Pièce théâtrale Rabie ennissa : Féminisme et péché originel

Pour son nouveau spectacle monté pour le compte du TR Annaba, Rabie ennissa, Moulay Miliani Mohamed Mourad est revenu à son dada durant sa période amateur : l'écriture dramatique.Il s'y est remis cette fois en fos-ha, en y injectant une bonne dose de belle prose et de poésie, sauf qu'il s'agit d'un théâtre déclamatoire. Tout y est en envolées lyriques et en monologues, il pèche par l'emphase. Point de vrais dialogues, les ch?urs, coryphée et narrateur s'entreposent.
On n'est ni dans le théâtre dramatique ni épique. Les qualités littéraires du texte sont indéniables, mêlant brio du verbe et richesse lexicale, sauf que parfois le niveau fléchit au point qu'on se demande si on a vraiment affaire au même auteur. Pourtant, le prétexte ne manque pas d'intérêt.
Eve est présentée à différentes époques aux côtés d'un Adam du moment, l'idée étant d'asserter que sa situation de personne minorée socialement remonte à la nuit des temps. Et d'appeler à un printemps des femmes. A un moment, Eve lance (citation approximative) : «Pourquoi suis-je née femme '»
C'est sur le plan de la mise en scène que Mohamed Mourad prend le dessus sur l'auteur qu'il est. En matière de direction d'acteurs, il y a des faiblesses, ses comédiens hurlent constamment. Ils ne respirent pas leur texte, n'amenant aucune émotion là où elle est inscrite dans les situations.
Pour le reste, le metteur en scène a recours aux mêmes procédés qu'il affine de spectacle en spectacle. Le rythme est parfois trépidant, soutenu par une musique et un bruitage d'atmosphère.
Le décor et les costumes contrastent en deux couleurs, le blanc et le noir. Enfin, dans l'occupation de l'espace, il y a une vraie esthétique de la composition d'image, celle du regard du photographe, jouant de l'avant et arrière-plan ainsi que des côtés cour et jardin.