Algérie - Revue de Presse

Le problème de logement en Algérie, particulièrement dans les grandes villes, est connu. Entre les différentes formules de crédit pour extraterrestres, les prix aliénés des locations et la difficulté à devenir général afin de pouvoir bénéficier d?une série de logements par simple coup de téléphone au wali, les gouvernants ont lancé de vastes chantiers de construction comme l?AADL, la plus célèbre des stars du logement. Est-ce la solution ? Pas vraiment. Car il suffit d?aller à El Achour, Alger, pour comprendre le problème. La nuit, sur les centaines d?appartements, seules quelques lumières vacillent de bonheur retrouvé, qui indiquent que la plupart des logements sont vides et inoccupés. Dans ce bel ensemble AADL, l?immense majorité des logements est mise en location, entre 15 000 et 25 000 DA par mois, ce qui montre bien que les bénéficiaires de l?AADL sont en général des gens qui n?ont pas besoin de logements puisqu?ils n?y habitent pas. Mais ce qui est frappant, ce sont surtout les procédures administratives. Pour ceux qui ont déposé un dossier AADL et qui n?ont pas eu droit au fameux papier d?attribution écrit à l?encre de Chine, on leur donne un genre de reçu sur lequel il est marqué « PF », c?est-à-dire plan futur, euphémisme administratif qui explique que la demande est prise en compte et qu?un jour il y sera fait suite, dans un avenir indéterminé. Dans leur immense capacité à explorer le futur et la syntaxe, les autorités responsables sont allées encore plus loin puisque, pour ceux qui n?ont pas eu le droit à un logement AADL et pas même à un reçu « PF », ils ont inventé le reçu « PF2 », soit plan futur 2, qui dans l?ordre chronologique viendrait après le « PF1 », lui-même déjà un futur hypothétique. Si un reçu « PF » indique déjà que l?on a droit à rien, un reçu « PF2 » indique que le rien peut se conjuguer au futur. De quoi avoir peur de l?avenir.