Algérie

Place au génie des tractations



Mission difficile, dans laquelle s'engage, dès aujourd'hui, le président de la République. Il a pris sur lui, après avoir accepté la démission du gouvernement Djerad, d'engager personnellement «les consultations politiques avec les dirigeants des partis et les représentants des indépendants vainqueurs aux élections à la députation de l'Assemblée populaire nationale (APN)», rapporte un communiqué de la Présidence. Cette démarche qui consiste à tâter le pouls de la société politique au lendemain d'un rendez-vous électoral majeur n'a pas son précédent dans les annales de la République. Le prédécesseur de Abdelmadjid Tebboune, Abdelaziz Bouteflika, n'a jamais consulté les partis à l'issue d'un rendez-vous politique. Il laissait cette mission à son directeur de cabinet ou alors au président du Conseil de la nation. Ce changement dans les rapports à la scène politique qu'impose le style de la présidence Tebboune est majeur. La conception qu'il se fait des principales prérogatives du premier magistrat du pays est plutôt dans la proximité que dans un excès de verticalité. On se souvient, à ce propos, que le chef de l'Etat avait reçu l'ensemble des leaders partisans, sans tenir compte du poids supposé de l'un ou de l'autre. Les rencontres devaient préparer le terrain à la nouvelle Constitution, puis aux élections législatives. Les secrétaires généraux du FLN et du RND étaient reçus parmi d'autres et les deux formations politiques n'avaient pas bénéficié de plus d'égard.Depuis l'annonce des résultats des législatives, la donne a changé et l'on sait, dans la proportion du taux de participation aux élections 12 juin dernier, quels sont les partis qui pèsent sur le pouvoir législatif. Une précision essentielle au regard de l'institution présidentielle qui, dans son communiqué, note que les chefs de partis défileront au palais d'El Mouradia «selon l'ordre des résultats définitifs annoncés par le Conseil constitutionnel».
Il n'y a donc aucune nuance à attendre de l'attitude du président vis-à-vis
des forces politiques en présence. Jusqu'aux prochaines élections, les partis qui conduiront le pays sont connus et le président se plie aux choix des électeurs. De fait, le secrétaire général du FLN, Abou El Fadl Baâdji, sera le premier à fouler le parquet de la Présidence. Et ce, aujourd'hui même. Il sera suivi par des représentants de députés indépendants.
La troisième personnalité sur la liste des invités n'est autre que le président du MSP, Abderrazak Makri. Autoproclamé leader de l'opposition, mais enclin à faire partie d'un gouvernement d'union nationale, Makri voudrait un deale «gagnant-gagnant» avec le pouvoir.
Il ne vise pas moins que le perchoir de l'APN, comme «cadeau de bienvenu» dans le giron du pouvoir exécutif. Il n'est pas interdit de penser que lors de l'entretien qu'il aura avec le chef de l'Etat, cette ambitieuse proposition sera évoquée. Le président de la République qui, en même temps que tous les Algériens, a pris connaissance de «l'offre de service» du MSP, s'y sera, à n'en pas douter, préparé et même soulevé la question avec le FLN et les indépendants. Le RND, le Front El Moustakbel et El Bina qui figurent objectivement dans le lot des vainqueurs de ces élections, lesquels n'ont pas dégagé une majorité absolue, auront également leur mot à dire sur cette «curieuse» volonté de Makri de donner à son parti la présidence de l'APN. L'homme qui pronostiquait une majorité absolue de son parti aux législatives et se voyait Premier ministre, semble vouloir négocier un strapontin pour convaincre son madjlis Echoura de le garder à la tête du parti.
Mais il n'est pas dit que le pôle nationaliste accède à la demande du MSP, la contre-partie étant gigantesque. Aussi, le président de la République et les autres partis peuvent très bien s'entendre autour d'une majorité présidentielle. Laquelle peut élire un président de l'APN issu de ses rangs. Cela dit, personne ne peut jurer du résultat des consultations, d'autant que chaque parti voudra une présence remarquée dans le gouvernement et des portefeuilles «populaires». Et plus encore, Makri pourrait vouloir «viser le soleil pour atteindre la lune». Un gouvernement d'union nationale, même sans le MSP au perchoir de l'APN, pourquoi pas'


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