Algérie

Photographie : la fantasia, au-delà de l'exotisme Oran : les autres articles



Leila Boutamine Ould Ali a réussi son pari de monter une exposition d'art dynamique consacrée entièrement à la fantasia.
Un des halls reliant l'hôtel Méridien au Centre des conventions d'Oran a été aménagé, mercredi soir, à l'occasion des célébrations du 1er Novembre, pour accueillir une quinzaine de planches mais aussi plusieurs projections murales autour du même thème. Un accompagnement sonore, des airs de «gasba» mêlés au baroud, aux hennissements et aux bruits du galop rehaussent cette «installation». En étant indulgent face à certains éclairages pas tout à fait adéquats, le visiteur se trouve d'emblée plongé dans cette atmosphère à laquelle il ne manque que les odeurs. Cet aspect était effectivement prévu au programme par le biais de diffuseurs d'air imprégné des senteurs spécifiques mais n'a pas pu être pris en charge pour ce premier coup d'essai.
Leila est en réalité diplômée d'HEC Genève mais a suivi une formation artistique qui lui a permis de se lancer dans la décoration intérieure avant de mettre ses talents au service de la photographie. Elle a eu un coup de c'ur pour l'équitation traditionnelle, celle pratiquée en Oranie, plus particulièrement à Sidi Mhamed Benaouda (wilaya de Relizane), prochaine étape de cette exhibition. Il y a quelque part une dimension exotique dans la fantasia, accentuée par le choix de cet hôtel ultramoderne, loin des grands espaces steppiques mais le regard que porte l'artiste vient de l'intérieur et elle en est consciente.
«En général, le monde de la fantasia est très coloré mais moi, j'ai utilisé des filtres spéciaux pour atténuer (sauf si le détail coloré est pertinent) cette tendance afin d'axer sur l'essentiel», explique-t-elle. Par essentiel, on devine un travail sur le mouvement, les postures et la dimension humaine de cet art ancestral qui se transmet encore de génération en génération comme le démontre la juxtaposition des cavaliers jeunes et moins jeunes. L'artiste fait également en sorte de ne pas trop extirper les scènes qu'elle photographie de leur contexte réel en montrant souvent, en arrière plan, les décors naturels du lieu de la fantasia (barrières métalliques, maisons inachevées propres à la région, etc.).
Les projections murales, animation synchronisée d'un ensemble de photographies, prolongent les idées de mouvement suggérées dans les tableaux statiques et cette complémentarité donne un cachet particulier à l'ensemble. On est en même temps pris dans la course tout en ayant la possibilité de s'immobiliser sur un moment précis. Toute proportion gardée et sur un autre registre (cinéma), cette idée nous renvoie au travail effectué par William Klein dans son film consacré au PANAF de 1969 et sa belle séquence sur la fantasia lorsqu'il use de l'effet d'un ralenti très lent pour mettre en valeur cette dualité espace-temps. «J'ai, indique l'artiste, beaucoup de sollicitations pour l'étranger mais j'ai préféré d'abord montrer mon travail en Algérie, même si notre pays manque d'espaces d'expositions pour la photographie en général et ce genre de travaux en particulier».


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