Algérie - Plage Barbadjani	(Commune de Honaine, Wilaya de Tlemcen)

Plages de Sidna Youchaa et Barbadjan (Ghazaouet) «Baraka» et beauté cachée



Plages de Sidna Youchaa et Barbadjan (Ghazaouet) «Baraka» et beauté cachée


Plages de Sidna Youchaa et Barbadjan (Ghazaouet) «Baraka» et beauté cachéeA défaut d’infrastructures touristiques, la plage reste la seule destination qui attire le plus grand nombre d’estivants à la recherche d’un moment de détente, de calme et de repos, notamment en cette période de grandes chaleurs.


Dans la wilaya de Tlemcen, la plage de Sidna Youchaa, située à environ une quinzaine de kilomètres de Ghazaouet, demeure toujours un endroit presque «familial», accessible aux petites gens, et où le tourisme spirituel séduit encore. En effet, de par ses lieux de culte et de pèlerinage, la présence sur son territoire de plusieurs sanctuaires qui abritent des tombes de saints, la plage de Sidna Youchaa offre aussi un tourisme dans lequel les aspects religieux et spirituel ont une part importante.

Située en contrebas du mont de Trara, à environ 5 km de la commune de Dar Yaghomracen, dont elle est rattachée administrativement, cette station balnéaire fascine aussi par son authenticité et sa simplicité. Si l’on vient d’Elbor, le chef-lieu de la commune, on emprunte une route étroite et sinueuse accrochée au flanc du mont de Trara.

Ce chemin escarpé, tapissé de goudron antédiluvien, serpente à travers une forêt de pins d’Alep et un couvert végétal constitué principalement de genévriers et de romarin. L’odeur fleurie et très prononcée de ces deux plantes aux multiples vertus vous chatouille agréablement les narines.

La plupart des usagers de cette route, même si l’envie de faire trempette dans les eaux claires et limpides de Sidna Youchaa se fait pressante, ne s’empêchent pas de s’arrêter un instant pour récolter quelques branches de ces plantes médicinales recherchées pour leur efficacité contre plusieurs maux. Si l’on vient de Dar Bentata, c’est à Aïn Bentaghla qu’on fait une escale «thérapeutique» pour s’abreuver de ses eaux curatives, ou remplir gracieusement des jerricans et bouteilles pour la durée de la cure.

Aïn Bentaghla, cette source aux vertus miraculeuses, dont la réputation a dépassé les frontières de la région, ne désemplit pas en été comme en hiver. A longueur de journée, des hommes et des femmes venues d’un peu partout font la chaîne devant cette fontaine pour s’approvisionner de cette eau aux vertus thérapeutiques avérées.

Les habitants et les consommateurs de cette eau fraîche et légère sont unanimes à vanter son pouvoir miraculeux indéniable pour soigner les reins. Les deux chemins se rejoignent au niveau du pont Erriat et ne forment plus qu’un seul qui mène vers la plage. Quelques mètres plus bas apparaît une immense échancrure qui semble séparer la montagne en deux blocs et où baigne une belle plage de sable et de galets, de près d’un kilomètre, bordée de hautes falaises basaltiques. Là, on a l’impression que la montagne s’est retirée humblement de part et d’autre pour laisser passer la mer. Sidna Youchaa a changé ! Les assauts incessants de la mer ont laissé des traces largement visibles sur les façades délabrées des maisons qui bordent la plage.

Certaines, carrément abandonnées, travestissent malheureusement la beauté du site. L’homme aussi, de par son négligence et son insouciance, a fortement contribué à la défiguration de cette plage, autrefois magnifique. La plage de Sidna Youchaa a perdu de son charme, et la belle réputation dont elle jouissait s’est quelque peu flétrie. Aussi, la plage s’est beaucoup rétrécie et les estivants trouvent d’énormes difficultés à dénicher une petite place pour y planter leur parasol. Du côté est émerge un nouveau port de pêche de grande envergure. Sur la plage, les cafetiers se sont emparés des meilleurs endroits, en toute impunité, pour installer des tables et des chaises qu’ils louent aux estivants. Par ailleurs, de grands espaces sont occupés par de petites embarcations de plaisance. Face à cette situation des plus regrettables, les estivants ne manquent pas d’exprimer leur déception. Ils dénoncent fermement ces comportements déplorables et inacceptables qui ne semblent nullement déranger ceux qui ont la responsabilité de veiller sur leur bien-être et leur confort.

