Algérie

Plaidoyer pour une réelle socialisation du livre Les bonnes librairies s'éteignent faute de lectorat



Plaidoyer pour une réelle socialisation du livre                                    Les bonnes librairies s'éteignent faute de lectorat
Les bonnes librairies se raréfient en Algérie. Le constat émane, cette fois, du Directeur du département livre au ministère de la Culture. En vérité, la crise du livre remonte au début des années 1990. Voilà vingt ans qu'on ferme, dans l'anonymat et l'indifférence, les espaces de lecture, et on érige à la place des snacks et des restaurants. Le patrimoine public en la matière a été dilapidé. Faute de rentabilité commerciale, l'initiative privée peine à se frayer un sentier dans un environnement franchement hostile. Le lectorat s'est, conséquemment, réduit en peau de chagrin au grand dam des passionnés qui s'accrochent encore à cette noble mission d'instruction publique. L'école, qui encourageait autrefois la lecture, ne le fait plus. Dans les manuels scolaires, les coupures de presse se sont substituées aux beaux textes des grands classiques.Le récent projet, initié conjointement par les deux départements de l'Education et de la Culture pour réintroduire la lecture en milieu scolaire, faute d'un minimum de suivi et de sérieux, est tombé à l'eau. La généralisation de l'accès à Internet et l'émergence fulgurante de la télévision numérique ont complètement chamboulé les m'urs. On voit tout, tout de suite, mais on ne comprend rien. «Notre modernité fabrique, hélas, davantage de consommateurs-zappeurs interchangeables que de citoyens responsables, désireux de comprendre et de construire», regrette un historien français qui souligne, avec beaucoup de détails, les méfaits incommensurables du peu d'intérêt accordé au livre. Le lectorat est à la librairie ce que sont les supporters au football. Sans galeries survoltées, le sport roi serait un non-sens. Faute de lecture et de réflexion, les gens tendent à devenir des «immémorants» auxquels échappent la réalité des choses et des événements. Notre historien estime, et à juste titre, qu'il est quasiment impossible de déchiffrer l'actualité sans références historiques. «Comment situer les guerres d'Irak sans avoir entendu parler de la Mésopotamie '», s'interroge-t-il. Pourtant, beaucoup de confrères dans le monde en parlent sans rien connaître de l'une des toutes premières civilisations humaines. Souvent, ils ne parlent rien que pour parler !Les contraintes des derniers libraires encore en activité sont nombreuses, mais la problématique essentielle reste celle du lectorat. Auteurs, éditeurs, diffuseurs et libraires dépendent directement de cette donne centrale. Sans lectorat, toutes les librairies, bonnes ou moins bonnes, finiront par baisser leur rideau. Et, les hommes s'abrutiront immanquablement davantage. Il s'agit d'une mission de salubrité publique qui passe obligatoirement par une réelle socialisation du livre. On doit encourager la lecture à tous les échelons : à l'école, dans les bibliothèques, dans les transports en commun, dans les salles d'attente' partout. Le livre existe. Les bibliothèques aussi. Il suffit juste de réinstaurer cette saine tradition de la lecture. La famille, l'école, l'université et les centres de formation sont interpellés en premier degré. Les grandes entreprises, le dentiste du coin et le chauffeur de taxi peuvent aussi contribuer si l'on vient à les associer intelligemment à cette 'uvre de sauvetage. Les producteurs et les promoteurs du livre ont beaucoup de pistes à explorer dans ce sens. On imagine un partenariat entre les éditeurs et l'entreprise du métro d'Alger par exemple. On peut faire de même avec les entreprises de transport routier, l'ordre des architectes ou le syndicat des médecins généralistes. «Si les hommes lisaient un peu plus et mangeaient un peu moins, ils auraient des corps plus sveltes et des esprits plus fins», cette citation résume tous les bienfaits de l'entreprise.
K. A.


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