Au Kenya, une équipe mène actuellement une délicate opération de sauvetage pour aider huit girafes piégées sur une île à cause des inondations. Deux individus, une femelle adulte et une jeune prénommées Asiwa et Easter, ont déjà pu être transférées avec succès.
C'est une barge insolite qui a voyagé la semaine dernière sur un lac du Kenya. Une barge rudimentaire dont dépassait seulement la tête d'une girafe aux yeux masqués. L'individu, une femelle adulte, se prénomme Asiwa et ce périlleux voyage était une question de survie pour elle.
Comme d'autres espèces emblématiques du continent africain, les girafes ont subi un important déclin de leur population au cours des dernières décennies. Mais certaines sous-espèces sont plus affectées que d'autres. C'est le cas de la girafe de Rothschild (Giraffa camelopardalis rothschildi).
Selon les dernières estimations, quelque 1.600 spécimens demeurent à l'état sauvage, dont moins de 800 au Kenya. Asiwa est l'une d'elles. Elle fait partie d'un groupe de huit girafes évoluant sur l'île Longicharo sur le lac Baringo à l'ouest du pays. Une île qui fait partie d'une réserve naturelle, la Ruko Community Wildlife Conservancy.
- Piégées par les inondations
Les animaux ont été transférés à cet endroit en 2011 afin de recréer une population prospère. A cette époque, la péninsule était bien plus vaste et connecté au reste du territoire. Mais la montée des eaux et les inondations successives en ont peu à peu grignoté la surface jusqu'à la transformer en île.
Une partie des girafes s'est ainsi retrouvée pris au piège au milieu du lac où évoluent de nombreux crocodiles. Des rangers de la Ruko Community Wildlife Conservancy se sont régulièrement rendus sur place pour fournir de la nourriture supplémentaire aux mammifères et vérifier leur état de santé.
Alors que la menace de nouvelles inondations planait, les autorités ont finalement décidé d'agir avant qu'il ne soit trop tard. Le Kenya Wildlife Service s'est allié à la communauté locale, au Northern Rangelands Trust et à l'ONG Save Giraffes Now pour transférer Asiwa et ses congénères en lieu sûr.
"Nous nous sommes préparés pendant des mois pour cette opération, en faisant de notre mieux pour éliminer les risques pour les girafes", a expliqué à Gizmodo, David O’Connor, président de Save Giraffes Now. La délicate opération s'est centrée autour d'une pièce maîtresse: une barge construite à la main par la communauté Ruko.
- En route vers un nouvel habitat
"La structure en acier rectangulaire a été conçue spécialement pour transporter une girafe grande et lourde. La barge repose sur une série de fûts vides pour la flottaison. Des parois renforcées empêchent (la girafe) de s'en échapper pendant que la barge est manœuvrée lentement par des bateaux", a-t-il poursuivi.
Afin de préparer les girafes, l'équipe les a familiarisées à la vue de la barge en la laissant à proximité pendant quelques mois. Et puis le grand jour est arrivé. La femelle Asiwa, considérée comme la plus vulnérable car la plus isolée, a donc été la première à voyager. Après avoir été sédatée, elle a été guidée, les yeux masqués, jusqu'à l'embarcation.
Et l'opération s'est déroulée avec succès. "Nous avons transporté Asiwa sur plus de 1,5 kilomètre d'eaux infestées de crocodiles [...], et notre équipe a été là tout du long pour s'assurer qu'Asiwa allait bien", a raconté David O’Connor. Une fois la barge arrivée à destination, la girafe a été conduite, la tête encore masquée, vers la terre ferme.
La femelle a été transférée dans un nouveau sanctuaire établi sur 17,7 kilomètres carrés au sein de la réserve naturelle étendue sur 44.000 hectares. Un nouvel habitat auquel Asiwa semble bien s'adapter. "C'est un ÉNORME soulagement de voir Asiwa faire ses premiers pas dans sa nouvelle maison !", a réagi l'ONG sur sa page Facebook.
- Après Asiwa, place à Easter
Quelques jours après Asiwa, c'est une autre girafe qui a traversé le lac, une jeune femelle prénommée Easter (ou Pasaka) qui a pu être démasquée avant même de descendre de la barge. "Chaque girafe a sa propre personnalité", a précisé Susan Myers, fondatrice et directrice générale de Save Giraffes Now, citée sur Facebook.
"Certaines sont très timides quand d'autres sont plus braves et montent sur la barge immédiatement. C'est un processus laborieux et l'équipe a minutieusement réfléchi à l'entrainement", a-t-elle ajouté. Easter semble elle aussi bien s'adapter à son nouvel environnement et apporte de la compagnie à Asiwa qui était isolée depuis un an et demi.
Il reste désormais six girafes sur l'île Longicharo: quatre femelles adultes prénommées Nkarikoni, Nalangu, Awala et Nasieku, une jeune femelle appelée Susan et un mâle adulte Lbarnnoti. L'équipe espère les transférer au cours des prochaines semaines ou mois dans le sanctuaire protégé des prédateurs.
"Ceci constituera le protocole pour chaque girafe à déplacer. Une fois qu'elles seront installées, l'équipe de Ruko les libérera lentement dans des zones plus vastes du sanctuaire, où elles rejoindront d'autres girafes qui seront réintroduites dans le futur", a précisé l'ONG sur Facebook.
Par Emeline Férard
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Posté Le : 08/12/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Emeline Férard - Publié le 07/12/2020
Source : https://www.geo.fr/