Ils s’accordent tous à dire que «Sidna Youchaa n’est plus Sidna Youchaa que nous avons connu autrefois». Ils désapprouvent aussi le tapage nocturne récurrent qui caractérise les nuits à Sidna Youchaa, autrefois tranquilles et paisibles. En revanche, côté spirituel, les habitudes sont restées intactes. Heureusement d’ailleurs, cette compensation permet aux estivants d’apprécier un peu leurs vacances. D’autant plus que le tourisme spirituel ne cesse de faire de nouveaux adeptes. Beaucoup de jeunes se mettent aux pratiques ancestrales, à la recherche de la baraka. Ce dévouement frénétique pour les saints se manifeste par ces visites incessantes de leur tombeau.

Peu après 18 heures, quand la température est plus clémente, les habitués de Sidna Youchaa empruntent ce petit sentier étroit creusé à flanc du cap Lalla Setti pour rejoindre le tombeau de la Sainte femme et implorer sa baraka. Cette procession de femmes, d’hommes et d’enfants, qui semble accrocher à la montagne, est un rituel qui rassemble les habitués des lieux. Le mausolée de Sidna Youchaa, le saint-patron du village, est aussi très visité. Nombreux sont ceux qui s’intéressent à l’histoire de ce saint, notamment depuis qu’une équipe de journalistes de la Télévison des Emirats arabes s’est déplacée jusqu’au village du saint pour le besoin d’une émission intitulée «Les terres des prophètes».

Les reporters émiratis ont constaté que la tombe gigantesque de presque 10 mètres de Sidna Youchaa est similaire à celle de l’autre Sidna Youchaa, enterré en Jordanie. Les familiers des lieux se rendent aussi presque quotidiennement à Barbadjani, une plage encore à l’état sauvage, à l’abri des déprédations de l’homme, car on ne peut y accéder que par mer. Là, vous pouvez profiter d’un paysage époustouflant et des odeurs fraîches de la grande bleue. La petite plage de Barbadjani se niche à l’ombre d’une grande falaise abrupte. Au pied du mastodonte, une grotte très spacieuse s’enfonce dans ses entrailles.

A l’entrée de la grotte, sur une plateforme surélevée, des tabourets en pierre disposés en cercle laissent penser qu’il y avait une grande table ovale au milieu. En s’enfonçant davantage dans la grotte, on y voit des tunnels qui descendent verticalement, probablement du sommet de la montagne, jusqu’à la grotte. Selon le P/APC de Dar Yaghomracen, ces tunnels serviraient de conduits pour transporter le marbre de Ziaten vers la plage, rapidement et sans danger. Selon toujours Boughazi Omar, cette éventuelle table, encerclée par des tabourets en pierre, servirait de base aux tailleurs de marbre. Des indices «archéologiques» qui témoignent de l’existence très ancienne d’activités commerciales et artisanales à Barbadjani. L’endroit est auréolé par une source d’eau douce où tous les visiteurs se désaltèrent. Ici aussi, le tourisme spirituel est très présent.

Cette grotte miraculeuse, très spacieuse, creusée dans la falaise, jouit d’un pouvoir miraculeux. Les femmes qui n’ont pas eu d’enfants s’y rendent pour demander la fécondité. Elles attendent à l’intérieur de la grotte qu’une goutte d’eau suinte de la roche et tombe sur leur tête. Et, de là haut, du point saillant de la falaise, Sidi Noun, le père de Sidna Youchaa, semble veiller sur cette belle et paisible plage qui nous offre un décor presque irréel.




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