Algérie

Plaidoyer pour faire du «matreg» un sport authentique



Plaidoyer pour faire du «matreg» un sport authentique
Pratique traditionnelle au départ, le jeu dit «matreg» répandu notamment dans l'Oranie ambitionne de devenir un sport au sens strict du terme.Un sport de combat, dont les adversaires s'affrontent avec des bâtons, mais avec des règles et des techniques locales codifiées. La terminologie provient très probablement d'une déformation du mot français matraque. «Il y a déjà des initiatives, mais elles ont été prises par des sportifs qui ont introduit des techniques d'arts martiaux asiatiques, et ce n'est pas ce que nous voulons», précise Ahmed Belkallouche, président d'une association créée il y a deux ans et qui attend toujours son agrément. «Nous, association nationale algérienne du sport du matreg (Anaasm), avons présenté un dossier bien ficelé, car notre ambition est de faire en sorte que l'Algérie offre au monde un sport authentique issu de notre culture.» Le matreg a ses adeptes, même parmi la jeune génération, comme le prouvent ces tournois amicaux organisés çà et là dans les espaces publics à Oran et ailleurs.
Cela n'a pas toujours été le cas. Le jeu a été interdit pendant une dizaine d'années après l'indépendance, car l'outil (le matreg) était considéré comme une arme blanche, et il a fallu passer par plusieurs péripéties pour le faire accepter auprès des autorités. Les fondateurs, aujourd'hui âgés ou même disparus, ont bataillé pour organiser la discipline en fondant une fédération il y a plus de 37 ans. «Vers la fin des années 1970, même la Télévision algérienne avait commencé à s'y intéresser par l'intermédiaire des journalistes locaux, tels Miloud Chorfi et Mohamed Merzougui», indique Senouci El Miloud, autre membre de l'association, qui évoque les joutes qui s'organisaient, même si celles-ci portaient le cachet de «jeux traditionnels».
Parmi les anciens, Abdelkader Daoudi évoque également les dissensions au sein de cette fédération, pour signifier la difficulté à organiser une discipline finalement acceptée officiellement, mais dont les animateurs, ou même les praticiens, ne jouissaient d'aucun privilège. «Nous nous déplacions partout, notamment à l'ouest du pays, mais souvent à nos frais», ajoute-t-il. Le seul avantage est qu'on a fini par imposer des règles, autant pour l'arbitrage que pour l'entraînement, la formation et la graduation.
C'est sans conteste Guellal Morsli qui a joué un rôle important dans l'encadrement de cette pratique, au départ jugée anarchique et source potentielle de troubles à l'ordre public. «J'étais, se remémore-t-il, à la mouhafadha FLN d'Oran à l'époque de Tahar Laâdjal, Ali Riyahi et Saïd Bouhadja, quand nous avons décidé de mettre sur pied une commission de wilaya pour organiser cette discipline et la faire sortir de son aspect underground.» Plusieurs joutes ont été organisées, notamment à l'occasion de festivités commémoratives, comme celle ayant concerné le colonel Othmane.
«Nous nous réunissions dans des cafés à Mdina Jdida, mais une fois que nous avons obtenu l'agrément, les autorités locales, à l'époque du wali Merazi, nous ont attribué un local à la rue Maoued Ahmed (ex-Mirauchaux), et c'était juste après avoir, lors d'une AG constitutive, élu M. Berrahal comme premier président de cette fédération naissante», ajoute Morsli Guellal, le successeur choisi pour son expérience, car, étant employé à la Fonderie d'Oran, il était également représentant des travailleurs. Aujourd'hui, les animateurs de cette association veulent élever ce jeu à un rang supérieur et tous attendent un agrément pour pouvoir mettre en ?uvre l'ambitieux projet qui permettra le passage à une discipline sportive authentique.
«Pour l'obtention de l'agrément, nous nous sommes déplacés à Alger et avons sollicité le ministère de l'Intérieur, mais là, vu la mention ?'sport'' dans l'intitulé de l'association, on nous a orientés vers le ministère de la Jeunesse et des Sports pour nous délivrer un document afin de compléter le dossier», indique Ahmed Belkalouche, déplorant le fait que le cadre du MJS qui a reçu la délégation n'ait pas donné suite à la requête. Pourtant, ajoute ce dernier, «nous étions convaincants et notre projet a reçu un écho favorable, mais nous attendons toujours ce document qui nous bloque». Sans agrément, pas d'accès au financement public, ce qui entrave la concrétisation du projet. En parallèle, se désole-t-on, «les associations qui activent sous l'intitulé ?'Jeux traditionnels'' bénéficient de tous les avantages car elles sont agréées».


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