Pillage au nom de la démocratie

L'idée d'un Nouvel Ordre Mondial a été longuement rabâchée, traitée sous divers aspects, néanmoins, beaucoup peinent encore on a en saisir les enjeux. «Rien n'est plus futile que de vouloir jouer les prophètes», dit-on.En dépit des analyses et des anticipations qu'on lit ça et là, d'aucuns savent pertinemment qu'il est impossible de prédire l'avenir ; encore faudrait-il savoir approximativement où nous allons. Pour cela, faudrait-il peut-être scruter le passé et essayer de comprendre le présent ' Banal, rétorqueraient certains; mais c'est loin d'être évident. A examiner de près les bouleversements qui secouent les différentes régions du monde, on pourrait avancer sans ambages que tout est fait pour empêcher l'opinion de saisir ou d'interpréter convenablement ce présent, susceptible d'apporter un nouvel éclairage dans le déroulement vertigineux des événements et des mutations auxquels nous assistons. Tout est fait pour dissimuler à l'opinion les rapports qui régissent les forces en présence. Tout est fait pour lui cacher la nature de ces forces, voire même leur simple existence. Les instruments de persuasion de l'opinion sont plus puissants et plus sophistiqué que jamais. Leurs exécutants ? qu'ils soient conscients ou, le plus souvent, inconscients - sont légions. Les instigateurs de ce Nouvel désordre ne se contentent pas de grimer l'histoire, ils falsifient aussi invariablement l'actualité. A quels desseins ' L'histoire nous dévoile que derrière chaque action belliciste se cachent des intérêts économiques. Les éternelles rapines, qui se propagent à grande échelle, les tenants et les aboutissants de cette déprédation politique tributaire à son tour d'un totalitarisme idéologique et des multiples transmutations culturelles dont les conséquences avérées ne peuvent déboucher que sur la barbarie à laquelle nous assistons quotidiennement au nom d'une prétendue défense des valeurs démocratiques. Les récents conflits qui ont touché l'Afrique sont les meilleures preuves de cette politique au service des multinationales. Un pillage au sens propre du terme. Le mythe de l'aide aux pays en voie de développement est un chapitre en soi, presque aussi vieux que le sous-développement lui-même. Tout a été dit sur la question : le colonialisme et ses séquelles, le pillage des ressources, les crédits qui tuent, le rôle criminel du FMI, de la Banque mondiale, de l'OMC, la corruption des «élites» locales, etc. Dans cet univers orwellien, ce mouvement, pour s'imposer, s'accompagnerait d'une régression généralisée. Toutes les avancées, toutes les conquêtes, tous les progrès réalisés grâce aux innombrables luttes de ces cent cinquante dernières années doivent impérativement être effacés, annihilés, éradiqués - avant d'être tout simplement oubliés, évacués de la mémoire individuelle et collective. Ainsi, assisterions-nous à un processus complexe, en cours de réalisation, sans agenda public, difficile à maîtriser et dans une certaine mesure aléatoire, car, il peut même échapper à ses initiateurs.