Algérie

Planche : Ostrovski, le parrain et l'ennui Culture : les autres articles



Le théâtre du réel ne peut être plaisant que s'il est bien servi par le spectacle de scène. Jeudi soir, au Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès, le public du 7e Festival culturel du théâtre professionnel, devait résister quelque peu à l'envie de dormir devant une pièce pleine de platitude.
Pourtant, le texte est fort. Moudhniboun bi ghayri dhanb (Coupables sans l'être), une pièce montée par la troupe «La scène bleue» de Mostaganem et mise en scène par Mohamed Sabat, est une reprise de la pièce Innocents coupables du dramaturge russe, Alexandre Nikolaïevtich Ostrovski. Ecrite en 1881, cette pièce est restée presque inconnue en Europe. Pourtant, Ostrovski avait écrit une quarantaine de pièces et s'était exposé, dès le début de son 'uvre, après des études en droit et une longue fréquentation du milieu aisé des commerçants de Moscou, à la censure de Nicolas Ier.
Les pièces les plus célèbres d'Ostrovski, comme La forêt, Tableau de famille, L'orage, C'ur ardent et On n'évite ni le malheur ni le péché, se rejoignaient toutes dans la dénonciation de l'hypocrisie sociale, la fraude, la corruption, le vol...Halim Rahmouni a repris le texte d'Ostrovski avec l'idée d'évoquer le drame des enfants abandonnés dans un univers social impitoyable. Dans Innocents coupables, un couple se sépare après des moments d'amour. L'enfant qui est né de leur relation est abandonné, quelque part, sous une barrière. Le père devient riche après avoir épousé une dame de la bourgeoisie et la mère gagne en célébrité grâce à une carrière au théâtre.
En quête de son identité, le jeune se recherche au milieu d'un flot d'incertitudes et de questionnements. Malgré la densité du texte donc, la pièce n'a pas été à la hauteur de la dramaturgie. La scénographie manquait d'âme, le jeu des comédiens était moyen avec des erreurs à répétition dans la diction et l'absence de la structure temporelle. Le jour et la nuit ont disparu de la pièce. Prise de position artistique ' On en doute. Et, enfin, il y a ce choix inexplicable de la bande son du film Le parrain de Francis Ford Coppola.
La musique de Nino Rota est certes belle, gorgée de poésie, mais n'était pas du tout adaptée au contexte dramatique et historique de la pièce Moudhniboun bi ghayri dhanb. La musique a accompagné plusieurs scènes comme s'il s'agissait d'une série télévisée. Des intervenants au débat sur la pièce, organisé, vendredi matin, au sein même du Théâtre régional, ont estimé que le metteur en scène aurait pu choisir des extraits de l uvre de Tchaïkovsky ou Prokofiev, des compositeurs russes. «Nous avons repris en intégralité le texte d'Ostrovski. Nous avons essayé d'être le plus possible fidèles au dramaturge en reprenant un thème actuel. Il n'y qu'à voir ce qui se passe autour de nous avec des enfants nés sous X, des enfants abandonnés et d'autres kidnappés. C'est un texte réaliste, nous n'avons pas cherché le symbolisme», a précisé Halim Rahmouni, qui a assuré la scénographie et la reprise du texte classique russe.
Le dramaturge a défendu le caractère universel de la pièce d'Ostrovski. «Nous avons tenté de donner une petite touche algérienne à cette pièce. La plupart des comédiens sont des amateurs. C'est pour cela qu'on parle d'erreurs. Nous avons essayé d'adopter la méthode de Stanislavsky dans la mise en scène, en insistant sur les personnages»,a soutenu, pour sa part, Mohamed Sabat. «Tous les deux ou trois ans, la troupe, La scène bleue , se renouvelle. Et à chaque fois, nous essayons de faire jouer aux comédiens des textes classiques. Cela les aide à mieux entrer dans l'univers du théâtre», a appuyé Halim Rahmouni.


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