Algérie

Plaidoyer pour des formations pré-embauche: L'exode des ingénieurs inquiète



L'Etat algérien a consacré d'énormes investissements et des dotations financières considérables pour l'enseignement (tous cycles confondus) et pour la formation, au profit de ses enfants et ses jeunes. L'on compte une moyenne de 350.000 diplômés universitaires chaque année. Parmi ces diplômés des ingénieurs dont certains se sont spécialisés dans l'informatique.Bachir Tedjeddine, président du Groupement des acteurs algériens du numérique (GAAN) a affirmé, hier, en marge de la tenue de la 8ème édition de son forum «Rakmana», à l'hôtel Sofitel d'Alger, que 80 de ces ingénieurs quittent l'Algérie. Ils vont soit pour poursuivre leurs études ou pour trouver du travail dans un environnement qui répond à leurs attentes, notamment dans les pays occidentaux.
Les intervenants à ce forum qui ont débattu le thème «Emploi et formation au temps du digital» ont ainsi lancé un appel aux autorités pour mener des réflexions afin d'élaborer une stratégie avec les acteurs concernés. Et ce, pour trouver des mécanismes attractifs afin de préserver cette «matière grise». Fouad Dahak, directeur des relations externes des enseignants chercheurs à l'Ecole nationale supérieure d'informatique (ESI), a affirmé dans ce sens que l'Algérie a deux gisements importants qui peuvent servir l'économie et le développement du pays, «c'est l'agriculture et la ressources humaines».
D'où la nécessité d'investir davantage dans la technologie et le numérique. Car, dit-il, «la révolution digitale que nous vivons bouleverse plus que jamais les métiers et les emplois qui forment le monde du travail d'aujourd'hui et de demain». Il précise que selon les prévisions, l'on verra la naissance de nouveaux métiers du numérique d'ici 2030. D'où la nécessité de repenser le mode de formation et le rapport des pouvoirs publics et des gestionnaires d'entreprises avec le capital humain. Il dira que «nous avons la possibilité d'être une puissance en matière de développeur software». Selon le même intervenant, «nous avons 16 000 universitaires promus dans les ressources humaines alors qu'on a seulement 4000 universitaires promus en informatique. Pourtant, la formation des jeunes universitaires dans le domaine IT est le meilleur investissement pour l'heure actuelle», dit-il. En précisant que ces derniers peuvent devenir des développeurs soft sans que cela demande un fond financier important ou de la matière première comme c'est le cas pour certains secteurs, évoquant à titre d'exemple «le secteur automobile».
Le président du GAAN est revenu à plusieurs reprises sur la nécessité de maintenir nos ingénieurs pour qu'ils arrivent à servir leur pays et leur économie et stopper un tant soit peu ce problème d'hémorragie des compétences algériennes et plus spécialement des ingénieurs en informatique.
Certains sont allés, au cours des débats, à plaider pour favoriser des stages de formation de pré-embauche. D'autres ont évoqué la possibilité de mettre en place un dispositif de formation embauche au profit des universitaires Master 1 et Master 2, où la prise en charge de l'universitaire sera supportée en partie par l'entreprise ainsi que par l'Etat. D'autres ont estimé pour leur part que dans le domaine de la formation et l'emploi, le salaire n'est pas une fin en soi, il faut qu'il y ait de l'attractivité, la reconnaissance et un environnement attractif.
En matière de développement numérique, le président du GAAN a affirmé que l'Etat a consenti d'énormes efforts pour le développement des services numériques ces dernières années, «c'est une grande révolution, malheureusement sans vision», précise-t-il.
Il a cité dans ces sens l'introduction de la carte magnétique et la signature électronique. Et d'affirmer que la quantité d'internet consommée par le citoyen algérien est très importante, mais, regrette-t-il, «70% de cette consommation concerne les réseaux sociaux et YouTube, alors qu'il fallait réorienter cette consommation vers la création de services internet attractifs, plus bénéfiques qui servent à la fois la science et le savoir ainsi que le développement social et économique du pays».


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