En écho à de nombreux témoignages et alertes lancés par des producteurs de dattes de la wilaya de Biskra et d’autres wilayas phoenicicoles signalant d’importants foyers d’infestations de Boufaroua dans leurs palmeraies, la représentation du Sud de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) a émis un communiqué dans lequel sont interpellés les intervenants locaux et les plus hautes autorités de l’Etat afin d’appréhender la juste mesure de ce fléau planant sur les palmeraies et à y répondre par l’adoption d’un plan de lutte urgent et la mobilisation de moyens conséquents pour mettre un terme à la propagation de ce parasite «pouvant lourdement hypothéquer la production de dattes avec toutes les graves conséquences sur ce créneau qui sera dérégulé par la baisse de la production de dattes pressentie et sur des centaines de familles, d’ouvriers agricoles et d’investisseurs qui se retrouveront sur la paille», est-il souligné.
Le Boufaroua ou Oligonychus afrasiaticus, parfaitement connu par les agriculteurs et les techniciens de l’agriculture dans le sud du pays, constitue le principal parasite du palmier dattier. C’est une espèce d’acariens de la famille des Tetranychidae répandus en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Son végétal hôte de prédilection est le palmier dattier où cet arachnide minuscule recouvre les baies en maturation d’une toile grisâtre avant d’y pondre ses œufs gâtant définitivement les régimes infectés. Le moyen le plus efficace d’éradiquer ce parasite est un traitement appliqué consistant à épandre au sommet des stipes un composé de souffre en 3 opérations consécutives et cela à des dates précises et selon des critères de sélection des régimes à traiter en priorité.
La phoeniciculture est un secteur important de l’économie des wilayas du Sud.
Considéré comme un pôle national de la production agricole, la wilaya de Biskra compte 4,2 millions de palmiers dattiers, dont 60% de la superbe, mais sensible variété Deglet nour, «qui risquent d’être complètement non-comestibles cette année si des mesures ne sont pas prises pour stopper la prolifération de Boufaroua dans les palmeraies», s’inquiète-t-on dans le document cité.
Cette année, le Boufaroua s’est propagé à des rythmes inaccoutumés. De nombreux producteurs de dattes utilisent leurs moyens propres pour parer comme ils le peuvent contre cette calamité, mais le taux d’infestation progresse inexorablement, semble-t-il.
- UN CLIMAT FAVORABLE
«Cette année, la longue période de fortes chaleurs et la sécheresse ayant sévi dans les Ziban-Est et les Ziban-Ouest aux mois de juin et de juillet comme sur tout le sud du pays a favorisé la prolifération de Boufaroua dans des dizaines de palmeraies des régions phoenicicoles d’Algérie. Nous craignons la survenue d’une autre catastrophe sanitaire concernant cette fois les richesses phoenicicoles qui mettra à bas une filière agricole cruciale pour la vie économique nationale. Nous tirons la sonnette d’alarme tant que la situation est encore maîtrisable pourvu que très vite des produits acaricides soient disponibles, des moyens mobilisés et des interventions planifiées selon une stratégie de lutte adaptée à ce parasite. Il va de la survie des habitants du Sud et de l’avenir de l’agriculture saharienne. La Présidence a été avisée et nous escomptons des réactions immédiates des autorités locales et de la direction de l’agriculture et du développement rural de Biskra et des autres wilayas infectées par ce mal afin de sauver la production de dattes en proie à l’un des parasites les plus dangereux du règne végétal», a indiqué Abdelmadjid Khobzi, président du bureau du sud de l’ANCA.
Les agents et les techniciens de l’Institut national de protection des végétaux (INPV) de Feliache à Biskra interviennent effectivement pour épandre des produits anti-boufaroua sur les palmeraies, mais leurs interventions sont insuffisantes pour répondre à la forte demande, est-il relevé.
A noter que l’INPV est un organisme public chargé, comme son nom l’indique, de mener des actions visant à prémunir les végétaux et les périmètres et les exploitations agricoles de toutes les atteintes possibles.
Avec les moyens restreints dont l’INPV dispose et les opérateurs privés soumissionnaires spécialisés dans le domaine phytosanitaire, il n’y a que 10 à 20% des palmiers dattiers qui sont traités contre la prolifération de Boufaroua, a-t-on appris. C’est pourquoi les membres de l’ANCA et tous les producteurs de dattes réclament plus de moyens et des aides publiques pour éradiquer ce ravageur des palmiers dattiers dont la production 2021 sur laquelle repose un important pan de l’économie locale et du pays est en péril, craint-on à l’unisson.
Hafedh Moussaoui
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Posté Le : 25/08/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Hafedh Moussaoui
Source : elwatan.com du lundi 23 août 2021