Algérie

Place à la compétition ! 45e édition du festival national de théâtre amateur de Mostaganem



Place à la compétition !                                    45e édition du festival national de théâtre amateur de Mostaganem
De notre envoyée spéciale à Mostaganem
Wafia Sifouane

Après une ouverture en grandes pompes, la compétition officielle de la 45e édition du festival national de théâtre amateur a été lancée, lundi dernier, avec deux représentations théâtrales. Données à la maison de la culture Ould A/Rahlman-Kaki, les deux pièces, dévoilées à un public fidélisé au fil des années, marquent le début d'une compétition serrée qui confrontera douze troupes représentant neuf wilayas du pays. Venu de la région d'Aïn Defla, l'association «Mohamed Touri» a ouvert la compétition avec la pièce «Oua sakata el kinâa» ou «Et le masque tomba !» Ecrite par Salah Eddine Khelifi et mise en scène par l'humoriste et comédien Kamel Bouaâakez , cette pièce relate les déboires d'un ambitieux créateur et passionné de théâtre, un metteur en scène qui tente, tant bien que mal, de bien faire son travail dans un milieu hostile. Exerçant dans un petit atelier longuement abandonné, le metteur en scène, animé de toute la bonne volonté du monde et ayant une vision utopique du domaine artistique, sera vite heurté par les exigences du producteur de sa pièce. Un producteur qui se veut très présent et qui donne son avis sur les moindres détails du spectacle, allant même jusqu'à en censurer quelques passages. Certainement inspiré d'un vécu, ce spectacle est une sorte de cri de détresse des créateurs qui voient souvent leurs libertés confisquées ou réduites par les bailleurs de fonds et même, parfois, leurs supérieurs. Drôlement actuelle, la pièce a cependant souffert de nombreuses imperfections dont le jeu moyen des comédiens qui avaient l'air essoufflés sur scène et pris par le trac. Après ce spectacle qui a donné échos à des avis mitigés, la troupe «Imuzar» de Tizi Ouzou a présenté, durant la soirée, sa pièce intitulé «SDF, mais'». Ecrite et mise en scène par Sid Ahmed Braoui, cette pièce, qui se veut être un véritable hymne à l'espoir, nous relate une aventure humaine à ciel ouvert. Deblet Layoun, Camora, Kiki, Hnech sont tous des jeunes rejetés par la société qui ont trouvé refuge dans une petite habitation de fortune devenue, par la force des choses, leur seule maison. Enfant né sous X, jeune diplômé au chômage, un fils unique auquel manque l'affection de ses parents, chacun de ces jeunes porte une blessure profonde en lui. Recueillis par le vaillant et bienveillant Fahd, ce mini groupe de sans domicile fixe fera évoluer en son sein une grande complicité entre ses membres et une amitié indéfectible. Malgré leur rude condition de vie, ces jeunes développeront un humanisme hors pair et cela en se montrant solidaires les uns envers les autres, même dans la plus pénibles des situations. Avec un master en poche, le surnommé El Khechkech (le cerveau) est un ancien de la bande. Fou amoureux d'une certaine Samia, il se verra vite piquer sa dulcinée par un riche commerçant. Pris au dépourvu, le jeune peut, heureusement, compter sur ses amis, les SDF, qui usent de tous les moyens pour éloigner son rival, à savoir le commerçant. Avec une imposante structure métallique sur scène en guise d'habitation, le metteur en scène a fait preuve d'une habilité hors du commun pour l'occupation presque totale de l'espace scénique. Avec des comédiens hilarants qui ont carrément séduit le public, une scénographie intelligente et un texte dépouillé, ce spectacle a redressé le barème de la qualité. Cependant on relèvera quelques lenteurs dans certains tableaux ainsi qu'un grand intérêt accordé à la symbolique et la morale comme si l'auteur du texte voulait à tout prix donner une conclusion toute faite au public, sachant qu'il est parfois préférable d'installer le doute et l'intrigue et laisser le spectateur deviner.
W. S.

Hommage à Kateb Yacine Sid Ahmed Agoumi, maestro !
Pour le 1er jour du festival national de théâtre amateur de Mostaganem, un vibrant hommage a été rendu au monstre de la littérature et du théâtre, à savoir l'irremplaçable Kateb Yacine. En effet et comme le prévoit le programme du festival, des hommages et durant toute la manifestation seront rendus à de grands hommes de théâtre, des hommes qui ont marqué l'histoire du 4e art et surtout fait l'âge d'or du théâtre algérien.
Pour ce premier hommage, le journaliste, auteur également dramaturge, Bouziane Ben Achour, est revenu dans une communication sur le parcours et le génie de Kateb et cela en dévoilant sa propre lecture de Kateb. Abritée par la salle rouge de la maison de la culture Ould A/Rahman-Kaki, cette conférence a donné l'occasion aux jeunes comédiens amateurs d'apprendre un peu plus sur cet homme qui a fasciné plus d'une génération et cela par la pertinence de sa plume. «Le théâtre que fait Kateb Yacine est un théâtre de provocation, un théâtre de l'insolence par excellence», déclare le conférencier en
ajoutant «Le théâtre katébien est un théâtre pensé en fractures esthétiques, nouvelles. Un théâtre en arabe dialectal qui a su gagner le public», précise M. Ben Achour.
Le conférencier reviendra égalment sur la pensée de Kateb en affirmant que l'auteur «s'est toujours refusé toute sorte d'élitisme et cela en façonnant un théâtre en mouvement, constant fruit du travail d' équipe», dit-il. Invité au festival, le monstre des planches, Sid Ahmed Agoumi, a rendu, pour sa part, un vibrant hommage à l'auteur et cela en interprétant, face aux présents, un passage du texte «Le cadavre Encerclé», plus précisément le personnage de Lakhdar. Maître incontesté dans son art, la prestation d'Agoumi a ému plus d'un. Lui-même en larmes après son passage, l'artiste n'a fait que dévoiler non
seulement son talent mais un texte fort poignant.


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