Algérie

Pièces de monnaie et emballages : l'autre menace



Avec la réouverture de la quasi-totalité des commerces, la vigilance des citoyens s'est grandement émoussée. Ni les commerçants ni les ménages ne font plus attention aux consignes données par les scientifiques. Pourtant, le virus du Covid-19 sévit toujours et peut justement se cacher n'importe où, là où on l'attend le moins, et s'accrocher à toutes les matières, particulièrement les billets de banque, les pièces de monnaie et les emballages. La prudence et l'hygiène restent de mise.Rym Nasri ? Alger (Le Soir) ? Au début du confinement sanitaire de la population en Algérie, la plupart des commerçants autorisés à rester ouverts, notamment les épiciers, les boulangers et les pharmaciens, ont instauré quelques règles d'hygiène. D'abord, l'accès à leurs magasins était restreint à quelques clients au même moment, voire interdit chez certains d'entre eux. Bloquant l'entrée de la boutique par un comptoir, ces derniers ont préféré servir eux-mêmes leur clientèle. D'autres ont carrément mis en place une bâche plastique transparente et épaisse, suspendue à l'intérieur du magasin, afin d'empêcher les clients d'atteindre le comptoir et les étagères. Leur marchandise était ainsi à l'abri du toucher des nombreuses personnes qui se présentaient à longueur de journée devant leur commerce. Les pièces et les billets réceptionnés étaient systématiquement désinfectés à l'eau de Javel. Une étude a justement révélé que le nouveau coronavirus peut vivre sur le cuivre, qui compose par exemple les pièces de monnaie, jusqu'à quatre heures. Sur du carton, sa durée de vie pourrait atteindre 24 heures, tandis que sur du plastique ou de l'acier inoxydable, il pourrait subsister jusqu'à deux ou trois jours. «Je ne laisse personne entrer dans la boulangerie. J'ai dû pousser le comptoir jusqu'à la porte du magasin pour bloquer l'accès, sur lequel les clients sont servis. Je désinfecte la monnaie que j'utilise la veille. Les pièces de monnaie reçues par les clients sont automatiquement plongées dans un récipient plein d'eau de Javel, alors que les billets sont mis dans un sac plastique à l'écart, avant qu'ils ne soient désinfectés plus tard», explique Salima, boulangère sur les hauteurs d'Alger. De leur côté, les ménages aussi étaient à cheval sur l'hygiène des produits achetés. Certains isolent leurs achats pendant quelques jours dans le couloir, le balcon ou la véranda, le temps explique-t-on, «que le virus se dégrade et que le risque de contamination s'estompe».
Les emballages, le grand danger !
Femme au foyer, Djawida, a opté pour la mise en «quarantaine» de ses courses. «Je laisse tous les produits achetés à l'écart, dans un coin à l'entrée de l'appartement pendant quatre jours. Je ne récupère que les fruits et légumes pour les désinfecter avec de l'eau Javel avant de les rincer à l'eau. Je les essuie, puis je les mets dans des bacs disposés à l'air libre, jamais au frigo, car les températures basses préservent le virus», précise-t-elle.
Plus méticuleuse, Nadia n'exclut aucun produit provenant de l'extérieur. Clés, argent, courses, chaussures,... bref, tout est désinfecté à l'entrée de la maison. Démobilisée dès le début du confinement, cette fonctionnaire prend tout son temps pour désinfecter tous ses objets. Les courses, elles, sont passées au peigne fin. «Les fruits, les légumes, les packs d'eau minérale, les boîtes de conserve, les sacs de pâtes, les briques de lait, les pots de yaourt, tout doit passer au chiffon imbibé d'eau de Javel avant que tout ne soit rangé à sa place», note cette mère de famille. Signe d'un usage exagéré de ce produit détergent, Nadia s'est retrouvée quelques jours plus tard, avec une irritation de la peau des mains. Ce problème dermatologique ne la dissuade pas pourtant à lâcher prise. Elle a tout de même continué à désinfecter l'intégralité des courses, mais cette fois-ci, en utilisant des gants en caoutchouc. Face à la phobie de contamination au coronavirus, Karim, la cinquantaine, lui, est plutôt maniaque. Outre la désinfection de tous les fruits et légumes, des emballages et des autres produits alimentaires, ce père de famille n'hésite pas à passer le pain acheté chez le boulanger au four pendant quelques minutes. «Les baguettes de pain et les croissants ont été touchés par le boulanger, celui qui les a transportés du four aux étagères de la boulangerie, et celui qui me les a remis au comptoir. Je mets donc ces aliments au four à 200°C durant deux minutes afin de tuer le virus», témoigne Karim.
Le relâchement
Avec la levée graduelle du confinement, la majorité des commerces ont aujourd'hui, repris du service. Seulement, la plupart d'entre eux ont baissé la garde et ignorent les consignes des spécialistes. Les gestes barrières sont bafoués et les opérations de désinfection des pièces de monnaie, pourtant susceptibles de véhiculer le virus du Covid-19, ont cessé. Un relâchement qui a également affecté les règles à l'intérieur de ces magasins. Désormais, les clients y circulent à leur guise et sont nombreux à toucher les marchandises, à prendre des produits, à les reposer... Des gestes qui augmentent justement le risque de contamination à ce virus. D'ailleurs, la plupart des commerces ne désinfectent plus leurs caddys après chaque utilisation. Pourtant, le Sars-Cov-2, responsable du Covid-19, sévit toujours et peut être transporté via les matières, particulièrement l'argent et les emballages.
Ry. N.


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