Algérie

Pistes identitaires



Pistes identitaires
Entre Fadhma N'Soumer et Ruptures, 32 ans d'écart et des similitudes.Dénommées Panorama du cinéma révolutionnaire parce que dédiées au film en rapport avec tout type de révolution, les Journées Cinématographiques de Mostaganem, célébraient cette année en leur 3e édition (15-20 nov.), le 60e anniversaire du 1er novembre. Parmi d'autres, une interrogation est venue à notre esprit à propos de deux films programmés : existe-t-il une différence fondamentale entre le tout récent Fadhma N'Soumer et Rupture réalisé 32 ans plus tôt ' Projetés à un jour d'intervalle, les similitudes entre le film de Belkacem Hadjaj et celui de Mohamed Chouikh sont apparues flagrantes, même si le premier est esthétiquement abouti et l'autre techniquement moyen.Fait notable dans la filmographie algérienne, l'un et l'autre portent sur des segments historiques autres que 1954-1962 (fin 19e siècle et années ?30). Le premier est une glorification de figures illustres de la résistance à l'invasion coloniale et le second un hommage à des anonymes représentatifs de «tous ceux qui ont tout abandonné pour se consacrer à une cause qu'ils estimaient juste», selon Chouikh.Ensuite, ils sont porteurs d'une quête identitaire, non pas seulement à travers une dimension ethnologique fréquente dans la filmographie algérienne, mais aussi à travers des idylles entre des guerriers (Boubaghla/Amar, un bandit d'honneur) et des bien-aimées également combattantes (Fadhma N'Soumer/Aïcha), enfin par la présence de l'incontournable aède.Dans les deux cas, on est en présence d'une société féodale confrontée à la colonisation, une société où émergent des individus en opposition avec certaines de ses règles mais en solidarité avec elle, en raison de la communauté de destin. Si le premier film affirme l'identité amazighe, l'autre met en exergue un autre élément de l'identité nationale, la culture populaire, elle aussi minorée après l'indépendance et déclinée par le melhoun, poésie qui rythme de bout en bout les deux films.Mais si par les décors et costumes, les deux ?uvres s'efforcent de reconstituer leurs époques avec une volonté quasi-documentaire, cet effort est moindre dans la vérité humaine des personnages. Trop dans la posture, ils sont désincarnés alors qu'il est question dans les deux films d'une histoire de c?ur qui aurait pu avantageusement corser l'intrigue.De manière générale, le cinéma algérien maintient ce type de relation affective dans la suggestion. Il reste corseté par des lignes rouges à ne pas dépasser qui font que les histoires s'effacent devant l'Histoire. Pour revenir à l'aspect identitaire, il tient probablement chez Chouikh à sa longue fréquentation d'Ould Abderrahmane Kaki dont il a été un des comédiens au sein de la troupe Masrah el Garagouz, vouée à un théâtre identitaire se revendiquant de la halqa.Dans toutes les ?uvres filmiques de Chouikh, mémoire, histoire et identité sont imbriquées pour comprendre le présent. Quant à Hadjaj Belkacem, dont le travail n'a pas été lié à la seule dimension amazighe, il soutient : «Le rapport au passé, à la mémoire et à la matrice culturelle de notre société est une préoccupation constante chez moi. Je vis et travaille au sein d'une société «amputée» d'une bonne partie de sa mémoire, de son passé, de ses repères?».




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