Les membres du réseau de villes C40 villes, qui vise à lutter contre le réchauffement, se sont engagés, mardi 8 octobre, à «placer l’action climatique au cœur de toutes les prises de décision».
Ils comptent désormais parmi les invités incontournables de chaque sommet sur le climat. Mardi 8 octobre, à Copenhague, c’est l’Américaine Jamie Margolin, 17 ans, qui représentait les jeunes, à l’ouverture de la réunion du C40, un réseau composé de 94 des villes les plus puissantes du monde. S’adressant à leurs maires, la fondatrice du mouvement Zero Hour leur a donné le choix: «Soit vous faites ce qui est nécessaire (…), soit vous dégagez.»
A sa gauche, à la tribune, la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui préside le C40 depuis 2016, vient de reconnaître l’urgence climatique et d’annoncer un «Global Green New Deal» – «une nouvelle alliance verte». Puis, elle a passé la main à Eric Garcetti, le maire de Los Angeles, qui lui succède à la tête de l’organisation, créée en 2006 par l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone.
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L’élu démocrate, qui dirige la mairie de Los Angeles depuis 2013, promet de faire du Green New Deal la priorité de sa présidence à l’aube d’une décennie, qu’il annonce comme «déterminante pas seulement pour nos vies, mais la vie en soi des êtres humains sur cette planète».
En quoi consiste concrètement cette mobilisation des maires? Difficile, pour le moment, de le dire. En plus de «reconnaître l’urgence climatique mondiale», les édiles s’engagent à «maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C établi par l’accord de Paris», en agissant dans les secteurs des transports, du bâtiment et des déchets. Ils promettent aussi de «placer une action climatique inclusive au cœur de toutes les prises de décision» et d’inviter tous leurs partenaires – élus, PDG, syndicalistes, investisseurs et société civile – à les « rejoindre».
Un peu plus tôt, dans un communiqué, les maires du C40 ont présenté leur engagement comme «une réponse au blocage de l’action intergouvernementale par une minorité de gouvernements très puissants, niant la science, et servant les intérêts de l’industrie du pétrole». Dans ce même communiqué, Anne Hidalgo taclait «l’inaptitude» des dirigeants mondiaux à prendre les décisions nécessaires, «alors que le temps joue contre nous».
- Rôle central des villes
De leur côté, les villes ont déjà démontré qu’elles avaient un rôle central dans la lutte contre le réchauffement climatique et la transition écologique. Mardi, à Copenhague, trente des métropoles du C40 ont annoncé qu’elles avaient passé leur pic d’émissions de gaz à effet de serre, qui depuis ont baissé de 22 % en moyenne.
Parmi elles, Paris, Londres et Berlin, mais aussi New York, Madrid ou Sydney. Selon le GIEC, il faudrait que la courbe mondiale des émissions commence à baisser à partir de 2020 pour espérer ne pas dépasser l’objectif de 1,5 °C.
Autre bonne nouvelle: «Les solutions existent et sont déjà mises en place», a souligné Anne Hidalgo. Alors qu’ils étaient à peine plus d’une centaine en 2009, 66.000 bus électriques circulent désormais dans les villes du C40. Il existe des services de vélo en partage dans 82 d’entre elles. Vingt-quatre se sont engagées à ne plus utiliser que de l’électricité produite à partir d’énergie renouvelable d’ici 2030, dix-sept ont mis en place des régulations pour restreindre la circulation des véhicules les plus polluants…
Dans plusieurs pays, également, des villes ont souscrit à l’accord de Paris, s’opposant à la position des gouvernements nationaux. Aux Etats-Unis, «425 maires démocrates, républicains et indépendants, se sont engagés à l’appliquer», assure Eric Garcetti. Luiz Alvaro, secrétaire chargée des relations internationales à la mairie de Sao Paulo, complète: «Si le gouvernement brésilien s’entête à pas reconnaître l’état d’urgence climatique, les maires ne peuvent que le constater et agir avant qu’il ne soit trop tard.»
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Effet gilets jaunes? Les élus, qui vont échanger pendant trois jours à Copenhague, ont souligné l’importance de mener des actions contribuant à «améliorer le bien être de tous», y compris des plus modestes. Sans oublier non plus ces villes du monde entier qui, «même si elles ne sont pas des contributeurs majeurs aux causes du changement climatique, sont principalement impactées par ses conséquences», a rappelé Yvonne Aki-Sawyerr, la maire de Freetown (Sierra Leone), qui ne fait pas encore partie du C40.
Mardi soir, lors de la réception donnée dans le quartier de Refshaleoen, en face du port, des activistes du groupe «Klima Aktion DK» s’étaient donné rendez-vous pour accueillir les maires, avec des jumelles confectionnées à partir de rouleaux de papier toilette. Une façon de leur dire qu’ils étaient observés.
Photo: A la mairie de Copenhague, le 9 octobre. De gauche à droite : Jamie Margolin, la dondatrice du mouvement Zero Hour, Eric Garcetti, le maire de Los Angeles and Anne Hidalgo, la maire de Paris lors du C40. RITZAU SCANPIX DENMARK / REUTERS
Anne-Françoise Hivert (Copenhague (Danemark), correspondante régionale)
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Posté Le : 12/10/2019
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Anne-Françoise Hivert Publié le 10 octobre 2019
Source : https://www.lemonde.fr