Algérie

Plaisirs d'été



Plaisirs d'été
«Pour un plaisir, mille douleurs.» François VillonLes plaisirs sont peu variés! Chacun selon sa personnalité, sa culture et bien entendu, sa fortune a, dans la tête, les vacances qu'il aimerait bien passer, au moins une fois dans sa vie, si jamais il lui arrivait de mettre la main sur une partie au moins de cette satanée cagnotte de pétrodollars qui ne cesse d'enfler, d'enfler et d'enfler sans que cela produise un effet quelconque sur ce petit peuple que l'on accuse (à tort peut-être) de vivre sur le dos de Sonatrach et de ses associés...Si au moins tout un chacun avait un père qui aurait subi les effets bénéfiques de l'Indépendance et de tous les redressements qui ont suivi....Vaut mieux se taire: les rotatives ont des oreilles! Il vaut mieux rêver qu'on a gagné honnêtement au loto, sans avoir bénéficié d'un quelconque piston ou d'avoir hérité d'un lointain cousin d'Arabie Saoudite ou du Qatar qui, juste avant d'avaler son extrait de naissance après une crise d'apoplexie survenue au bord d'une piscine bien fréquentée, a laissé des actions douteuses dans une compagnie texane (de pétrole bien sûr!). Ou alors quand on n'a pas l'ombre de l'ombre d'une chance d'avoir ce cousin d'Amérique ou d'ailleurs, ou bien de posséder le génie d'avoir mis au point un brevet Sgdg que les multinationales s'arrachent à prix d'or (puisque le rêve est permis...).Revenons sur terre! En général, c'est après l'enfer d'une heure d'embouteillages qu'on peut accéder enfin aux mornes plaisirs de la plage: ceux qui doivent emprunter les aléatoires services de ces cars inconfortables qui datent de l'ancien régime, devraient réfléchir avant de tenter pareille aventure... Comme il fait beau et que les plages permises aux chiens et aux indigènes, sont surpeuplées quand elles ne sont pas polluées (quelquefois, elles sont les deux à la fois), il reste les plaisirs de la recherche d'un coin d'ombre et d'air frais. Mais les plages accessibles sont encombrées et chères, il faut faire un devis pour chaque sortie programmée et faire attention où l'on met les pieds: il faut que la logistique suive! Chaque centimètre de plage est occupé par des tables, des sièges et des parasols qui appartiennent à une bande de racketteurs qui n'ont pas eu un coup de pouce de l'Ansej... Comment ont-ils atterri là, quelle est l'autorité qui les coiffe' Autant de questions sans réponses qu'il ne faut pas se poser... Autrement, il y a les promenades nocturnes dans les villes de la côte où le tramway n'a pas encore semé le désert sur son parcours. Des municipalités audacieuses essaient d'organiser des concerts de variétés qui vont attirer sur la promenade du front de mer des familles entières soudées autour d'un patriarche débonnaire qui accepte de promener sa tribu au milieu d'une cohue sympathique composée d'émigrés qui ouvrent facilement leur porte-monnaie et qui sont à la recherche de leurs nostalgiques souvenirs d'enfance, quand ils avaient des problèmes d'intendance. L'autre plaie, ce sont ces adolescents en mal d'aventures amoureuses, qui, l'oeil aux aguets, prospectent dans la foule bigarrée et bruyante, le début d'une hypothétique idylle: le temps d'un regard rapide, langoureux et inquiet qui fait monter soudainement la température...Mais le jour en général ne tient pas les promesses de la nuit.Après la cohue de la promenade encombrée, il reste les terrasses des cafés où l'on sert à prix fort des crèmes glacées que des mémères avalent goulûment sous l'oeil toujours vigilant du patriarche qui protège sa nichée des regards agressifs des célibataires. Dans le salon de thé d'à côté qui a usurpé pour la saison le titre de khaïma, il n'y a que les gogos qui s'y aventurent... Reste pour le promeneur solitaire, partisan de rêveries romantiques, le bord de mer où des pêcheurs impénitents expédient clandestinement quelques bières bien fraîches au milieu de la rocaille. Là aussi, à l'air marin, se mêle le lourd parfum du joint.




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