Plus de 280 éléphants sont mystérieusement morts ces derniers mois au Botswana. Après avoir écarté l'anthrax et le braconnage, les premiers résultats des analyses menées suggèrent qu'ils pourraient avoir été victimes de toxines produites par des bactéries dans l'environnement.
Après des semaines d'enquête, le Botswana semble être sur la bonne piste pour résoudre la mort mystérieuse de centaines d'éléphants. Les premières carcasses ont été découvertes il y a trois mois dans la région du delta de l'Okavango, au nord du pays. Depuis, les décès se sont multipliés atteignant un total d'au moins 281 pachydermes, selon le département des parcs nationaux et de la faune sauvage du Botswana.
A partir des premières observations, les autorités ont rapidement exclu deux causes: l'anthrax (ou maladie du charbon) ainsi que le braconnage, les animaux ayant été retrouvés avec leurs défenses. Restait à déterminer la véritable cause de la mort des éléphants. Des échantillons de carcasses ont été envoyés pour analyses à des laboratoires de différents pays dont le Zimbabwe, l'Afrique du Sud et les Etats-Unis.
- Des toxines bactériennes en cause ?
Le gouvernement a reçu les premiers résultats de plusieurs tests et ils commencent à éclaircir le mystère. D'après Cyril Taolo, directeur du département des parcs nationaux et de la faune sauvage, ils ont indiqué qu'il était "très peu probable" que la mort des pachydermes ait été causée par un "pathogène infectieux", autrement dit une maladie infectieuse.
A l'inverse, les résultats préliminaires suggèrent que la cause pourrait être des toxines naturellement produites par des bactéries dans l'environnement et notamment dans les cours d'eau. "C'est un jeu d'élimination", a précisé à Reuters, Cyril Taolo. "Nous commençons par tester les causes les plus fréquentes et puis nous avançons vers des causes moins communes".
"Au vu de certains des résultats préliminaires que nous avons reçus, nous enquêtons maintenant sur des toxines naturelles comme cause probable", a-t-il confirmé à l'AFP. Les autorités attendent néanmoins les résultats d'autres tests toxicologiques avant de confirmer cette théorie. "Nous devons vérifier et corroborer ces résultats avec différents tests en laboratoire".
- Des éléphants faibles et désorientés
Les observations réalisées sur le terrain pourraient appuyer cette piste. D'après l'ONG Eléphants sans frontières (EWB) qui a signalé les premiers décès, les éléphants sont apparus faibles, léthargiques et émaciés avant de mourir. Certains ont également montré des difficultés à marcher, à se déplacer et à s'orienter.
"On a observé un éléphant tournant en rond et incapable de changer de direction en dépit des encouragements d'autres membres", a confié début juillet à l'AFP, Michael Chase, directeur de l'ONG. "Les carcasses sont celles d'animaux tombés sur leur sternum en marchant, ce qui est très inhabituel", a renchéri le biologiste Keith Lindsay, spécialiste de la préservation de la faune sauvage.
Situé entre la Zambie, la Namibie et l'Afrique du Sud, le Botswana abrite environ 130.000 éléphants en liberté, soit un tiers de leur population africaine connue. En 2019, au moins une centaine d'éléphants étaient morts, victimes de la sécheresse, en l'espace de deux mois dans le parc national de Chobe, le plus grand du pays.
Cette même année, le Botswana a créé la polémique en levant l'interdiction de la chasse aux éléphants. Une décision que le gouvernement a justifié en expliquant que la population de pachydermes avait augmenté, de même que leurs effets négatifs sur les revenus des agriculteurs et les conflits entre humains et éléphants.
Malgré les contestations, le pays a mis aux enchères en février dernier une première série d'autorisations permettant la chasse de 70 éléphants dans sept zones, parmi les plus impactées par les conflits. La crise sanitaire liée au Covid-19 a cependant conduit à une suspension temporaire de la pratique ces derniers mois.
Par Emeline Férard
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Posté Le : 06/08/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Emeline Férard - Publié le 04/08/2020
Source : https://www.geo.fr/