.
- Une population en déclin
Comme d'autres animaux emblématiques de la savane, les girafes n'échappent pas au déclin de leur population, favorisé par le braconnage et la disparition de leur habitat. A l'échelle du continent, leurs effectifs ont diminué de quelque 40% entre 1985 et 2015, selon l'Union internationale pour la protection de la nature (IUCN).
Auparavant "préoccupation mineure", l'espèce Giraffa camelopardalis est depuis 2016 classée "vulnérable" par l'UICN qui estime la population à quelque 68.000 individus. Mais la situation de certaines sous-espèces s'avère plus préoccupante que d'autres. La girafe réticulée et la girafe de Nubie, par exemple, ont décliné de 60 et 97% respectivement.
En août dernier, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) qui régit les ventes internationales d'espèces sauvages, a décidé d'introduire la girafe dans son annexe II, afin de réguler son commerce et renforcer sa protection.
Photo: Ce mâle est la dernière girafe blanche de la réserve de Garissa dans l'est du Kenya. © Ishaqbini Hirola Community Conservancy/NRT
Par Emeline Férard
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Posté Le : 19/11/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Emeline Férard - Publié le 18/11/2020
Source : https://www.geo.fr/