Planète - 500 chauves-souris s'échappent d'un platane abattu à Strasbourg

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a recueilli environ 500 chauves-souris dont le refuge, un platane, a été abattu à Strasbourg. Elles sont nourries une à une par les soigneurs qui forcent l’admiration des spécialistes.

A cette époque de l’année, les chauves-souris sont en pleine hibernation. Mais quelques 500 d'entre elles ont été récemment dérangées lorsque le platane dans lequel elles avaient trouvé refuge à Strasbourg a été abattu.

Pour les sauver, le centre de sauvegarde de Rosenwiller (dans le Bas-Rhin) de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) les a recueillies.

Mais il n’est pas évident de les nourrir, explique Lauriane Perraud, l'une des deux salariées du centre.

"C'est un jeu de patience: elles sont craintives et ce n'est pas leur nourriture habituelle, cela peut prendre plus d'une demi-heure pour chacune".

Il faut dire que si le centre a déjà abrité des chauves-souris, il n’a jamais recueilli autant de ces petites bêtes d’un seul coup.

Sur place, une dizaine de bénévoles sont ainsi venus à la rescousse pour aider à les nourrir. Elles sont alimentées à tour de rôle avant d'être placées dans des caisses humidifiées, dans des conditions proches de celle de leur hibernation naturelle.

Il est en effet indispensable pour les sauver de leur faire retrouver les précieux grammes qu'elles ont perdus quand leur refuge strasbourgeois a été abattu.

C’est par pur hasard que cette colonie a été découverte au début de la semaine dernière. Ce sont des riverains qui ont donné l'alerte, après avoir repéré quelques chauves-souris mal en point autour d'un arbre fraichement coupé sur un chantier en cours.

Le soir même, des membres du Groupe d'étude et de protection des mammifères et d'Alsace (GEPMA) et de la LPO étaient sur place.

"On a vite compris qu'il s'agissait d'un site d'hivernage, mais cela a été une grande surprise d'en trouver autant", explique Cathy Zell, de la LPO cité par l'AFP.

Une situation semblable à celle d'un crash d'avion

Après avoir contacté les meilleurs experts, la LPO alsacienne a décidé d'accueillir les quelques 500 chiroptères très affaiblis et en grand danger. Une vingtaine d'entre elles sont déjà mortes.

"A ce stade, l'idée est de relâcher petit à petit celles qui auront retrouvé leur bon poids, qui devraient alors être capables de retrouver un site d'hivernage", explique Mme Perraud.

Laurent Arthur, spécialiste des chauves-souris, considère qu’il s’agit-là de "la plus importante découverte connue et documentée de noctules communes dans un arbre en Europe'. Il compare même la situation à celle 'd'un crash d'avion".

"Le plus urgent, c'est de porter secours au plus vite aux rescapés, mais ensuite, il faudra tirer les leçons de ce cas d'école", estime-t-il.

En effet, il souligne que, comme le montre parfaitement cet accident, "abattre un platane creux en hiver, c'est un peu une loterie. Toute une population régionale de noctules peut se trouver dans le même arbre. Pour abattre, il faut privilégier des périodes comme la fin de l'été ou le début de l'automne".

Par Emmanuel Perrin

(crédits photo : Suzel Hurstel - LPO Alsace)