Algérie - Ecologie

Planète (Afrique) - Ghana: face à la montée des eaux, l’enjeu de la préservation des mangroves



Planète (Afrique) - Ghana: face à la montée des eaux, l’enjeu de la préservation des mangroves


REPORTAGE. Alors que l’érosion côtière, l’urbanisme et le dérèglement climatique frappent fort les côtes ghanéennes, le pays se lève pour sauver ses mangroves.

Au Ghana, l'érosion des côtes est officiellement reconnue comme un enjeu environnemental national. Un quart des 31 millions d'habitants de ce pays d'Afrique de l'Ouest vit sur le littoral, qui s'étend sur près de 550 kilomètres. Un écosystème est unanimement reconnu pour son rôle contre l'érosion côtière: la mangrove.

À l'est de la capitale ghanéenne, Accra se trouve à l'embouchure du fleuve Volta. Les eaux de l'océan Atlantique rencontrent celles du fleuve et encerclent pratiquement certaines parcelles de terre. Plus au nord, le plus grand lac artificiel du monde s'étend sur environ 8.500 km2. Il y a quelques années, un petit village non loin de l'embouchure a fait l'actualité: englouti par les eaux, il a rappelé la vulnérabilité de la lagune de Keta et des côtes est-ghanéennes face à l'érosion côtière, un phénomène naturel qui s'accélère avec la montée du niveau des mers, conséquence du réchauffement climatique.

Les populations en sont les premières victimes: «Elles perdent leurs habitations, mais aussi leurs principales sources de revenus», explique Kwasi Appeaning-Addo, directeur de l'Institut d'études environnementales et d'assainissement à l'université du Ghana. Les résultats de ses recherches par comparaison d'images satellites montrent qu'entre 2005 et 2017, 37 % des terres côtières ghanéennes ont disparu avec l'érosion et les inondations. La pêche comme les activités touristiques sont menacées. Selon l'Unesco, certains forts historiques ont aussi été dégradés par la montée des eaux.

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- La mangrove: un écosystème essentiel le long des côtes

Près de l'embouchure du Volta, à Ada-Foah, Noah est guide touristique. Il manœuvre sa pirogue dans les cours d'eau étroits qui séparent de petites îles de végétation. À bord se trouve un groupe de quelques touristes venus observer une forêt bien particulière: une mangrove. Les arbres qui composent cet écosystème sont des palétuviers. Reconnaissables à leurs longues racines sortant de l'eau, ils sont encore nombreux à Ada-Foah.

Noah explique que les habitants viennent régulièrement en couper: le bois est utilisé pour construire les habitations ou certains filets de pêche. Les mangroves ont une autre qualité aux yeux des populations côtières: elles sont l'habitat de plusieurs espèces de poisson comme le tilapia. Ceci est particulièrement intéressant pour les pêcheurs, à l'heure où le poisson vient parfois à manquer, notamment à cause de la surpêche. Au Ghana, près de 10 % de la population dépend des activités liées à la pêche.

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- Une action naturelle contre une érosion grandissante

La communauté scientifique reconnaît un rôle crucial des mangroves contre les transformations climatiques en cours: «Elles protègent le littoral contre les tempêtes et réduisent l'intensité de fortes vagues érosives», explique le professeur Addo. Elles stockent également de grandes quantités de carbone. Toutefois, leur nombre diminue à l'échelle mondiale comme au Ghana. Leur utilisation par les populations côtières est loin d'en être la seule cause: la construction d'infrastructures sur le littoral implique souvent leur disparition.

Un fléau particulier accélérant l'érosion est relevé par John Manyimadin Kusimi, professeur associé au projet de recherche de l'université d'Harvard sur l'adaptation du golfe de Guinée au changement climatique. «Le long de la côte, énormément de sable est extrait par des gens travaillant pour l'industrie du bâtiment et de la construction. C'est une activité illégale», explique-t-il. La concentration des activités industrielles sur les côtes ghanéennes explique l'exploitation intensive des ressources naturelles du littoral.

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- D'autres solutions qui ne font pas consensus

À l'ouest d'Accra, les établissements touristiques s'alignent le long des côtes. La plupart d'entre eux ont fait installer de grandes pierres qui séparent les infrastructures de la plage, espérant ralentir l'érosion. Le professeur Kusimi confirme: «L'alignement des rochers en lui-même peut minimiser l'érosion.»

Le gouvernement ghanéen a, lui, opté pour une réponse qui fait débat: la construction de digues de défense en béton. Le risque: une réduction de la biodiversité locale, déjà menacée par les activités humaines. «Lorsqu'on introduit un élément artificiel dans un écosystème, on modifie sa dynamique. On ne peut pas lutter contre la nature. Il faut plutôt faire avec ce qu'elle comporte», critique Kwasi Appeaning-Addo. Son espoir: que la préservation des mangroves devienne une priorité dans les années à venir.

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Photo: Un garde forestier navigue dans la mangrove de la réserve naturelle de l'île Balouate dans le lagon d'Aby, à la frontière entre le Ghana et la Côte d'Ivoire, le 11 juin 2018. © SIA KAMBOU / AFP

Pour lire l'article dans son intégralité avec plus d'illustrations: https://www.lepoint.fr/afrique/ghana-face-a-la-montee-des-eaux-l-enjeu-de-la-preservation-des-mangroves-01-04-2023-2514489_3826.php

Par notre envoyée spéciale à Accra, Judith Renoult


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