Les 10 événements les plus meurtriers en 20 ans ont été aggravés par un réchauffement de 1,3 °C, selon WWA, qui rappelle qu’aucun pays n’est à l’abri.
Les 10 catastrophes climatiques les plus meurtrières des 20 dernières années ont fait plus de 570.000 morts, et toutes ont été intensifiées par le réchauffement climatique d'origine anthropique, selon une étude publiée jeudi 31 octobre par World Weather Attribution (WWA), une organisation scientifique spécialisée dans l'attribution d'événements extrêmes au changement climatique. Cette publication a lieu au lendemain d'inondations catastrophiques en Espagne, qui ont fait près de 100 morts dans la région de Valence.
«Notre étude montre que le climat est déjà incroyablement dangereux avec 1,3 °C de réchauffement», expliquent les chercheurs, selon lesquels «aucun endroit n'est à l'abri du changement climatique», de nombreuses victimes étant à déplorer «à la fois dans les pays riches et dans les pays pauvres». «Ce nombre total de victimes est une sous-estimation considérable, car des millions de victimes n'ont pas été décomptées dans les statistiques officielles», ajoutent-ils, estimant que «les morts des vagues de chaleur ne sont habituellement pas comptés dans de nombreux pays en développement très exposés aux températures élevées».
- La France largement touchée
«Le changement climatique n'est pas une menace lointaine, il a renforcé des catastrophes climatiques qui ont tué plus de 570.000 personnes», résume la climatologue britannique Friederike Otto, de l'Imperial College, cofondatrice et dirigeante du réseau international WWA. «La seule solution est d'arrêter de brûler des combustibles fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz», a poursuivi la scientifique durant une conférence de presse en ligne mardi 29 octobre.
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Le cyclone Nargis, qui a tué 138.000 personnes en Birmanie en 2008, la sécheresse de 2011 en Somalie, qui a fait 258.000 victimes, ou encore le typhon Haiyan, à l'origine de 7.000 morts aux Philippines en 2013, figurent côte à côte avec les trois grandes vagues de chaleur qui ont touché la France et l'Europe en 2015, 2022 et 2023 (94 000 morts au total) dans ce triste classement.
- Nous atteignons «les limites» de l'adaptation
Alors que ce bilan a été atteint avec le concours d'un réchauffement de 1,3 °C, les scientifiques rappellent que le monde est en route vers un réchauffement de 2,6 à 3,1 °C d'ici à 2100 et que la barre de 1,5 °C sera dépassée dès 2030. Le rapport conseille aux décideurs politiques de préparer leurs pays aux événements encore plus intenses à venir en installant des systèmes d'alerte précoce et en renforçant les infrastructures d'urgence. «Mais certains événements deviennent si extrêmes qu'il est impossible de s'adapter assez rapidement: les populations et les habitats atteignent leurs limites», avertissent les scientifiques.
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Malgré le nombre de morts et le lien scientifiquement prouvé avec le réchauffement climatique causé par les humains, les politiques de lutte contre le changement climatique ne disposent pas de fonds suffisants à l'échelle planétaire. Elles sont le plus souvent reléguées derrière les politiques de développement économique ou militaire sans que la mortalité et l'urgence climatiques soient prises en compte à leur juste gravité dans l'échelle des menaces pesant sur les populations.
Exemple extrême, avec un bilan au moins 190 fois inférieur à ces dix catastrophes climatiques, les attentats du 11 septembre 2001 (3.000 morts) ont été à l'origine de l'investissement de plus de 8.000 milliards de dollars par le gouvernement américain dans des guerres contre le terrorisme entre 2001 et 2021 (lesquelles ont causé 3,6 à 3,8 millions de décès directs et indirects), selon le décompte des «coûts de la guerre» tenu par l'université Brown.
«Lors d'une vague de chaleur catastrophique, les gens meurent en silence dans leur maison, ils ne se jettent pas d'un gratte-ciel en feu, ce n'est donc pas une surprise que leur mort soit perçue différemment», estime Friederike Otto. «Or il faut arrêter de penser le changement climatique comme étant un problème en plus, qui s'additionne au terrorisme, à l'inflation ou au coût de la vie, car il est lié à tous ces problèmes», poursuit la chercheuse. «Les politiques publiques, quelles qu'elles soient, doivent désormais toutes être jugées en fonction de leur utilité dans un monde plus chaud et contre le réchauffement: c'est la première et la plus importante des étapes dans la lutte contre les crises climatiques», tranche-t-elle.
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Photo: À Chimney Rock, en Caroline du Nord, le 10 octobre 2024, des dégâts importants ont été causés par les vents et les pluies de l'ouragan Helene. © Jack Gruber / SPUS/ABACA
Pour accéder et lire les articles ci-dessus: https://www.lepoint.fr/environnement/570-000-morts-malgre-l-urgence-les-catastrophes-climatiques-ne-sont-toujours-pas-une-priorite-31-10-2024-2574103_1927.php
Par Guerric Poncet
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Posté Le : 08/11/2024
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Guerric Poncet - Publié le 31/10/2024
Source : https://www.lepoint.fr/