Algérie

Placettes publiques



La détresse, l?ennui et le vide Mauvaises fréquentations, laisser-aller, insalubrité... les placettes publiques font peine à voir. Refuge de chômeurs, de SDF et autres laissés-pour-compte, elles n?invitent plus au repos et à la détente, comme autrefois. Placette de la Grande poste : deux jeunes adolescents, pieds nus, noirs de crasse, dorment à poings fermés sur des cartons posés à même la pelouse. A côté, un banc où sèchent des vêtements d?enfant. Ils appartiennent au bébé de Hanane, assise sur la pelouse son bébé dans les bras : « J?habitais à El Harrach avec mon mari. Puis un jour, il m?a chassée. C?est grâce à la charité des gens que je survis », nous confie-t-elle. Même cas pour Mahdia, alias Rosa, la trentaine : « J?ai tout perdu, ma maison, mon boulot. Je vis dans la rue et me sens en sécurité sur cette placette », nous dit-elle le vague à l?âme. Sur les autres bancs, mêmes visages tristes et fermés. Cette placette semble regrouper tous les damnés de la Terre, indifférents au brouhaha provoqué par les bulldozers et autres pelleteuses mises en branle pour les travaux du métro, en contrebas de la placette. Face à l?entrée supérieure de l?hôpital Mustapha, une placette très appréciée par les personnes du troisième âge. On y trouve principalement des retraités. Ils devisent ou lisent les journaux au milieu d?un sol jonché de pain rassis et de... fientes de pigeons. Ces volatiles, attirés par toute cette nourriture envahissent cette placette par dizaines. L?odeur de leurs déjections emplit l?air et donne le haut-le-c?ur. Quelques vieux vendent des cigarettes sur des étals de fortune. Ils ont l?air d?être habitués à ces drôles de colocataires. A quelques mètres de là, la placette située en face du cinéma Sierra Maestra (rue Ferhat Boussaâd) est clôturée pour cause de travaux. « Espérons que les vendeurs à la sauvette qui l?ont squattée nous privant pendant des années de nous y reposer, ne vont pas s?y installer lorsqu?elle rouvrira », s?inquiète un sexagénaire habitant le quartier. M. Mebarki, vice-président de la commune de Sidi M?hamed dont dépend cette placette, se veut plutôt rassurant : « Ce lieu reprendra bientôt sa vocation initiale, celle d?être un espace public et non commercial. Les travaux de réaménagement sont en voie de finition, » nous révèle-t-il. La placette, Liberté de la presse, de la rue Hassiba Ben Bouali, titre assez pompeux pour un espace des plus banals : quelques bancs sur lesquels sont affalés des marginaux, une fontaine sans eau où trône un énorme globe terrestre ! Une placette publique sans bancs, sans verdure, sans... rien, cela existe à Alger, elle fait face au siège de l?APW, à deux pas de la rue Ben M?hidi, cet espace qui jouxte un terrain (suite à la démolition de l?hôtel d?Angleterre), est désolant à regarder. Le soleil impitoyable y darde ses rayons. Aucun abri, aucun banc pour d?éventuels flâneurs désireux de reprendre leur souffle. Une placette occupée par des jeunes auto-proclamés gardiens de parking. Ils ont même poussé l?audace à installer des chaises pour ne pas trop se fatiguer, entre deux rackets (droit au stationnement). Cette placette dépend de l?APC d?Alger-centre, apprend-on. Dernière virée, la placette de la rue Robertseau (Télemly). Des cris d?enfants joyeux tranchent avec le calme environnant. Partie de football pour les uns, jeux de cache-cache pour d?autres. A l?autre bout de la placette, des petits vieux jouent aux dominos. Cette image idyllique est ternie par des fausses notes : la clôture des allées est arrachée, le bassin d?eau est à sec (hormis un liquide cloaque et nauséabond) et toutes sortes de détritus jonchent le sol. Quand aurons-nous des placettes publiques dignes de ce nom ?


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